Date de sortie 20 juillet 2016
Réalisé par Liza Johnson
Avec Michael Shannon, Kevin Spacey,
Alex Pettyfer, Johnny Knoxville, Colin Hanks, Tate Donovan, Evan Peters
Genre Comédie
Production Américaine
La rencontre improbable et méconnue
entre Elvis Presley, la plus grande star de l’époque,
et le Président Nixon l’homme le plus puissant du monde.
Deux monuments que tout oppose.
Synopsis
En 1970, Elvis Presley (Michael Shannon) se rend à Washington dans le but de convaincre le président Nixon (Kevin Spacey) de le nommer agent fédéral.
Se présentant à l'improviste à la Maison Blanche, la rock-star réussit à faire remettre une lettre en mains propres au président pour solliciter un rendez-vous secret. Conseillers de Nixon, Egil Krogh (Colin Hanks) et Dwight Chapin (Evan Peters) expliquent à leur patron qu'une rencontre avec Elvis au cours d'une année électorale peut améliorer son image.
Mais Nixon n'est pas d'humeur à donner satisfaction à l'artiste.
C'est sans compter sur la détermination d'Elvis ! Il propose un "contrat" à Krogh et Chapin : il signera un autographe pour la fille de Nixon en échange d'un tête-à-tête avec le président.
À la très grande surprise de Nixon et de ses conseillers, l'homme politique et le chanteur se découvrent des affinités. À commencer par leur mépris affiché pour la contreculture …
Kevin Spacey et Michael Shannon
Le king du Rock, Elvis Presley, accusé de pervertir la société avec sa musique endiablée, serait-il resté un conservateur dans l’âme ? Il semble que oui puisqu’en 1970, il écrivait au Président Nixon pour lui demander d’être nommé « agent fédéral » afin de lutter contre la drogue et les communistes… L’entrevue a lieu le 21 décembre 1970 : le chanteur obtient son badge de la police américaine anti-drogue.
Déjà souffrant l’époque, le King décèdera tragiquement sept ans plus tard, le 16 août 1977, des suites d’abus de substances diverses.
Une lettre insolite et surprenante du rocker immortel.
21 Décembre 1970
Cher Monsieur le président,
Tout d’abord, je souhaiterais me présenter. Je suis Elvis Presley, je vous admire et j’ai beaucoup de respect pour votre travail.
J’ai parlé au Vice-Président à nouveau, à Palm Springs il y a 3 semaines et je lui ai exprimé mon inquiétude pour mon pays. La culture de la drogue, les éléments Hippies, les SDS [Students for a Democratic Society : un mouvement étudiant de gauche dans les années 60] les Black Panthers, etc. ne me considèrent pas comme leur ennemi ni comme un membre de ce qu’ils nomment l’Establishment. Moi, j’appelle ça l’Amérique et je l’aime ainsi.
Monsieur, je peux et je pourrais être utile à mon pays afin de l’aider à s’en sortir. Je n’ai aucune inquiétude ou motivation particulières si ce n’est le fait d’aider mon pays à aller mieux. Ainsi, je ne souhaite pas recevoir de titre ou être nommé à un poste précis. Je peux et je serais plus utile si j’étais nommé Agent Fédéral au sens large du terme, et j’aiderai à ma façon grâce à ma popularité avec des populations de tout âge.
Je suis avant tout un artiste mais j’ai besoin des autorisations fédérales. J’ai pris l’avion avec le Sénateur George Murphy et nous avons discuté des problèmes auxquels notre pays fait face. Monsieur, je séjournerai au Washington Hotel, Chambre 505-506-507, j’ai deux hommes qui travaillent pour moi, Jerry Schilling et Sonny West. Je me suis enregistré sous le nom de Jon Burrows. Je resterai aussi longtemps que nécessaire afin d’obtenir le statut d’agent fédéral. J’ai fait une étude approfondie sur la toxicomanie et sur les techniques de lavage de cerveau employées par les communistes et je suis au milieu de tout ça, soit là où je pourrais être le plus efficace. Je suis ravi d’aider tant que cela reste une affaire très privée. Vous pouvez demander à votre équipe ou à la personne de votre choix de m’appeler aujourd’hui, ce soir ou demain. Je vais être désigné cette année comme l’un des Dix Jeunes Hommes les plus Exceptionnels des Etats-Unis, ce sera fait le 18 Janvier dans ma ville natale à Memphis dans le Tennessee. Je vous envoie une courte autobiographie à mon propos pour que vous compreniez mieux ma démarche. J’aimerais vous rencontrer juste pour vous saluer si vous n’êtes pas trop occupé.
