[Avant-première] Free Dance, un étranger à New-York

Publié le 31 juillet 2016 par Rémy Boeringer @eltcherillo

Ce vendredi 29 juillet 2016, nous avons pu assister à l’avant-première de Free Dance, qui sortira le 3 août prochain. Contre toute attente, mais peut-être les fidèles lecteurs d’Une graine dans un Pot penseront qu’à force de voir des films Bollywood, notre tolérance a été relevé, et malgré une niaiserie évidente, ce film de Michael Damian sort légèrement du lot en mettant à l’honneur la musique classique.

Ruby Adams (Keenan Kampa), une jeune danseuse classique, est acceptée, grâce à une bourse d’étude, au Conservatoire de danse de New-York. En prenant le métro, elle fait la connaissance Johnnie Blackwell (Nicholas Galitzine), un jeune violoniste virtuose anglais qui s’adonne à la mendicité pour financer son séjour.

Johnnie (Nicholas Galitzine)

Admettons d’abord ce qui va bien avant de parler de ce qui va mal. Free Dance bénéficie d’une bande originale alliant chef d’œuvre de la musique classique et moutures de ces dernières revues et corrigées à la sauce hip-hop qui pourra rallier des mélomanes bien différents. Les chorégraphies, pour la plupart, sont assez réussies. Si celles du groupe de breakdancers que rencontre Johnnie sont assez conventionnelles et ne vous émerveillerons pas, la chorégraphie finale alliant les deux univers est assez recherchée pour étonner et même émouvoir, à la fois sensuelle et nimbée de mystères. Si Galitzine a appris succinctement le violon sur le tournage, c’est pour faire illusion mais, à contrario, Kampa est une danseuse réputée, seule américaine à avoir rejoint le ballet Mariinsky de Saint-Pétersbourg. Celui-ci lui a confié le premier rôle dans Don Quichotte. Ainsi la danseuse a-t-elle aisément le niveau pour Free Dance. A-t-elle pour autant le niveau pour être actrice. Disons qu’elle ne démérite pas, étant moins cabotine que son partenaire masculin, pourtant acteur de métier. Reste que, cependant, les postures de mise en scène sont souvent très caricaturales et piquent les yeux. On n’échappe pas à des scènes aussi clichés que le jeune homme, torse saillant, jouant presque à poil du violon sur son plumard, ni à la ballerine lisant un bouquin en grand écart, ni même au battle de dance improvisé n’importe où avec du matériel de pointe.

PopTart (Comfort Fedoke), Ruby (Keenan Kampa), Anastasia (Giulia Nahmany) et Johnnie (Nicholas Galitzine)

Il faut dire qu’un groupe d’ouvriers du métro range ses instruments et transforme une machine en sono en moins de trois secondes pour affronter un gang de danseurs tout droit venu du Bronx. Un gang tout aussi caricatural, plein de mimiques de gangstas imaginées par un esprit fragile. Heureusement, quelques idées un peu rabâchées mais néanmoins sympathiques constituent le fil rouge du récit, l’empêchant de sombre totalement dans la romance à l’eau de rose, y insufflant un semblant de considérations sociales. Ainsi, notre Johnnie est un immigré sans papier vivant dans la peur (relative, il n’est pas syrien non plus) d’une reconduite à la frontière. L’air de ne pas y toucher, Free Dance pose aussi le problème des frais de scolarité hallucinant aux États-Unis qui ferment les portes des établissements de renoms aux plus pauvres, à moins d’obtenir une exceptionnelle bourse d’étude distribuée avec une parcimonie extrême. Petite déception de ce côté-là, Jazzy (Sonoya Mizuno), la copine de chambrée de Ruby, est détournée du droit chemin par un roublard, un motard archétypal du bad boys de basse engeance. Un personnage qui fait relativiser le progressisme du long-métrage, replaçant dans l’ombre une opposition entre ceux qui veulent et ceux qui ne veulent pas s’en sortir comme s’il s’agit du seul déterminant de la réussite professionnel et sociale. On est finalement bien loin de West Side Story.

Oksana (Jane Seymour)

Free Dance souffre des habituelles positionnement du genre mais propose néanmoins une bande originale qui s’en distingue, abandonnant la pop sirupeuse et le hip-hop vocodée pour revenir aux sources. Certains risquent de souffrir des situations grotesques et de la romance bas de gamme mais pourront apprécier néanmoins l’aspect purement artistique, non pas du film, mais des chorégraphies.

Boeringer Rémy

Retrouvez ici la bande-annonce :