Rares sont les comédies à concourir pour la célèbre Palme d’or. Bien que reparti bredouille du dernier Festival de Cannes, Toni Erdmann a réalisé l’exploit de remporter la palme coup de coeur des festivaliers.
Imaginez un gai luron adepte des déguisements en tout genre, partisan des bonnes blagues, prêt à tout pour amuser la galerie… et décrocher un sourire à sa fille engluée dans un quotidien où la fantaisie n’a guère sa place. Imaginez ce même trublion débouler dans la vie de celle-ci tel un ouragan et tenter d’insuffler une bourrasque de folie à ses journées bien monotones. Imaginez enfin ce joyeux drille – qui cache pourtant un côté clown blanc -, s’inventer moult personnages, tantôt Ambassadeur d’Allemagne aux Etats-Unis, tantôt coach de vie qui mène grand train, tantôt jumeau esseulé victime d’un colis piégé, et embarquer dans ses élucubrations cette fille faussement revêche qui semblait avoir oublié la gamine espiègle et pétillante qui sommeille en elle.
Entre une histoire de menottes et de clés perdues, un dentier effarant, une perruque ridicule, une râpe à fromage « design », un « déjeuner à poils » et autre soirée psychédélique, le père multiplie les subterfuges les plus rocambolesques pour aider la jeune femme à retrouver un peu de folie douce…
Loufoque, inattendu, désopilant… les qualificatifs enthousiastes ne manquent pas pour résumer ce Toni Erdmann fort attachant, dont l’atout principal réside en ce duo père/fille aux caractères antinomiques qui fonctionne à merveille. Des acteurs formidables, un scénario bien écrit, des situations burlesques irrésistibles qui contrastent avec les silences lourds en reproches, un comique de situation qui va crescendo, et 2h45 de film qui passent un un claquement de rire… Pas de doute, la comédie de Maren Ade est bien la plus belle surprise de cette dernière édition cannoise.
Sortie le 17 août 2016.