[Direct-to-Vidéo] Code of honor, Seagal à nouveau VRP de la NRA

Publié le 23 juillet 2016 par Rémy Boeringer @eltcherillo

Quand nos collègues de Cinetrafic nous ont proposé de voir Code of Honor, sorti le 24 juin 2016, directement en vidéo (peut-être la preuve de l’existence de Dieu pour le coup), dernier forfait de Steven Seagal, réalisé par Michael Winnick, on a tout de suite accepté en soulignant, goguenards, qu’on aimait se faire du mal avec des bons nanars. On ne croyait pas si bien dire…

Le Colonel Robert Sikes (Steven Seagal), de retour d’Irak et d’Afghanistan, a perdu sa femme et son fils pendant qu’il était en mission. Il décide de nettoyer la ville de Salt Lake City de la criminalité et pour cela n’hésite ni à faire justice lui-même ni à utiliser des moyens militaires. William Porter (Craig Sheffer), un ancien camarade se lance à sa poursuite.

Robert (Steven Seagal)

Avatar réactionnaire du cinéma Z américain, Steven Seagal ne dévie pas de sa route. Sa filmographie pléthorique, à raison de plusieurs productions par an, s’étoffe donc d’un nouvel objet cinématographique. On n’ose pas l’affirmer, d’un nouveau film. A ses côtés, un autre habitué des coins les plus obscurs des vidéoclubs, Craig Sheffer lui donne la réplique. Peut-on d’ailleurs parler de répliques ou devrait-on dire logorrhée ? Les deux compères parlent peu mais devraient s’y tenir. On ne sait plus trop s’il faut rire ou pleurer avec ce Code of Honor. Certain nanars sont tellement alambiqués et à côté de la plaque qu’ils en deviennent cultes par risibilité mais celui-ci se prend tellement au sérieux que ses défauts l’empire sans lui donner de cachet. Pourtant tête d’affiche, Steven Seagal donne la désagréable impression de multiplier les caméos plutôt que de participer vraiment. L’intrigue principale du film repose donc en grande partie sur les paradoxalement frêles épaules de Sheffer. Du côté de celle-ci, rien que de très banal si l’on considère une histoire de vigilante se vengeant d’un drame personnel en se donnant des justifications citoyennes et patriotiques. S’opposent deux visions du monde judiciaire, celle d’une justice raisonnée, et celle d’une justice sponsorisée par la National Rifle Army, style « bijoutier de Nice ».

Detective James Peterson (Louis Mandylor)

Sous couvert de défendre les libertés fondamentales, au rang desquels est hissé en première place la sécurité des biens et des personnes, voilà que le seul moment où Seagal s’exprime est là pour faire l’apologie du port d’arme et de la justice personnelle, de la peine de mort et des exécutions sommaires. Sans autre forme de procès, ceux qui transgressent ces valeurs sont forcément des lâches. Code of Honor est sur le fond, un ramassis de discours trumpiste donnant la nausée mais ne démarque pas plus par la forme. Il faut attendre la toute fin du film pour avoir un minusculement court et ridicule combat martial. Le reste de l’action étant surtout basé sur les manières d’amoureux transi avec laquelle Winnick film les divers fusils d’assaut, protagonistes à part entière. Même si l’on en rit sur le moment, les nombreux fonds verts dont on pourrait presque touché la substance sont surtout terriblement cheap et moches. Les méchants sont caricaturaux en tout point et nous ferons poilés en oubliant leurs accents. Restera sûrement, au milieu de ces galimatias, une scène hallucinante, presque audacieuse, franchement géniale, inimitable, où Sheffer se bat en restant collé à sa chaise de bar, persuadé qu’elle est piégée… Même si le dénouement de la scénette comique est transparent.

Keri Green (Helena Mattsson que l’on a vu dans American Horror Story) et William Porter (Craig Sheffer)

N’affrontez jamais Code of Honor tout seul, saisissez une caisse de bière et appelez-vos meilleurs potes. Seul l’ivresse et les commentaires grivois de vos amis pourront rendre l’expérience agréable. C’est les seuls conseils que l’on puissent raisonnablement vous donnez. Et aussi : méfiez-vous des mormons qui, à hauteur de huit millions, ont contribué à financer cette gênante propagande.

Boeringer Rémy

Retrouvez ici la bande-annonce :