Genre : horreur, épouvante, science-fiction
Année : 1955
Durée : 1h21
Synopsis : Une tarentule géante, d'origine expérimentale, sème la terreur dans une contrée américaine.
La critique :
Réalisateur américain essentiellement spécialisé dans la série B, Jack Arnold débute sa carrière cinématographique dès 1950, avec With These Hands. Dès 1953, il se se spécialise (presque) essentiellement dans le fantastique, la science-fiction et l'épouvante avec plusieurs films notoires. Le Météore de la Nuit (1953), L'étrange créature du lac noir (1954), La revanche de la créature (1955) et surtout L'homme qui rétrécit (1957) asseoient sa notoriété.
Vient également s'ajouter Tarantula !, réalisé en 1955. Le long-métrage s'inscrit dans l'angoisse et la paranoïa de la guerre froide, mais aussi dans cette peur indicible de la menace nucléaire et de la radioactivité. Le film s'inscrit également dans la logique et le sillage de Them ! Des Monstres Attaquent la ville (Gordon Douglas, 1954).
Si Tarantula ! relate un cas inquiétant et terrifiant de gigantisme animal, Jack Arnold se focalisera sur le phénomène inverse, avec L'Homme qui rétrécit. Deux films à priori aux antipodes mais qui se focalisent toujours sur cette menace radioactive, affectant l'homme et/ou l'animal. Pour la première fois dans l'histoire du cinéma, une araignée géante terrorise les spectateurs dans les salles.
Nanti d'un budget famélique, le tournage de Tarantula ! doit être bouclé dans les plus brefs délais. Le film fait suite à Le Météore de la Nuit, qui n'a pas spécialement ameuté les foules dans les salles, ni convaincu les producteurs. Qu'à cela ne tienne, le tournage du film ne dure qu'une petite dizaine de jours. Cette fois-ci, le métrage se solde par un succès commercial.
La distribution de Tarantula ! réunit John Agar, Mara Corday, Leo G. Carroll, Nestor Paiva, Ross Elliott et Edwin Rain. A noter l'apparition furtive et discrète de Clint Eastwood dans le rôle d'un pilote d'un avion de chasse ! Attention, SPOILERS ! (1) Dans un laboratoire isolé, le Professeur Gerald Deemer travaille sur un nutriment qui permettrait de soulager la famine que menace de provoquer l'accroissement de population. Ses expérimentations ont abouti à certains résultats ; mais au prix de sérieux déboires.
Un jour qu'il s'est absenté, deux de ses collègues s'injectent le nutriment, avec des conséquences effroyables les conduisant progressivement à la mort par ce qui semble être l'acromégalie. L'un des deux meurt, tandis que l'autre attaque le professeur et lui injecte le produit avant de mourir.
Pendant leur combat, une tarentule géante qui a elle aussi reçu une injection s'évade de sa cage. Dès lors, elle ne cesse de grandir, et s'en prend aussi bien au bétail qu'aux humains. (1) L'air de rien, Tarantula ! marque une rupture rédhibitoire avec King Kong (Ernest B. Schoedsack, 1933). Ici, les humains n'entretiennent que des rapports assez étroits et (surtout) houleux avec la créature géante.
Pour l'araignée radioactive, les êtres humains ne constituent que des menus fretins qu'elle assaille et dévore. Surtout, la nature primitive, achaïque et préhistorique de King Kong a été supplantée par un immense désert chaotique, un décor presque apocalyptique dont gît la terrible créature. Autrement dit, le monstre de Tarantula ! semble provenir de nulle part, plus précisement d'un vide et d'un néant indicible.
C'est probablement ce dernier aspect qui rend le film et surtout l'araignée aussi effrayante. Certes, il s'agit d'une créature victime d'expérimentations de laboratoire. Mais la tarentule n'est pas la seule à subir les conséquences d'un nutriment aux effets délétères. Le professeur Gerald Deemer et son acolyte sont victimes à leur tour d'une terrible maladie : l'acromégalie. Transfigurés, les deux hommes meurent dans de terribles souffrances. Leur mal est incurable.
Déjà à l'époque, Tarantula ! s'inquiète de phénomènes encore d'actualité, notamment le problème de la surpopulation mondiale et du devenir de nos terres, insuffisamment fertiles. Certes, dans son concept, Tarantula ! reste de facture conventionnelle puisque son scénario développe à nouveau l'histoire d'un savant totalement azimuté.
Pourtant, le film déploie d'autres thématiques passionnantes, notamment cette angoisse ineffable du nucléaire et l'arrivée impromptue d'une créature symbolisant le glas de l'Humanité. Côté effets spéciaux, faute de moyens et de budget, le long-métrage élude la méthode de la stop-motion (image par image) et privilégie une araignée filmée en gros plan, donnant l'impression d'un monstre aux incroyables rotondités. Contre toute attente, les apparitions de la créature sont plutôt furtives au profit d'une ambiance anxiogène. Côté acteurs, l'interprétation est d'un niveau correct. Guère plus.
Si John Agar et sa nouvelle énamourée font le "job", leur romance amoureuse et leurs accointances ne présentent guère d'intérêt. Mais ne soyons pas trop sévères, on tient là un vrai classique du cinéma bis, entre science-fiction et épouvante. Par la suite, Tarantula ! engendrera de nombreux avatars, dont Arac Attack (Ellory Elkayem, 2002) et Spiders (Gary Jones, 2000) font partie.
Note : 15/20
(1) Synopsis du film sur : https://fr.wikipedia.org/wiki/Tarantula_!