Respectueusement,
Elvis Presley
PS : Je suis convaincu Monsieur, que vous faites également partie des 10 hommes les plus remarquables d’Amérique.
J’ai aussi un cadeau personnel que je souhaiterais vous offrir, vous pouvez l’accepter ou bien je le conserverai jusqu’à ce que vous puissiez le prendre.
Sources : www.deslettres.fr
Propos recueillis par Phalène de La Valette relvés www.lepoint.fr
Jerry Schilling était là lors de la rencontre du président et du chanteur. Il nous livre les dessous de ce rendez-vous aujourd'hui mis en scène au cinéma.
Jerry Schilling et Elvis Preley
L'aventure est folle, délicieuse, et donne aujourd'hui lieu à une comédie décapante, Elvis & Nixon.
Depuis sa résidence californienne, le meilleur ami du King a accepté de nous confier ses souvenirs.
Jusqu'à quel point êtes-vous impliqué dans la production du film Elvis & Nixon ?
Quand on m'a contacté, il y a environ cinq ans, j'ai refusé. Je n'ai jamais considéré cette histoire comme une comédie, je sais à quel point ce rendez-vous était cher à Elvis et je ne voulais pas qu'on lui manque de respect. J'ai intégré et quitté le projet plusieurs fois au cours des années avant de m'engager vraiment. Si je l'ai fait, finalement, c'est parce que je pense que j'ai une responsabilité envers l'héritage intellectuel de mon ami. J'ai rencontré la réalisatrice, parlé avec les producteurs et avec les acteurs, fantastiques. Ils m'ont vraiment beaucoup écouté. J'étais sur le tournage tous les jours à La Nouvelle-Orléans en tant que producteur exécutif. Ils ont fait une comédie, oui, mais une bonne comédie avec un super casting et une réalisatrice intelligente. Ils ont davantage montré les qualités humaines d'Elvis, qui il était. C'est une comédie dramatique en fait, il y a des scènes où le personnage d'Elvis se livre vraiment sur ce qu'il ressent, sur ce que la vie ou notre amitié signifient pour lui. Je suis satisfait du résultat.
Quelle mouche a donc piqué Elvis pour qu'il se mette en tête de devenir agent secret et de rencontrer Richard Nixon ?
Je pense que l'intention d'Elvis au départ était simplement de rencontrer le directeur du Bureau des narcotiques et des drogues dangereuses (BNDD). Il avait son nom et voulait le rencontrer pour devenir un agent au service de son bureau. Il avait des badges et des références dans beaucoup d'endroits d'Amérique qui lui donnaient le droit de porter une arme dissimulée. On avait reçu quelques menaces de mort, donc il y avait une raison sérieuse à cela. Mais ces badges n'étaient pas reconnus outre-Atlantique. Or, Elvis avait l'intention de faire une tournée en Europe et voulait être en mesure de porter une arme à l'international, ce qu'une autorisation du BNDD lui aurait permis.
Comment avez-vous réagi en apprenant que votre ami voulait un rendez-vous avec le président ?
On avait pris un vol de nuit vers Washington DC. Dans l'avion, Elvis m'a demandé si j'avais du papier à lettres. J'ai demandé à l'hôtesse de l'air et obtenu du papier à en-tête American Airlines. Il a commencé à écrire, ce qui était très rare – il n'a écrit, je crois, que quatre lettres dans sa vie. Il m'a demandé de relire celle-ci. C'est là que je me suis rendu compte qu'il voulait essayer de rencontrer Nixon. Je me suis dit : waouh !
J'aurais pu faire pas mal de changements dans sa lettre mais ça venait du plus profond de son cœur. C'était la lettre d'un gamin sans le sou devenu célèbre qui écrivait, plein d'espoir et de bonne volonté, à son président. Je me suis dit que c'était assez beau et je l'ai laissé faire, même si je savais qu'il n'y avait aucune chance que ça marche. On ne peut pas déposer comme ça une lettre à la Maison-Blanche et obtenir un rendez-vous avec le président des États-Unis. Mais je ne voulais pas le blesser et le décourager.
