Avec : Will Smith, Margot Robbie et Viola Davis
Sortie : 03 août 2016
Durée: 2h10
Distributeur : Warner Bros
3D: Oui – Non
Synopsis : Face à une menace aussi énigmatique qu’invincible, l’agent secret Amanda Waller réunit une armada de crapules de la pire espèce. Armés jusqu’aux dents par le gouvernement, ces Super-Méchants s’embarquent alors pour une mission-suicide. Jusqu’au moment où ils comprennent qu’ils ont été sacrifiés. Vont-ils accepter leur sort ou se rebeller ?
3.5/5
HORS CONTEXTE
Peut-on voir un film en ignorant son contexte ? Est-il nécessaire de savoir et comprendre les tenants et aboutissants qui mènent à une oeuvre ? Il n’y a pas de réponses à cette question rhétorique, chacun ira de son avis. Et pourtant, la production houleuse de Suicide Squad semble désormais en plein centre des avis de nombreuses critiques, trouvant les réponses à leurs attaques dans tout ce qui entoure le film plutôt que le film lui-même. Si l’on ne peut nier certains éléments liés à sa création, attardons nous ici sur le film en question plutôt que sur le film que s’en font certains. Car si savoir que, suite au décès du magistral Heath Ledger – dont Jared Leto reprend le rôle qu’il incarnait dans The Dark Knight– 7 autres acteurs avaient repris son rôle dans L’imaginarium du Dr Panassus, est quelque chose de primordial à savoir, le fait que 5 réalisateurs furent nécessaires pour mettre au monde Le magicien d’Oz en 1939, n’est pas indispensable à connaître. Parfois, il faut juste laisser la magie opérer.
FUCK MARVEL
Drôles de mots pour présenter son film que ceux de son réalisateur. Et pourtant, le film de David Ayer est bien une oeuvre à l’opposé de Marvel – par son intrigue, sa construction, sa photographie et même sa morale. De là à en favoriser un plus que l’autre, il n’y a qu’un pas. Que chez Pulp Movies nous ne franchissons pas. Après Batman v Superman en mars dernier – que nous avions beaucoup aimé et que nous avons défendu – Warner/DC continue d’étendre son multi-verse et présente son escadron suicidaire. « They’re bad guys » nous prévenait Viola Davis. Et elle avait raison. Lorsqu’une menace frappe l’humanité, le gouvernement en appelle à une troupe de super-méchants, afin de « combattre le feu par le feu« . À travers Suicide Squad, DC récidive et dresse un portrait sombre et terrifiant d’une Amérique forcée de faire équipe avec des mercenaires, des monstres de la pire espèce, pour combattre ensemble les enfants de nos erreurs. Car oui, si Suicide Squad peut être un film jouissif, un blockbuster estival coloré, il n’en reste pas moins un film à la morale importante.
LA TERREUR
Sans même prendre la peine de l’aborder en subtilité, Suicide Squad met en scène notre plus cruelle réalité : le terrorisme. « Que se passerait-il si Superman avait décidé d’arracher le toit de la maison blanche et de kidnapper le président ?« . Chez DC, la guerre est plus proche que jamais. Et qui mieux que David Ayer pour la filmer ? Le cinéaste de l’incroyable Fury filme la tension comme jamais. Même dans un bousin comme Sabotage, il réussissait à cristalliser cette peur de la menace imminente. Ici (et) Ayer fait déambuler dans un New-York détruit ce qui reste de l’humanité : un tueur à gage, une psychopathe, un pyromane … Drôle de microcosme pour nous représenter, DC s’enfoncerait-il dans son pessimisme ? Moins formaliste que Snyder, Ayer livre donc un film de guerre sombre, qui nous questionne tous sans passer par la case subtilité. Car il est avant tout un blockbuster.
Et là, c’est plus complexe. En souhaitant plus de coolitude si l’on s’en réfère à l’évolution de la promo, le montage du film fut chapeauté, outre Ayer, par la société responsable des trailers. Là où cela apporte plus de clipesque et de côté comic, cela enlève de la lisibilité. En témoigne sa (longue) ouverture. L’exposition de ses nombreux personnages prend son temps, pour ensuite s’attaquer directement à la guerre (où la patte Ayer se fait ressentir à nouveau). Il naît alors de cette fusion un film hybride, tantôt fun tantôt sombre, tantôt classique, tantôt original ; là où le cinéma hollywoodien se construit sur 3 actes, on a l’impression ici de n’en voir que deux. Ne nous laissant pas de temps de répit, pour reprendre notre souffle. Éreintant et fatiguant, et pourtant fidèle à ce qui nous a été vendu. Il faut savoir ce que l’on veut.
BAD BOYS WHAT YOU GONNA DO ?
Enfin, pour incarner ses grands méchants, un casting globalement au sommet s’affronte. Si la psychologie des personnages reste trop fine (liée à l’écriture ou au montage ?), certaines performances nous le font oublier. L’ancien Bad Boys Will Smith incarne ici le personnage central du film, là où Margot Robbie incarne parfaitement Harley Queen. Enfin, quelques mots sur le J. Jared Leto impressionne (malgré une présence trop courte). Il apporte quelque chose de différent au personnage, une facette de plus à ajouter au Joker, mais ne cherche jamais à imiter Heath Ledger. À noter que la BO pop vient rythmer un film très coloré, et parvient étonnement, parfois, à donner du fond à certains personnages – tel que Black Skinhead de Kanye West à Deadshot, ou You Don’t Own me à Harley Queen.
En conclusion, Suicide Squad est un film hybride. Un fils batard né d’une major souhaitant lisser son film et d’une véritable équipe d’artistes, passionnés. Comme tout film hollywoodiens en bref. Il en ressortira donc un oeuvre étonnante, capable du meilleur comme du pire, accumulant des références (de Tarantino à Eminem et son nananana-batmaaan de Without Me). Peut être pas le choix le plus judicieux pour un 3ème film de DCUniverse, mais un agréable divertissement.
Un film hybride, survitaminé et pourtant handicapé par son montage. Il reste cependant le blockbuster de l’été !