Devez-vous voir Independence Day : Resurgence en relief ?
Rolan Emmerich est de retour à la caméra, et il a ramené les aliens avec lui, puisque c’est de la suite d’un des nanars les plus cultes du septième art dont il s’agit, le bien nommé Independence Day.
Pour ceux qui ne connaissent pas le réalisateur et son style, imaginez du Michael Bay aux proportions astronomiques, avec un penchant pour les destructions à grande échelle. Roland Emmerich, c’est Michael Bay², en somme. Et c’est pas forcément un défaut, puisque le bonhomme nous a gratifié du fameux 2012, ou encore Le Jour d’Après, des divertissements grandioses acceptables. Son style ainsi que son goût pour la destruction ne peuvent qu’être compatibles avec le relief sur le papier, qu’en est-il dans les faits ?
Une profondeur vertigineuse.
Le film s’ouvre sur un plan séquence numérique dans l’espace, ce qui permet au réalisateur de nous en mettre plein la vue et de nous donner d’entrée le vertige. Et ce n’est pas une façon de parler, sa profondeur, poussée à fond, couplée aux astéroïdes qui nous passent sous le nez à toute vitesse, confèrent à cette séquence un sentiment de vide sous nos pieds assez saisissant. (Aussi saisissant que le vide intellectuel du film, soit dit en passant). Ce ne sera pas la seule scène à nous proposer une profondeur cinq étoiles puisque toutes les séquences dans l’espace et sur la base lunaire proposeront des moments qui valent le coup d’œil en 3D. Revenu sur Terre, le relief sera moins prononcé mais toujours présent via la profondeur qui sépare les personnages et les décors qui semblent tout à fait naturels. Encore un bon point pour cette conversion très efficace, puisque le réalisateur a clairement réfléchi tous ses plans pour un impact optimal en 3D.
Par exemple, un cadre zénithal à l’intérieur d’une maison laisse au premier plan le lustre attaché au plafond, en léger jaillissement, et le reste de la scène se trouve en contrebas, ce qui donne encore une fois, un fort sentiment de profondeur. Les plans larges chers au réalisateur sont aussi l’occasion de constater les dégâts de l’attaque alien à perte de vue, ce qui renforce la mise en scène du réalisateur. La 3D permet, plus que jamais, de se rendre compte de l’ampleur de la catastrophe. Et en parlant de mise en scène…
Les panoramas présentent aussi un relief de qualité: dans ce cas les personnages et la colline sont plus proches de nous que le vaisseau qui s’étend à perte de vue.
Des jaillissements peu nombreux, mais franchement, c’est pas grave, arrête de bouder, je t’explique.
Quand on constate le soin apporté à la profondeur de chaque séquence, on peut se retrouver dubitatif devant le peu de jaillissements présents en deux heures de film. Ce serait oublier que la 3D est avant tout un outil de réalisation qui peut avoir du sens, et ça, Roland Emmerich en a bien conscience.
Ainsi, le réalisateur fait sortir des éléments de l’écran pour insister sur des points cruciaux de l’intrigue, et non pas pour seulement amuser ou surprendre le spectateur. Par exemple, pour faire comprendre que le personnage est un excellent pilote qui n’hésite pas à prendre des risques, il place sa caméra derrière les réacteurs de son vaisseau, pour faire ressortir de l’écran la puissance du moteur.
Aussi, pour expliquer le fonctionnement d’une technologie alien (des sortes de shuriken de l’espace), le réalisateur les suit au cours d’un plan séquence qui fera sortir les objets en question plusieurs fois de l’écran. La scène de l’attaque alien sur la Terre ainsi que le coup fatal en fin de film seront aussi filmés en faisant la part belle aux jaillissements, mais le plan que l’on retiendra est celui de l’arrivée du vaisseau sur Terre.
En effet, la séquence commence par un plan sur la Lune, avec la Terre au fond. Au bout de quelques secondes, le vaisseau arrive en jaillissement arrière, c’est à dire que vous avez l’impression qu’il vous survole en arrivant par derrière votre siège (cf le début d’Un Nouvel Espoir, mais en 3D). La volonté du réalisateur de donner un sentiment d’immensité du vaisseau et de puissance écrasante se voit décuplée grâce à la 3D. On se sent tout petit, on se sent faible, on se sent démunis par ce qui est entrain de nous survoler. Si le premier Independence Day nous avait marqué avec la destruction de la maison blanche, c’est bien ce cette séquence que l’on se souviendra pendant longtemps, du moins ceux qui l’auront vu en relief.
Sur ce plan, le bateau est en léger jaillissement, parfait pour contrebalancer l’immensité du vaisseau dans le cadre.
Alors, 3D mon cul ?
Quelques années en arrière, une réédition 3D du premier Independence Day avait été un temps annoncée, avant de disparaître sans trop d’explications. On aurait aimé savoir ce que ça donne tant la suite s’y prête à merveille. Roland Emmerich est parfaitement à l’aise avec la troisième dimension et on aurait souhaité encore plus de force dans les jaillissements, même si ceux-ci servent la mise en scène. Une 3D naturelle mais pas à la ramasse, un relief immersif qui ne sera entaché que par quelques séquences un peu trop sombres pour certains yeux (dont les miens, mais ça peut varier d’une personne à l’autre et d’une projection à l’autre). Un quasi sans faute pour Independence Day : Resurgence en ce qui concerne la 3D…et pour tout le reste, c’est par ici.
Réalisé par Roland Emmerich, avec Jeff Goldblum, Liam Hemsworth, Bill Pullman…
Sortie le 20 juillet 2016.