Suicide Squad, critique

Suicide Squad, critique

La bande de vilains de DC Comics débarque au cinéma … pour se prendre les pieds dans le tapis. Suicide Squad est loin du film impertinent et sombre que l’on pensait avoir pour se rapprocher d’un vrai désastre artistique.

Suicide Squad, critiqueSur le papier, de bonnes choses étaient réunies. Le Suicide Squad, assemblage de tueurs au service du gouvernement, qui a pris sa forme la plus concrète dans les années 80 paranoïaques en comics, adapté par un spécialiste du polar et film brut (David Ayer, scénariste de Training Day et réalisateur de End of Watch et l’excellent Fury) avait à priori une bonne intention de départ. Mais ici, très rapidement, on sent que le film échappe complètement à tout contrôle pour foncer droit dans le mur et ce n’est pas ce qui va arranger Warner qui espérait remonter la barre après la relative déception de Batman V Superman.

Ayer nous la joue donc 12 Salopards avec son groupe de vilains hétéroclites allant du braqueur de banque au tueur cannibale en passant par la foldingue, le mercenaire ou le pyromane tatoué, rassemblés de force (un petit explosif dans la nuque en cas de dérapage) par les services secrets pour éventuellement mettre fin à des menaces auxquelles ne peuvent pas faire face de simples soldats. Leur première mission, retrouver un colis alors qu’un démon est en train de détruire le centre-ville et qu’un certain clown  fait des siennes.

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Il ne faudra pas longtemps avant de s’apercevoir que quelque chose cloche avec ce Suicide Squad monté à la serpe. Les premières séquences nous présentent donc à gros renfort de hip hop ou rock FM (toujours mal placé) les principaux membres du groupes alors que d’autres passeront à la trappe, créant tout de suite un déséquilibre entre les différents personnages et donc une absence totale d’esprit de groupe qui peinera à se former puisqu’ils seront ensuite directement balancés au coeur de l’action. Et parmi les personnages présentés, il y a Deadshot aka Will Smith qui se taille la part du lien alors qu’il n’est que peu crédible en tueur froid, insistant même sur la protection de sa fille pour paraître plutôt gentil aux yeux du public familial du film.

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L’acteur est alors représentatif du symptôme qui va contaminer tout le film, des bad guys qu’on ne voit finalement jamais méchants (toujours soit amoureux soit remplis de remord, au pire donnant quelques coup) et qui font que le film n’assume alors jamais son concept. Ici les personnages sont aussi inoffensifs que des moutons dans un film qui ne sait même pas quel ton adopter, entre des tentatives d’humour et de coolitude à la Gardiens de la Galaxie sans en avoir l’authenticité ou la noirceur du sujet qui disparaît sous la loi du PG-13 alors que le film aurait gagné à assumer une posture beaucoup plus violente et délirante (ce qu’aurait vraiment pu être Deadpool) que la gentille sucrerie offerte ici.

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Mais revenons en aux personnage. Car après Will Smith qui vampirise le film avec sa guimauve, c’est la délirante Harley Quinn qui devient la vedette du film et qui retient l’attention, et pas seulement à cause de sa petite culotte (même si le réalisateur se fait plaisir de ce côté là). Margot Robbie apporte à l’arlequin préférée du Joker tout le délire et la lumière qu’il faut, et malgré le peu de matière à disposition dans l’écriture navrante du film c’est la seule qui arrive à en tirer quelque chose. Car disons le clairement, tout le reste du casting est complètement à la ramasse avec aucun personnage mémorable ou attachant, tous aisément sacrifiables et remplaçables. Il faut dire que les comédiens ne sont pas aidés par une écriture particulièrement mauvaise qui peine à être cohérente et à révéler clairement les intentions de chacun, même au détour d’une scène de dialogue dans un bar à l’issue de laquelle ils se rendent compte qu’ils sont finalement assez proche et deviennent comme par magie une gentille famille.

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Un défaut d’écriture qui massacre aussi l’autre grand personnage attendu au tournant et qui a fait l’objet de toutes les attentions de la presse, le Joker. L’ennemi mortel de Batman et amant d’Harley Quinn campé par Jared Leto est simplement la pire incarnation du clown à se jour. Non que l’intention d’interprétation et que le maquillage ne soient pas bon, mais encore une fois, le personnage est très mal écrit et amené. Non seulement il ne sert strictement à rien dans la trame du film, mais en plus il ne passe ici que pour un gangster bling bling sans grande personnalité à un tel point qu’on l’imagine pour l’instant mal faire face au charismatique Batman de Ben Affleck ! On espère que pour sa prochaine apparition dans l’univers ciné de DC comics, il bénéficiera d’une meilleure écriture pour que Jared Leto ait quelque chose à défendre car il se sent ici particulièrement à l’étroit.

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Mais l’écriture des personnages n’est pas le seul problème du film car globalement c’est l’écriture générale du film et son montage qui sont aussi à plaindre. Car en plus de dérouler une histoire sans intérêt avec des personnages dont on se fiche complètement, rien ne tient la route avec des séquences qui ont du mal à être liées ensembles, des scènes d’actions qui s’enchaînent dans une indifférence générale aux retournements de situation bêtes et une menace pathétique digne d’un mauvais blockbuster fantastique des 90′s. Sans compter les coupes pour être toujours tout public. On sent clairement le remontage du film en catastrophe par le studio et qui se révèle du coup désastreux et aboutit à ce produit qui n’assume rien de ce qu’il est, ne sait pas sur quel pied danser et devient un gloubiboulga sans intérêt.

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Warner voulait faire de Suicide Squad l’événement qui lançait pour de bon le DC Cinematic Universe après l’incartade Batman v Superman. Mais ce n’est au final qu’un produit mal fichu et méchamment calibré, clairement pas à la hauteur de sa promo, encore moins à la hauteur de son potentiel qui devrait atterrir aux côté d’un Green Lantern de sinistre mémoire. Il serait désormais temps chez Warner de redonner aux réalisateurs leurs pouvoir et d’avoir une idée plus claire de ce qu’ils veulent faire de la licence DC.