Genre : horreur, gore (interdit aux - 16 ans)
Année : 2016
Durée : 1h26
Synopsis : Une jeune femme et son amie d’enfance veulent se venger de ceux qui les ont abusé.
La critique :
En 2003, suite à l'immense succès de Massacre à la Tronçonneuse sous l'égide de Marcus Nispel, le cinéma hollywoodien comprend qu'il a tout intérêt à ressusciter ses anciennes gloires du passé, ainsi que ses figures méphistophéliques, comme l'attestent les remakes de La Colline A Des Yeux (Alexandre Aja, 2006), L'Armée des Morts (Zack Snyder, 2004), Halloween (Rob Zombie, 2007) ou encore La dernière maison sur la gauche (Dennis Iliadis, 2009), pour ne citer que ces exemples.
Puis les producteurs américains se tournent vers les classiques horrifiques asiatiques (Ring, The Grudge et Dark Water principalement), espagnols (Rec qui se transmute En Quarantaine) et même suédois (Morse est "remaké" en Laisse-Moi Entrer). A raison, certains contempteurs pesteront contre un cinéma d'épouvante anomique.
Toutefois, qui aurait songé que le cinéma d'horreur américain se tournerait vers nos contrées hexagonales ? Personne à l'exception des frères Goetz (Kevin et Michael), responsables de Martyrs, soit le titre homonyme de son illustre épigone. Pour mémoire, le premier Martyrs était réalisé par Pascal Laugier en 2008. Au moment de sa sortie, le film original se démarque par sa volonté de radicalité et de rompre avec un cinéma français lui aussi moribond.
Mais le long-métrage est aussi le substrat d'une longue introspection. Rapidement, le film de Pascal Laugier devient le nouveau parangon d'un cinéma horrifique français à l'agonie depuis plusieurs décennies. Le métrage sera lui-même victime de la censure, contribuant bon gré mal gré à un regain de popularité pour le film.
Toutefois, en raison de sa violence et par son refus de flagorner le grand public, le succès de Martyrs dans les salles obscures reste assez confidentiel. Pour toutes ces raisons, difficile de comprendre l'utilité de ce nouveau remake. En outre, la première version n'a pas spécialement traversé ses frontières hexagonales. Mais peu importe, les frères Goetz comptent bien exploiter le potentiel du matériel original. Reste à savoir quelle lecture proposent les deux frangins à travers ce nouveau film.
Réponse dans les lignes à venir. La distribution de Martyrs version 2016 réunit Troian Bellisario, Bailey Noble, Kate Burton, Caitlin Carmichael et Melissa Tracy. En l'occurrence, le scénario de ce remake reprend la même trame que son auguste prédécesseur. Attention, SPOILERS !
Durant son enfance, Lucie, une fillette d'une dizaine d'années, échappe de justesse à de mystérieux bourreaux. La police enquête sur les lieux du drame mais essuient une rebuffade. Recueillie dans un orphelinat, Lucie développe des symptômes schizophréniques inquiétants. Bientôt, elle s'accointe et s'acoquine avec Anna. Bien des années plus tard, Lucie débarque chez ses anciens tortionnaires. Armée d'un fusil, la jeune femme les extermine un par un.
Bientôt, la forcenée est rejointe par Anna. Tout d'abord rétive et suspicieuse, cette dernière découvre dans la cave de la famille le parfait petit atelier de la torture, ainsi que plusieurs femmes enfermées dans des cellules. Le cauchemar ne fait que commencer... Vous l'avez donc compris. Peu ou prou de surprise au niveau de la trame narrative.
La première partie de Martyrs version 2016 est quasi identique à celle de 2008. Seule petite différence, Kevin et Michael Goetz s'attardent plus longuement sur l'enfance des deux héroïnes. Toutefois, rien de particulier à signaler. De facto, la première section de ce remake est tout à fait louable et recommandable puisque les frères Goetz s'approprient les codes du long-métrage de Pascal Laugier. De surcroît, la mise en scène se veut elle aussi acérée et la tension monte crescendo.
Côté interprétion, Troian Bellisario et Bailey Noble s'en tirent plus qu'honorablement et sauvent le film de la catastrophe. Hélas, et vous vous en doutez, la seconde partie de Martyrs (2016) s'enlise dans le torture porn stérile et bas de gamme. Certes, Kevin et Michael Goetz pourront au moins se targuer d'avoir réalisé un remake finalement assez éloigné de son modèle (tout du moins, dans sa seconde section).
Hélas, les félicitations s'arrêtent bien là. Si la première partie du film fait vaguement illusion durant 45 petites minutes, la suite se confine dans une sorte de salmigondis horrifique. Vous pouvez donc oblitérer l'aspect introspectif du film original au profit d'une pellicule absconse, qui accumule les fautes de goût et les rebondissements improbables. Kevin et Michael Goetz ne parviennent jamais à transcender un sujet pourtant prometteur, d'où l'inpression d'assister à un remake infatué et anomique.
A aucun moment, on ne retrouve la fougue, la virulence et l'irrévérence du long-métrage de Pascal Laugier. Pis, lors de sa dernière demi-heure, ce remake se perd dans des explications amphigouriques sur les questions de l'âme et d'une existence post-mortem. A défaut de provoquer à nouveau l'uppercut annoncé, Martyrs version 2016 ne dégage, au mieux, qu'un sentiment de pitié et de désappointement. Pas un navet mais pas loin...
Note : 06.5/20
Alice In Oliver