À LA PESÉE !
Les années 90 furent prolifiques pour l'excentrique Nicolas Cage. Aussi à l'aise dans le drame que dans la comédie, l'acteur s'essaya durant cette période au cinéma d'action gros budget, et en seulement trois films, il s'imposa comme une star incontestable dans le domaine.
En premier lieu, il rejoignit le deuxième film de Michael Bay en 1996, Rock, dans le rôle de Stanley Goodspeed, pour en faire des caisses aux côtés du charismatique Sean Connery, dans lequel le duo doit s'introduire dans Alcatraz pour botter les fesses de Ed Harris.
Ensuite, il a enchaîné l'année d'après avec Les ailes de l'enfer, le premier film de Simon West ( Tomb Raider, Expendables 2). Embarqué malgré lui dans une évasion spectaculaire de taulards, Cage (Cameron Poe) va s'opposer au fou furieux John Malkovich, aidé d'une coupe de cheveux improbable qui commencera à forger sa réputation, ainsi que de John Cusack.
Puis la même année, il a terminé avec Volte/Face de John Woo. A la base, l'acteur joue magistralement Castor Troy, un fou dangereux prêt à tout faire péter, que l'agent Sean Archer ( John Travolta) cherche à éliminer. Mais suite à de tragiques événements, Cage se retrouve dans la peau d'Archer, pendant que Travolta, devenu forcément le psycho-dingue de l'affaire, va s'infiltrer dans son quotidien, lui piquant femme, fille et banania.
Trois films, trois héros, un seul acteur : qui peut prétendre remporter ce combat des Cage !?
" MOI J'TROUVE QUE VOUS ÊTES UN VRAI CONNARD. MON GÉNÉRAL. "
Quand un gentil général des armées ( Ed Harris) est déçu par son pays, il décide de voler des ogives chimiques extrêmement instables et prendre d'assaut l'attraction touristique qu'est la prison d'Alcatraz. Prêt à envoyer en fumée la baie de San Francisco si ses exigences ne sont pas satisfaites, Ed Harris n'avait pas prévu qu'un vieux briscard du nom de John Mason ( Sean Connery), seul homme à s'être évadé de cette ancienne prison, et qu'un biochimiste se faisant royalement chier dans son taf nommé Stanley Goodspeed ( Nicolas Cage) lui mettrait de gros bâtons dans les roues(bignoles) !
Michael Bay oblige, Rock ne fait pas dans la dentelle. Pour son deuxième (et certainement meilleur) long-métrage, le réalisateur propose des scènes tout ce qu'il y a de plus over-the-top ! Qu'il s'agisse d'une course-poursuite explosive entre un Hummer-compresseur et une furieuse Ferrarri, de l'hilarant " interrogatoire " de Sean Connery ou encore de la scène où Nicolas Cage tente d'avertir les F-16 prêts à démolir la prison avec ses fusées vertes, tout est dans l'exagération assumée, et donc absolument exceptionnel.
Bien sûr, le tout est accentué par de la contre-plongée en veux-tu en voilà, des punchlines percutantes, et de la musique super-héroïque de Hans Zimmer ( l'une de ses meilleures à lui aussi). Rock est donc un pur monument d'action comme on les adore. Ah, on a failli oublier le plus important : Nicolas Cage cabotine à mort ! Son personnage navigue entre hystérie incontrôlable, courage exacerbé et réactions excessives, mais c'est tellement improbable qu'on ne peut que en rire.
" CY... ONARA ! "
Pour peu que vous trouviez Rock débile et consternant, évitez comme la peste Les ailes de l'enfer. Car le vainqueur en 1998 du Razzie Award " Pire manquement de respect à la vie humaine et aux édifices publics " ne pourra trouver grâce à vos yeux qu'à une seule et unique condition : prendre le film au troisième degré, et ce malgré un casting 5 étoiles ( Cage, Malkovich, Cusack, Buscemi, Trejo ...).
Pourtant, le pitch n'est pas plus abruti qu'un autre : durant une soirée avec sa femme, le Ranger Cameron Poe ( Cage) tue accidentellement un ivrogne qui l'attaquait lui et sa tendre moitié. Direction prison pour le bonhomme, et huit ans plus tard (il a été mignon pendant son incarcération), il sort enfin. Pour retourner chez lui, il fait partie du vol Air Bâtard, où plusieurs dangereux criminels ne respectent pas le personnel de l'avion. A tel point d'ailleurs qu'ils en prennent le contrôle pour s'évader au nez et à la barbe du gouvernement, avec en chef de groupe un taré du nom de Cyrus le Virus... (rien qu'avec ce nom, tout est dit)
Du grand classique en somme, où rien n'est pris au sérieux tant l'humour est omniprésent, alors que nous n'avons pas affaire à une comédie pour autant. Entre d'innombrables vannes qui font mouche (celle du caillou : une merveille !) et d'autres incontestablement involontaires (à commencer par la coupe de cheveux de Nicolas Cage), Les ailes de l'enfer s'enchaîne à un rythme endiablé, habillé par de l'action à gogo, du cliché à revendre et une BO de Marc Mancina qui décoiffe. Reste que c'est loin d'être la meilleure prestation de l'acteur, tantôt niais, tantôt sincère, sans réel juste milieu...
" PLUS DE DROGUE POUR CE MEC "
Cette fois, fini la déconne. Peu d'humour, beaucoup de classe, plus d'émotion, un scénario aux enjeux plus intéressants, Volte/Face reste à ce jour le meilleur film de John Woo réalisé aux States, et un chef d'oeuvre du genre des années 90. En plus d'être généreux dans sa mise en scène chirurgicale, le réalisateur offre à Nicolas Cage, ainsi qu'à John Travolta, un double rôle dément, avec une idée de base foutrement géniale (bien qu'impossible, mais qu'importe !).
A la base, Cage interprète le fou dangereux Castor Troy, et Travolta le gentil agent de la CIA Sean Archer. Mais après une intro digne d'un final, où Troy tente de reprendre Air Bâtard, Archer débarque avec le Hummer-compresseur de Michael Bay et fout le père Castor dans le coma. Victoire ? Non, car Troy a planqué une bombe dans L.A. Alors pour connaître son emplacement exact, Archer devient Troy, et se fait enfermer dans la même prison que son frère, Pollux. Sauf que finalement, Troy se réveille de son coma, et vole le visage du flic. Et donc sa vie.
Outre toutes les scènes d'action absolument monstrueuses (du gun-fight-ballet comme on en fait plus, du ralenti stylisé typique du Woo...), Volte/Face est du pain béni pour ses deux stars, qui nous offrent des prestations sans faille. Travolta, sobre en Archer, devient extravagant et surjoue à la perfection en interprétant Troy, soit le miroir parfait du Cage totalement allumé dans la peau du même personnage. A l'inverse, quand l'acteur de Snake Eyes tient le rôle du gentil Archer (dans la quasi totalité du film finalement), il est... tout aussi foldingue qu'à l'accoutumé, car la sobriété, Cage il ne connaît pas. Et pour autant qu'on sache, c'est sûrement pour ça qu'on l'aime.
POUR LES FLEMMARDS : Bien qu'on puisse se mater ces trois films avec un plaisir démesuré, et que Nicolas Cage donne des prestations plutôt solides dans les trois cas (ou presque), Volte/Face reste indétrônable. Certainement grâce à son propos moins classique, à la patte de John Woo et à son duo d'acteurs savoureux.