Strike team was here !
The dark side of the badge.
J'ai découvert la série The Shield quand elle a débuté, en 2002, je l'ai dévorée saison après saison. Un coup de tonnerre dans le petit monde des séries télé. Un coup de tonnerre dans le petit monde scalesien. Je viens de la visionner une seconde fois, curieux de voir si elle avait bien résisté à l'épreuve du temps.
La réponse est oui. Dix fois oui.
Une série avec un vrai fond.
The Shield montre sans fard une réalité sociale, celle de Los Angeles, via le quartier fictif de Farmington, surnommé " Farm " par ses habitants. Délinquance, violence, prostitution, insécurité, tensions et affrontements entre communautés, manœuvres politiciennes, The Shield se veut le miroir d'une société à la dérive, au bord du chaos, et qui semble incapable de rétablir le juste équilibre. La série surprend sans cesse, et pour cause. Shawn Ryan, le créateur du show, répétait aux scénaristes : " Qu'est-ce qui se passerait dans une série classique ? Qu'est-ce que le public attendrait à ce moment précis de l'intrigue ? Eh bien, faisons le contraire, surprenons-les ". Résultat, The Shield joue à fond la carte de l'audace, détourne les codes, transgresse les règles, prend le contre-pied des schémas habituels, rebattus dans les séries policières, impose subversion et antihéros à une époque où le mot d'ordre en matière de fiction était plutôt " tout est bien qui finit bien ".
Une série avec des personnages marquants, inoubliables.
Claudette Wyms la sage, remarquable inspectrice et femme désespérément seule ; Holland " Dutch " Wagenbach, dans le doute permanent, en quête de l'affaire parfaite, celle qu'il résoudrait intelligemment, sauf que sa tendance à intellectualiser le métier lui joue des tours et lui fait commettre des erreurs ; l'agent Julian Lowe, flic influençable qui a des difficultés à assumer son homosexualité, au point de suivre un programme de réorientation sexuelle conseillé par un prêtre ; le sergent Danielle " Danny " Sofer se débat pour obtenir une promotion qui ne vient pas ; le capitaine David Aceveda, le chef du bercail, partagé entre sa volonté de faire son job le plus honnêtement possible et l'ambition de se lancer dans une carrière politique. Et la Strike Team, l'équipe de choc dirigée par notre héros, l'intraitable et corrompu Vic Mackey. Vic, d'infraction en infraction, d'abus en abus, de brutalité en brutalité, en permanence sur le fil du rasoir, tisse lui-même la toile dans laquelle il finira par se prendre. Le tour de force est d'avoir réussi à le rendre attachant, on finit presque par souhaiter qu'il s'en sorte.
En visionnant la série pour la deuxième fois, quatorze ans après sa création, j'avais peur d'être déçu, j'avais peur qu'elle ait (mal) vieilli. Pas du tout. Elle n'a rien perdu de sa force, pas une once. Entre drame shakespearien et tragédie grecque, The Shield est un opéra sans concession, désenchanté, troublant, déstabilisant, toujours juste, un focus sur les zones d'ombre du comportement humain et une société en complète déliquescence, dont la fracture est telle qu'on pourrait la croire irréversible. Bref, un must dans le genre, avec une fin bouclée qui atteint à la perfection et assure à l'ensemble des sept saisons une cohérence narrative étourdissante, implacable. Définitivement dans mon top trois des séries télé, avec Six Feet Under et Mad Men.
Si vous n'avez pas vu The Shield, foncez, vous ne le regretterez pas.
Parole de Scalese !