La Petite Mort 2 : Nasty Tapes (Le point culminant du plaisir morbide et sexuel)

Par Olivier Walmacq

Genre : horreur, gore, trash (interdit aux - 18 ans)
Année : 2014
Durée : 1h19

Synopsis : (1) Des victimes anonymes sont amenées dans une maison de torture et de douleur gérée par un sadique travesti "Monsieur Matheo Maxime" et ses femmes bourreaux. Partenaire d'un chat via un ordinateur portable, les instructions seront d'offrir le plus de souffrance afin de réjouir les membres du web de l'autre côté du chat en ligne... (1) 

La critique :

Attention à ne pas sous-estimer le cinéma d'horreur allemand qui connaît déjà son apogée dès 1922, avec Le Cabinet du Docteur Cagliari (Robert Wiene) et surtout Nosferatu le Vampire (Friedrich Wilhelm Murnau), sorti la même année. Ces deux grands classiques du Septième Art marquent surtout la quintessence du cinéma expressionniste allemand.
Bien des décennies plus tard, plus précisément dans les années 1980 et 1990, le cinéma d'outre Rhin confirme cette prédilection pour l'épouvante. Mieux, l'Allemagne se spécialise de plus en plus dans le gore et un cinéma extrême, avec une multitude de productions bannies et censurées dans plusieurs pays. Ainsi, plusieurs réalisateurs allemands obtiennent les ferveurs d'un public adepte du cinéma trash.

C'est par exemple le cas d'Andreas Schnaas avec Violent Shit (1987), Violent Shit 2 (1992) et Anthropophagous 2000 (1999). Olaf Ittenbach se taille à son tour une certaine réputation avec Black Past (1989), The Burning Moon (1992) et Premutos (1997). Heiko Fipper vient participer aux inimitiés avec le bien nommé Das Komabrutale Duell (1999) et Ostermontag (1991).
Toutes ces pellicules au budget famélique suscitent néanmoins la controverse via la profusion d'effets sanguinaires et un certain penchant pour les rituels sataniques. Avec tous ces réalisateurs iconoclastes, le cinéma trash allemand impose sa marque de fabrique : du sang, du cannibalisme et de la torture ad nauseam, pour le plus grand plaisir des amateurs de sensations fortes. 
Vient également s'ajouter un certain Marcel Walz. 

Le réalisateur s'est notamment distingué avec le très surestimé La Petite Mort. Souvent adulée par les fans du cinéma trash, cette petite pellicule anomique marchait sur les plates-bandes de Saw (James Wan, 2004) et Hostel (Eli Roth, 2006), tout en proposant un spectacle beaucoup plus gore et morbide. Visiblement, l'essentiel du budget est passé dans les maquillages, il est vrai très impressionnants, du film. Mais pour le reste, La Petite Mort avait laissé un sentiment de désappointement et d'amertume.
Surtout, l'intitulé de ce long-métrage n'entretenait aucun rapport avec son scénario, de facture conventionnelle et plutôt lapidaire. L'annonce d'une suite, à savoir La Petite Mort 2 : Nasty Tapes, toujours réalisée par les soins de Marcel Walz en 2014, n'était pas forcément attendue au tournant.
Seuls les fans irréductibles du premier volet (mais enfin, qui sont-ils ?) avaient manifesté une once d'intérêt. Inutile de mentionner le casting, à moins que vous connaissiez les noms d'Annika Strauss, Yvonne Wölke et Mika Metz Uvm, mais j'en doute. 
En vérité, La Petite Mort 2 ne partage presque aucune similitude avec son auguste prédécesseur. Il suffit de prendre le scénario, toujours aussi laconique, pour s'en rendre compte. Attention, SPOILERS ! (1) Des victimes anonymes sont amenées dans une maison de torture et de douleur gérée par un sadique travesti "Monsieur Matheo Maxime" et ses femmes bourreaux. 
Partenaire d'un chat via un ordinateur portable, les instructions seront d'offrir le plus de souffrance afin de réjouir les membres du web de l'autre côté du chat en ligne... (1). Pour les ignares, littéralement, "la petite mort" désigne le point culminant de l'orgasme. 

Lorsque le plaisir atteint son paroxysme, la satisfaction sexuelle est plus ou moins comparable aux frissons provoquées par une syncope. Cette expression est claironnée par Ambroise Paré, le père de la chirurgie moderne. Dans ce second chapitre, cette satisfaction sexuelle et érotomane prend enfin tout son sens. Marcel Walz tient enfin son sujet, qu'il maîtrise ici à la perfection ou presque.
Vous pouvez donc phagocyter les atermoiements du premier film au profit d'un second volet résolument agressif, tout du moins, d'un point de vue phallique. En outre, le phallus (puisque c'est de "ça" dont il s'agit) est réduit à quia et à une castration forcément sanguinolente. A l'instar d'Eli Roth avec Hostel : Chapitre 2 (2007), Marcel Walz se centre lui aussi sur le point de vue de ses bourreaux. Heureusement, la comparaison s'arrête bien là.

Le cinéaste allemand élude toute considération politique et idéologique sur cette étrange organisation qui se livre elle aussi à la pratique de la torture. De facto, Marcel Walz se focalise essentiellement sur deux jeunes femmes vénéneuses et érotomanes. Ces dernières trouvent leur satisfaction sexuelle (donc encore une fois, le point culminant de l'orgasme) dans la souffrance d'autrui, dans les mutilations, le sadomasochisme et le cannibalisme. En l'occurrence, les deux jeunes femmes libidineuses s'ébaudissent de leurs victimes sous l'aval et l'assentiment d'un certain Matheo Maxime, un homme étrange et surtout le digne épigone du Marquis de Sade. Ainsi, Marcel Walz ne nous épargne rien.
Les âmes sensibles sont donc priées de quitter leur siège et d'aller faire un petit tour. Au programme, une longue séance d'électrocution et quelques chinoiseries sous forme de mutilations et de diverses lubricités. Encore une fois, le long-métrage étonne par son réalisme morbide. Rien à redire sur la qualité des maquillages et des effets spéciaux. 
Surtout, Marcel Walz parvient à transcender son sujet. Au moins, le cinéaste a le mérite de délivrer la "barbaque" et la marchandise, tout en proposant une mise en scène soignée et stylisée. Par plusieurs clins d'oeil et références, le réalisateur rend hommage aux vieilles pellicules de jadis, en particulier Le Carnaval des Âmes (Herk Harvey, 1962) et La Nuit des Morts-Vivants (George A. Romero, 1968). Toutefois, on pourra regretter que Marcel Walz ne développe pas davantage son sujet, à savoir ce rapport étroit et ténu entre la pulsion sexuelle (Eros) et la pulsion de mort (Thanatos). Mais ne soyons pas trop sévères.
Clairement, La Petite Mort 2 se révèle largement supérieure à son prédécesseur et devrait logiquement combler les grands amateurs du genre.

Note : 15/20

 Alice In Oliver

(1) Synopsis du film sur : http://www.horreur.com/?q=nid-5477/petite-mort-2-la-la-petite-mort-2-nasty-tapes-2014-marcel-walz (critique du film par Nicolas Beaudeux)