[Direct-to-Vidéo] Kenshin : Kyoto Inferno, une suite en demi-teinte

Publié le 29 juillet 2016 par Rémy Boeringer @eltcherillo

Quelques mois seulement après la sortie de Kenshin le vagabond, directement en vidéo, voilà que Metropolitan Filmexport réitère l’expérience en proposant au public français la suite de la saga adapté par Keishi Ohtomo. Kenshin Kyoto Inferno, sorti le 20 juillet 2016, prend place après les événements du premier film et réussit à nouveau à saisir les instants fatidiques de l’histoire japonaise au début de l’ère Meiji. Sans pour autant nous transporter.

Makoto Shishi (Tatsuya Fujiwara), samurai du shogunat Chōshū, est trahi par ses compagnons pendant le Bakumatsu, la guerre civile dont l’issu fut la victoire de l’empereur Meiji sur le Shogunat. Ces derniers craignant ce personnage très violent et acariâtre, l’assassinèrent et brûlèrent son corps. Des années plus tard, il réapparaît, revenu des morts et meurtris dans sa chair avec la vengeance comme seul motivation. Désemparé par les agissements de son gang, le nouveau gouvernement fait appel à Kenshin (Takeru Sato que l’on a vu dans Kenshin le vagabond) qui avait pourtant décidé de se retirer.

Kenshin (Takeru Sato)

La majorité des personnages ayant été présenté dans Kenshin le vagabond, Ohtomo s’épargne une caractérisation poussée pour s’orienter vers l’action plus pure. D’une certaine manière, la narration en pâtit et il semble qu’il aurait gagné à les approfondir encore. Certains personnages clés comme Megumi Takani (Yû Aoi, également vue dans Kenshin le vagabond) sont quasiment laisser à l’abandon. Quand aux autres ils finissent par incarner de simples stéréotypes comme Sanosuké Sagara (Munetaka Aoki, toujours vue dans Kenshin le vagabond), la brute au grand cœur et Kaoru Kamiya (Emi Takei, encore vue dans Kenshin le vagabondi), l’amoureuse transie. Les nouveaux venus, notamment le méchant Makoto Shishio ne sont pas plus à l’honneur, celui-ci bénéficiant d’un rapide flash-back semblable à celui qui inauguré le premier volume. Globalement donc, Kenshin Kyoto Inferno est beaucoup plus faible que sa première partie d’un point de vue narratif et ne transmet donc pas la même émotion. L’affect du spectateur est tourné uniquement vers Kenshin qui se bat avec ses démons pour ne pas sombrer à nouveau dans la violence. Il s’agit pour lui de ne pas renoncer à son utopie d’un monde où le sabre ne servira plus.

Makoto Shishio (Tatsuya Fujiwara)

L’histoire, quant à elle se répète, reprenant à nouveau les mêmes raisons d’affrontements hérités du vieux monde et d’un nouveau qui ne laisse plus de place à ses représentants, où les perdants, surtout les anciens combattants sont relégués dans la misère et au prise avec la tentation mafieuse. Reste que l’on retrouve une ambiance générale légèrement mélancolique, symbole d’un monde en transition, écartelé entre tradition et modernité. Face à cette modernisation qui laisse à l’écart les plus faibles, des hommes comme Shishio peuvent adopter des positions nihiliste. Face à eux, se pose ceux qui œuvrent pour la concorde comme Kenshin le vagabond. Petite interlude intéressante, Kenshin assiste, au tout début du film, à une pièce de théâtre contant son histoire. Il est là, assis, à la frontière très fine entre la réalité historique et la légende. Et déjà commence une longue lutte mémorielle qui perdurera longtemps au Pays du Soleil Levant. Et de cette petite histoire qui fait la grande, de nombreux usurpateurs tenteront de s’en approprier la mémoire. Du côté de l’action, Kenshin Kyoto Inferno n’a pas à rougir et reste aussi qualitatif que le précédent donnant, sur ce plan, plus de place aux autres personnages qui rajoutent, chacun leur style, de la diversité dans les affrontements.

Kenshin (Takeru Sato)

En demi-teinte, cette suite se clôturant sur un suspens intéressant est un bon divertissement mais laisse un goût d’inachevé dont on espère sincèrement que la suite sera se relever. Kenshin : La fin de la légende est prévu pour le 12 octobre prochain.

Boeringer Rémy

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