Dans le droit sillage de ces dernières années, le long duquel fleurissent d'innombrables remakes " live " des dessins-animés de notre enfance après l'essai mi-figue mi-raisin Maléfique, le (très) dispensable Cendrillon, et avant Mary Poppins, La Belle et la Bête et consorts, c'est au tour de Peter & Elliott le dragon de passer l'épreuve du feu. Il faut dire que les sulfureuses bestioles ont le vent en poupe depuis quelques temps : le fourbe Smaug ( The Hobbit), l'adorable Toothless ( How To Train Your Dragon) ou encore l'impressionnant Drogo ( Game of Thrones) se sont depuis longtemps fait une place de choix dans nos cœurs. Qu'en est-il alors d' Elliott, le sympathique dragon vert qui squatte l'affiche de ce film aux côtés de Peter ? Cette version du conte emprunte au merveilleux d'avantage qu'à la fantasy, avec une créature chimérique colossale certes, mais diablement attachante et à priori pas dangereuse. Disons-le sans détours, on a affaire à une grosse peluche, qui ravira sans conteste tous les gamins évidemment, sans oublier les plus grands d'entre nous. Car le dragon, avec ses caractéristiques propres, est diablement réussi et convainc sans peine, parfaitement incrusté aux divers décors, tour à tour bondissant ou ronronnant, avec notamment un travail de texture tout bonnement épatant. Un très bon point pour le long-métrage, dont la mécanique repose quasiment entièrement sur les apparitions réussies de son monumental héros. A ses côtés, en Mowgli des temps modernes, le jeune Peter est campé avec une innocence sauvage par Oakes Fegley, un gamin à la frimousse irrésistible. La combinaison gagnante est là, ne reste qu'à créer un peu de bazar et de brouhaha autour des deux compères se partageant un bout de forêt primaire. Bryce Dallas Howard et Wes Bentley arbitrent le tout sous l'œil bienveillant de Robert Redford, tandis que Karl Urban joue les trouble-fête sans forcer. Les codes du film familial de bon ton sont réunis pour garantir un maximum d'efficacité formelle au film.
Sauf qu'on assiste, sur le fond, à bien plus qu'un simple divertissement pop-corn pour sortie dominicale avec la marmaille s'apparentant à un don à la gloire éternelle de Disney . Pete's Dragon est empreint de la nostalgie " d'un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître... ". Il n'est pas dans l'esbroufe, ni dans la surenchère, mais plutôt dans une sorte d'abnégation respectueuse face à son matériau. Le film de David Lowery, que l'on imagine volontiers rêveur derrière sa caméra, fleure bon ces films d'antan que l'on se passait en boucle gamins, friands des aventures grandiloquentes, des morales édifiantes et des beaux sentiments dont nous abreuvaient ces récits initiatiques que nous continuons de chérir aujourd'hui. D'ailleurs, ça n'est pas un hasard si l'intrigue se déroule dans les années 80 (les meilleures babes !), se démarquant immédiatement par ce biais du film d'origine. La bande sonore, les paysages, la morale en filigrane (écolo toujours) donnent d'avantage le sentiment de regarder un film pseudo-indépendant qu'un blockbuster millimétré. Un cachet plus sincère aussi, moins commercial. Loin de se laisser ensevelir par son propre concept, le film explore son essence profonde, pour en tirer une profusion d'émotions vraies, terriblement saisissantes.
Et lorsque, Peter s'alliant à Natalie (Oona Lawrence) pour voler au secours de son ami légendaire, le film se (re)place à hauteur de gosses, c'est l'ensemble du cast, et le public avec eux, qui renoue avec son âme d'enfant. Un film confondant, riche en émotions, submergeant de tendresse et qui, et c'est le plus important sans doute, n'oublie pas de laisser une place de choix à l'enchantement. Magique.
Titre Original: PETE'S DRAGON
Réalisé par: David Lowery
Sortie le: 17 août 2016