Genre : thriller (interdit aux - 16 ans)
Année : 1996
Durée : 2h10

Synopsis : Angela est étudiante en communication de l'image et prépare une thèse sur la violence audiovisuelle. Son professeur se propose de l'aider à chercher des films extrêmement violents à la vidéothèque de la faculté. Le lendemain, il est retrouvé mort dans une salle de projection. Avec Chema, un camarade de classe, elle décide de visionner la cassette qui se trouvait dans le magnétoscope : c'est un snuff movie, l'enregistrement d'un meurtre réel ! Une femme y est torturée à mort... Terrifiée et intriguée à la fois, elle décide avec l'aide de Chema, d'en savoir plus... Angela glisse sur un terrain dangereux qui lui vaudra peut-être de devenir la "vedette" du prochain snuff...

La critique :

Réalisateur, scénariste, producteur, monteur, acteur, écrivain et compositeur hispano-chilien, Alejandro Amenabar débute sa carrière cinématographique au début des années 1990, avec deux courts-métrages, Himenoptero (1992) et Luna (1995). Avec ces deux premiers essais, le cinéaste montre déjà une certaine érudition derrière la caméra. Talent qu'il confirmera avec ses films suivants, que ce soit Ouvre les yeux (1997), Les Autres (2001), Mar Adentro (2004), Agora (2009) et Régression (2015).
Vient également s'ajouter Tesis, réalisé en 1996. Il s'agit aussi du tout premier long-métrage d'Alejandro Amenabar. Au moment de sa sortie, le film est plébiscité par les critiques et la presse cinéma. Tesis obtient même plusieurs récompenses éminentes, notamment le Grand Prix européen du film fantastique, lors du Festival international du film fantastique de Bruxelle en 1997 ; ainsi que le Prix Goya du meilleur film, du meilleur nouveau réalisateur, du meilleur scénario original, du meilleur montage, de la meilleure direction de production et du meilleur son.

La distribution du film réunit Ana Torrent, Fele Martinez (qui a reçu le prix du meilleur espoir masculin), Eduardo Noriega, Xabier Elorriaga et Miguel Picazo. Attention, SPOILERS ! Angela est étudiante en communication de l'image et prépare une thèse sur la violence audiovisuelle. Son professeur se propose de l'aider à chercher des films extrêmement violents à la vidéothèque de la faculté.
Le lendemain, il est retrouvé mort dans une salle de projection. Avec Chema, un camarade de classe, elle décide de visionner la cassette qui se trouvait dans le magnétoscope : c'est un snuff movie, l'enregistrement d'un meurtre réel ! Une femme y est torturée à mort... Terrifiée et intriguée à la fois, elle décide avec l'aide de Chema, d'en savoir plus... Angela glisse sur un terrain dangereux qui lui vaudra peut-être de devenir la "vedette" du prochain snuff...

Ce n'est pas la première fois que le cinéma s'intéresse aux snuff movies, soit des long-métrages clandestins mettant en scène la torture, le meurtre, le suicide et/ou le viol d'une ou plusieurs personnes. Très vite, les snuff movies s'immiscent dans le Septième Art et la culture populaire. Le genre "Mondo", en particulier Mondo Cane (Gualtiero Jacopetti et Franco Prosperi, 1962), popularise et vulgarise le cinéma "vérité" dans les salles obscures et en vidéo.
S'ensuit toute une pléthore de longs-métrages scandaleux et polémiques, notamment Faces of Death (John Alan Schwartz, 1978) et Cannibal Holocaust (Ruggero Deodato, 1981), pour ce citer que ces deux-là. La plupart du temps, ces films prennent la forme de pseudo documentaires ou alors d'agressions filmées par une caméra subjective.

Dans tous les cas, ces longs-métrages subversifs et souvent interdits aux moins de 18 ans flattent notre voyeurisme, la nouvelle tare de notre société hédoniste et consumériste. C'est dans ce cadre que s'inscrit Alejandro Amenabar avec Tesis. A la seule différence que le réalisateur espagnol élude toute démonstration ou toute image outrancière. Ici, point de snuff movies assénées à l'écran, de tortures, de suicides ou de viols martelés par le cinéaste. Il faudra seulement se contenter de quelques courts extraits matés par une étudiante (Angela) en communication.
En outre, difficile de comprendre l'interdiction aux moins de 16 ans tant Alejandro Amenabar refuse la profusion d'effets sanguinaires au profit d'une angoisse palpable dès les premières minutes de bobine.

Dès lors, Tesis prend la forme d'un thriller et d'une enquête policière anxiogène et à couteaux tirés. Ainsi, la tension monte crescendo et dissémine une menace indicible. Dans Tesis, chaque protagonise devient un suspect potentiel, au grand dam de son héroïne, obligée de se confiner dans la paranoïa. Narquois, Alejandro Amenabar s'ébaudit des diverses péripéties de son duo atypique (Angela et Chema), confronté à une organisation secrète qui se livre au trafic de snuff-movies.
A défaut de gore et d'effusion sanglantes, Tesis privilégie une atmosphère obombrée et crépusculaire ; à l'image de cette longue séquence se déroulant dans le noir intégral. Seules quelques allumettes permettent encore de scruter un tunnel oblong menant vers la mort, la torture et la désolation.

Déjà, avec ce premier long-métrage, Alejandro Amenabar déploie toute sa virtuosité derrière la caméra. Tesis happe littéralement le spectateur à la gorge, jusqu'à son dénouement final. Certes, les esprits chagrins pourront éventuellement tonner et pester après quelques longueurs superflues et redondantes, entre autres, la romance amoureuse entre Angela et Bosco Herranz, qui ne mène nulle part.
Pourtant, force est de constater qu'on tient là un thriller de qualité et parfaitement maîtrisé par un cinéaste plus avisé que jamais. A l'époque, Alejandro Amenabar est encore un jeune prodige encensé par des critiques unanimement panégyriques. Depuis, le cinéaste a déployé cet étonnant potentiel vers d'autres contrées fantastiques et horrifiques, notamment dans une demeure hantée et en déshérence. Soit la structure rigide et comminatoire de Les Autres, une autre référence du cinéma d'épouvante.

Note : 15/20

 Alice In Oliver