La Couleur de la Victoire (2016) de Stephen Hopkins

Le grand Jesse Owens a enfin son film pourrait-on dire tant le mythe sportif a atteint d'autres sphères... Une fois deplus le titre français est stupide, pourquoi ne pas lui avoir laissé le titre original "Race", ou encore ne pas avoir choisi le titre québecois "10 secondes de liberté" ?!... Réalisé par Stephen Hopkins qui avait déserté le grand écran pour le petit après "Les Châtiments" (2007), ce réalisateur est un bon faiseur ( "Predator 2" à "Moi Peter Sellers" en passant par "Suspicion") mais n'a rien d'un grand. Finalement le bonus du film reste son scénario, qui est aussi bizarrement son malus. En effet le mixte ambition sportive de Owens + contexte politique est parfaitement géré et impose un réel intérêt historique à deux niveaux de lectures, mais c'est aussi un vrai gruyère où la légende prend lepas sur les faits. L e film se focalise, évidemment, sur les années 1935-1936. Toujours le mêle problèmes, pourquoi vouloir en rajouter dans la gloire alors que Jesse Owens en a pas besoin ?!

La Couleur de la Victoire (2016) de Stephen HopkinsLa Couleur de la Victoire (2016) de Stephen HopkinsNote : Couleur Victoire (2016) Stephen HopkinsCouleur Victoire (2016) Stephen Hopkins

Entre autres et pêle-mêle, Jesse Owens (né en 1913 marié à 18 ans), Luz Long n'a pas aidé Owens mais leur amitié est avérée, étonnant de ne voir aucun asiatique alors qu'il y en avait en concurrents directs de Owens, non Hitler n'a pas snobé spécifiquement Owens il a snobé l'ensemble des sportifs (car diplomatiquement c'était tous ou aucun), Owens a par la suite nié le snobisme de Hitler, tandis qu'on reste surpris que le film atténue considérablement la facette nazie de Leni Riefenstahl comme le côté corruption "à l'insu de mon plein gré" du personnage Avery Brundage... Bref le scénario prend des libertés importantes et si on peut suivre l'adage fordien "quand la légende dépasse la réalité, alors on publie la légende" ("L'Homme qui tua Liberty Valance" en 1962 de John Ford) comme acceptable du côté sportif on est déjà plus réfractaire lorsqu'il s'agit des agissements en coulisse. Tourné avec un ton légèrement sépia le film est un beau film d'époque avec une bonne reconstitution et la mise en scène offre quelques bonnes surprises notamment un plan-séquence sur l'entrée au stade qui fait son effet. En prime on peut saluer un joli casting, l'inconnu Stephan James est Jesse Owens (aperçu dans "Selma" en 2014 de Ava DuVernay) étant bien entouré d'acteurs plus connus avec l'habitué des comédies Jason Sudeikis (l'entraineur), Carice Van Houten/Riefenstahl, David Kross/Luz Long (habitué aux films historiques depuis sa révélation dans "The Reader" 2008 de Stephen Daldry) et les vétérans William Hurt (ayant participé au pire film du réalisateur "Perdus dans l'espace" en 1998) et J eremy Irons/Brundage. Le film a reçu le soutien de la Jesse Owens Foundation et des filles des Jesse Owen ce qui a poussé notamment l'acteur Stephan James a travaillé son personnage jusqu'à courir dans le style du sportif. Niveau émotion il manque un peu de puissance, on est certainement pas au niveau d'un chef d'oeuvre tel que "Les Chariots de Feu" (1981) de Hugh Hudson (dont la thématique n'est pas si éloigné !). Le film cherche trop à glorifier Jesse Owens et ça se voit alors que dans le même temps (et là on se demande pourquoi) le film atténue des facettes pourtant sombres et avérées de personnages comme Brundage et Riefenstahl. Un bon et beau film de par son sujet et quelques fulgurances mais le film est aussi bancal sur bien des points. A voir toutefois...

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