La Chanson de l’Éléphant (Critique | 2016) réalisé par Charles Binamé

La Chanson de l’Éléphant (Critique | 2016) réalisé par Charles Binamé

Synopsis : " À la veille de Noël, la disparition soudaine du docteur Lawrence provoque une onde de choc dans l'institution psychiatrique où il exerce. Le directeur, le docteur Green, veut éviter que la nouvelle devienne publique, car l'hôpital a été récemment au centre d'un scandale. Il entreprend alors de questionner Michael, un jeune homme en traitement qui est le dernier à avoir vu le médecin. Malgré l'avertissement de l'infirmière en chef qui connaît mieux que quiconque le patient, celui-ci entraîne Green dans un jeu psychologique qui le trouble profondément. "

Vous connaissez Xavier Dolan metteur en scène. Tom à la Ferme, Laurence Anyways ou encore Mommy pour ne citer qu'eux. Vous le connaissez également en tant que scénariste, chef monteur ou chef costumier sur ces mêmes productions, dont il était également producteur. Du haut de ses 27 ans, ce jeune homme touche à touche et tout ce qu'il touche semblent se transformer en or. Que l'on aime ou non le cinéma qu'il produit, on ne peut qu'admirer son talent et sa capacité à toucher à tout. Cette fois, c'est bel et bien en tant qu'acteur et uniquement acteur qu'on le retrouve dans le film Elephant Song, traduit littéralement chez nous par La Chanson de l'Éléphant. Réalisé par un habitué des séries télévisées, à savoir le Belge Charles Binamé, La Chanson de l'Éléphant est un huis clos dramatique dans lequel Xavier Dolan se voit confronté à Bruce Greenwood et Carrie-Anne Moss. Un film qui va sortir dans le secret le plus total face à des gros blockbusters estivaux, mais qui pourrait bien mériter votre attention.

La Chanson de l'Éléphant est la première adaptation cinématographique de la pièce de théâtre The Elephant Song écrite par Nicolas Billon. Nicolas Billon qui a supervisé cette adaptation par le biais de son scénario qu'il a lui-même écrit. Ce n'est pas la première fois qu'un huis clos théâtral se retrouve être adapté au cinéma. On se souvient dernièrement de Carnage ou encore de La Vénus à la Fourrure, tous deux réalisés par Roman Polanski. Des films respectivement nerveux et envoûtants grâce à un réel travail cinématographique dans la mise en scène et la réalisation. N'est pas le réalisateur de The Ghost Writer et du film Le Pianiste qui veut. Ayant travaillé dans le domaine de la télévision tout au long de sa carrière, Charles Binamé va user des mêmes codes afin d'adapter le scénario écrit par Nicolas Billon. Une réalisation plate qui va se contenter de capter des regards, des gestes... les moindres mouvements et transcriptions d'état émotionnel des personnages. C'est lent et cette réalisation très télévisuelle, car simpliste et sans audace ne va en aucun cas porter le film. Ça va lui en porter préjudice, car l'on retiendra de ce film qu'il est doté d'une technique très télévisuelle et pas d'une bonne, car simpliste et dénuée de la moindre fulgurance. Cependant, le film n'en est pas mauvais pour autant.

La Chanson de l’Éléphant (Critique | 2016) réalisé par Charles BinaméLa Chanson de l’Éléphant (Critique | 2016) réalisé par Charles Binamé

Adaptation de la pièce de théâtre éponyme, La Chanson de l'Éléphant s'avère être un film, qui à défaut d'éblouir votre rétine vous emmêlera le cerveau. Qui contrôle qui et faut-il réellement croire ce que dit Michael incarné par Xavier Dolan ? Contextualisation faite, le scénario se lance très rapidement dans un jeu psychologique entre les deux personnages principaux. Un scénario qui mise tout sur ses rebondissements et essentiellement sur le personnage de Michael. Un personnage très mystérieux, capable du meilleur comme du pire. Personnage qui va faire face au stéréotype même du personnage responsable, droit et qui va tout faire pour avoir le fin mot de l'histoire. Une confrontation intéressante grâce à deux acteurs de talent qui nous prouvent qu'avec un scénario bien écrit et de bonnes lignes de dialogues l'on peut réussir captiver le spectateur. Quelques bonnes idées de mise en scène vont réussir à implémenter les situations (personnage qui paraît plus imposant que l'autre, l'un recroquevillé sur lui-même apeuré face à l'autre...), faisant tendre le ressenti du spectateur vers une manipulation réalisée par Michael ou non. L'histoire de ce film est extrêmement simple, les décors sont minimalistes, mais l'écriture fait que l'on souhaite savoir la finalité, savoir s'il s'agit d'une manipulation ou non et qui était vraiment ce docteur Lawrence. Un personnage qui nourrit le récit, central à ce dernier, mais inexistant. C'est ce personnage toujours hors champ et invisible de tous, qui va permettre d'en apprendre plus sur Michael et le pourquoi de ses agissements.

En Conclusion :
La Chanson de l’Éléphant (Critique | 2016) réalisé par Charles Binamé

La Chanson de l'Éléphant est un huis clos dramatique intimiste, intéressant à défaut de marquer les esprits. Le film aurait mérité d'être écourté, de gagner en nervosité dans son montage et de voir sa réalisation être plus audacieuse afin de happer le spectateur au cœur de ce jeu psychologique. Mais encore une fois il va être sauvé par son histoire, ainsi que ses deux acteurs principaux qui s'en donnent à cœur joie dans cette chasse à l'homme faite uniquement de confrontations verbales. Un Bruce Greenwood impartial et un Xavier Dolan tourmenté et manipulateur portent ce film, mettant en avant un scénario minimaliste, mais dont chaque élément s'avère maîtrisé et dont chaque détail va être utile afin de pouvoir faire avancer l'enquête et dévoiler la psychologie du jeune Michael.