Ça ne vous a pas semblé complètement fou ?
Je pense que les personnalités des mondes politiques, du sport et du divertissement s'admirent toutes mutuellement parce qu'elles sont toutes sur la scène publique. Ça ne semblait pas totalement déplacé que l'artiste le plus populaire au monde demande très poliment au président de le rencontrer. Si vous regardez la lettre de près, elle est très bien. Et elle a fonctionné !
Michael Shannon et Kevin Spacey
La rencontre entre Elvis et Nixon telle que montrée dans le film est-elle vraiment fidèle à la réalité ?
On a été briefés par le staff de la Maison-Blanche avant le rendez-vous et j'ai beaucoup parlé avec Elvis après, donc je sais à peu près comment ça s'est déroulé et ce qu'ils se sont dit. Bien sûr, il y a une licence artistique. Il n'y a pas eu de démonstration de karaté en vrai, par exemple. Mais j'ai vu Elvis faire des démonstrations de karaté à des politiciens, donc je savais que ça correspondait au personnage. Ça n'est pas arrivé mais c'était fidèle à lui.
Même lorsqu'il critique les Beatles et "l'antiaméricanisme" de John Lennon ?
Je vous avoue que cette scène m'a posé problème. Disons qu'Elvis savait comment s'adresser à un président de droite conservateur comme Richard Nixon. Mais je tiens à préciser qu'il aimait les Beatles ! Voilà le compromis que j'ai fait avec la réalisatrice et les acteurs : il y a une réplique quand il sort du bureau ovale pour venir me chercher où il me dit : Jerry, j'ai dû critiquer les Beatles pour avoir le badge, mais ils ne le sauront jamais. J'ai fait ajouter cette réplique. C'était important pour moi que ce soit clair parce que Elvis n'a jamais été jaloux des autres artistes et je ne voudrais pas que les gens le croient.
Le choix de Michael Shannon pour jouer Elvis Presley est assez inattendu. Il ne lui ressemble pas le moins du monde...
Je trouve que Michael a joué un Elvis très subtil, très profond. Il a pris au sérieux la comédie.
Beaucoup d'acteurs ont joué le Elvis extérieur, très peu ont joué le Elvis intérieur et Michael Shannon l'a fait mieux que quiconque. Il est sorti du cliché et a fait d'Elvis un personnage sensible, à la fois timide et sûr de lui.
Pensez-vous qu'Elvis aurait aimé le film ?
Vous savez, pour les autres, ce film était un projet ; pour moi, c'est ma vie et mes amis. J'ai produit beaucoup de documentaires sur Elvis et je dois penser à chaque fois : S'il était toujours là, est-ce que j'oserais m'asseoir avec lui pour le regarder et qu'en penserait-il ? Ce film a été un peu plus compliqué et je ne sais toujours pas ce que je répondrais à cette question. Il y a eu des moments où ça a été un vrai dilemme émotionnel de savoir si je devais rester ou partir. J'en suis même tombé malade !
J'ai passé plusieurs années de ma vie, non pas à défendre Elvis, mais à essayer de faire en sorte qu'il soit compris. Je ne voulais pas qu'il devienne une plaisanterie exagérée. Elvis n'était pas cela, il était brillant, complexe. Il était le rebelle ultime et pourtant il voulait être accepté par tout le monde : les undergrounds, les gens de gauche, de droite. Et il a même réussi à avoir son badge ! D'ailleurs, ce n'était pas un badge honorifique : environ tous les six mois, le FBI nous appelait pour vérifier qu'Elvis l'avait toujours.
Mon opinion
Ce film est une agréable surprise, une découverte aussi, ignorant totalement cette rencontre aussi improbable que délirante dans le propos.
La mise en scène est banale. La grande réussite vient, d'une part, d'un scénario bien écrit et, d'autre part de dialogues irrésistibles. Ironie à tous les niveaux, tant au niveau des situations que des principaux protagonistes. La mégalomanie de l'un, ajoutée à un protocole strict et millimétré qui entoure l'autre, font de cette rencontre dérisoire un pur moment de divertissement désopilant.
L'ensemble du casting est parfait. Les deux principaux protagonistes sont excellents. Michael Shannon ne ressemble en rien à Elvis Presley. Kevin Spacey n'a rien de Richard Nixon. Deux rôles de composition pour ces grands acteurs qui participent grandement à ce bon moment de cinéma.