Genre : horreur, épouvante, fantastique (interdit aux - 12 ans)
Année : 1993
Durée : 1h27
Synopsis : Steve Malone, qui travaille pour l'Agence pour la protection de l'environnement, s'installe dans une base militaire de l'Alabama. Il emmène avec lui sa seconde femme, Carol, sa fille, Marti, et son fils Andy. Steve est chargé d'assainir un dépôt de produits toxiques. Il remarque rapidement qu'une extrême tension règne dans la caserne. En effet, des soldats, de plus en plus nombreux, semblent dépossédés de leur identité, des cris étouffés se font entendre un peu partout et les camarades de classe d'Andy peignent à l'unisson la même aquarelle. Bientôt, c'est sur la famille Malone que le piège se referme. Carol est la première à être possédée.
La critique :
En 1956, Don Siegel réalise L'Invasion des Profanateurs de Sépultures, un film fantastique et d'épouvante qui marque durablement les esprits, notamment par ses relents de Guerre Froide ; pointant les prémisses de la société consumériste. L'individu semble condamné à souffrir inexorablement de l'isolement et de la solitude. Une thématique qui inspire un nouveau remake en 1978 avec L'Invasion des Profanateurs de Philip Kaufman. Cette seconde version se focalise davantage sur cet effet groupal.
Transformés en super-consommateurs, les individus deviennent parfaitement similaires et poursuivent ceux (et celles) qui se distinguent par leurs différences et leur refus d'obédience à une société hégémonique et dictatoriale. En 1993, le roman original de Jack Finney connaît une troisième version, intitulée Body Snatchers, et réalisée par les soins d'Abel Ferrara.
La carrière de ce cinéaste débute vers la fin des années 1970 avec un premier film choc et sanglant, Driller Killer. En 1981, Abel Ferrara s'inscrit dans la mode des rape and revenge avec L'ange de la vengeance. Les producteurs décèlent chez ce cinéaste un immense potentiel. Potentiel qu'il confirme avec ses films suivants, entre autres The King of New York (1990), Bad Lieutenant (1992) et Nos Funérailles (1996) ; avant de s'enliser dans les productions ubuesques et racoleuses.
Les fans du réalisateur (s'ils existent encore...) oublieront assez vite 4h44 Dernier jour sur Terre (2011) et Welcome to New York (2014). Reste à savoir ce que vaut Body Snatchers, en sachant qu'Abel Ferrara a la lourde tâche de succéder à Don Siegel et Philip Kaufman. Réponse dans les lignes à venir...
La distribution du film réunit Terry Kinney, Meg Tilly, Gabrielle Anwar, Billy Wirth, Christine Elise, R. Lee Ermey et Forest Withaker. Attention, SPOILERS ! Steve Malone, qui travaille pour l'Agence pour la protection de l'environnement, s'installe dans une base militaire de l'Alabama. Il emmène avec lui sa seconde femme, Carol, sa fille, Marti, et son fils Andy. Steve est chargé d'assainir un dépôt de produits toxiques. Il remarque rapidement qu'une extrême tension règne dans la caserne.
En effet, des soldats, de plus en plus nombreux, semblent dépossédés de leur identité, des cris étouffés se font entendre un peu partout et les camarades de classe d'Andy peignent à l'unisson la même aquarelle. Bientôt, c'est sur la famille Malone que le piège se referme. Carol est la première à être possédée.
Pour l'écriture du scénario du film, Abel Ferrara a la bonne idée de faire appel aux services de Stuart Gordon, le "papa" (si j'ose dire...) de Re-Animator (1985) et Aux portes de l'Au-Delà (1986). Premier constat : depuis la version de Philip Kaufman, le monde a connu de profondes mutations. La guerre froide est terminée et n'est donc plus d'actualité. On se demande donc ce qu'Abel Ferrara va nous raconter...
Au moins, le cinéaste a le mérite de se démarquer de ses augustes prédécesseurs. En outre, Abel Ferrara choisit de focaliser l'action dans une base militaire. Peu à peu, Body Snatchers prend la forme d'un huis-clos de plus en plus oppressif. Le réalisateur élude toute diatribe de la société de consommation au profit d'une critique virulente de l'institution. Jadis, cette dernière protégeait encore l'individu des menaces extérieures.
Désormais, elle n'est qu'un simulacre face à une menace indicible. Un thème plus que jamais d'actualité... Pis, l'ennemi s'immisce sournoisement au sein de l'institution jusqu'à prendre totalement son contrôle et régenter l'information. Sur ce dernier point, Abel Ferrara reprend la dialectique et la rhétorique des précédentes versions. Les extraterrestres sont bel et bien des plantes carnivores et bellicistes qui s'emparent des corps humains, les copiant et les dupliquant à la perfection.
Rien n'a changé, sauf leur comportement devenu oisif et impassible. Attention, néanmoins, à ne pas réveiller leurs turpitudes et leurs instincts meurtriers... Abel Ferrara s'ébaudit de cette situation rocambolesque. Pis, les rares survivants humains sont désormais livrés par dizaines dans des hôpitaux, transformant les malheureux en amas de poussière. Une nouvelle logique vénale et lucrative.
Même nos chers envahisseurs sont des financiers et des capitalistes. A moins que le film ne soit une métaphore sur une puissance comminatoire et étrangère, capable de tout détruire sur son passage. Certes, les deux héros principaux, une jeune éphèbe (Marti) et son énamouré, tentent de fuir et même de repousser les assauts de nos extraterrestres mercantiles. En vain.
A l'image de la conclusion finale. Faute de sommeil, les paupières s'affermissent. Inexorablement. Marti et son fiancé sont alors accueillis par un militaire. Ce dernier s'adresse à Marti et déclare péremptoire : "Où veux-tu aller ? Où veux-tu fuir ? Nous sommes partout !". Bref, on tient là un remake solide. Body Snatchers n'a pas à rougir de la comparaison avec ses illustres modèles.
Toutefois, on pourra regretter parfois certaines lourdeurs et redondances, notamment dans la montée de la paranoïa. Abel Ferrara ne possède pas toujours les qualités narratives d'un Don Siegel ou d'un Philip Kaufman. Mais ne soyons pas trop sévères. Pour une fois que l'on tient un remake de qualité, on ne va pas s'en plaindre.
Note : 14.5/20
Alice In Oliver