INSTINCT DE SURVIE – THE SHALLOWS : Gare aux mâchoires ★★★☆☆

Un huis-clos maritime efficace dans les eaux inhospitalières du Mexique.

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Au rayon des animaux tueurs, les requins se taillent depuis longtemps une place de choix au cinéma. Relégués dans les bas-fonds des productions DTV, soumis à des mutations de plus en plus grotesques, ces squales éminemment redoutés commençaient à perdre de leur superbe et se raréfiaient dangereusement sur le grand écran. On se souvient d’Open Water, relativement habile, ou de Peur Bleue, déjà plus embarrassant, mais force est de constater qu’aucun film n’est parvenu à rivaliser avec Les Dents de la Mer de Steven Spielberg, figure de proue d’un genre hélas trop souvent tourné en ridicule. Il y a bien The Reef d’Andrew Traucki, spécialiste du survival animalier, que l’on peut citer comme réussite, même s’il lui manque cette ampleur dramatique propre à l’ériger en nouveau standard. Alors qu’espérer d’Instinct de survie – The Shallows ? A priori peu voire presque rien et pourtant l’envie d’y croire subsiste malgré tout au regard du nom de son réalisateur, Jaume Collet-Serra, technicien affûté qui, à défaut d’avoir une quelconque signature, soigne chacun de ses cadres, au point où l’on imagine facilement l’importance du story-board en amont. A l’arrivée, nos maigres attentes ont-elles été récompensées ?

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Tout commence sur une plage paradisiaque du Mexique. Nancy (Blake Lively, visiblement très concernée et de fait, plutôt convaincante) vient y surfer, en mémoire de sa mère emportée par la maladie, qui s’y était rendue avant elle. Malheureusement, ce havre ensoleillé est aussi le repaire d’un grand requin blanc et Nancy se retrouve bientôt à sa merci, piégée sur un îlot, trop loin pour regagner la côte saine et sauve. Le canevas n’a rien de follement original, mais l’immobilisme forcé qu’impose le prédateur à sa proie est suffisamment bien exploité pour donner lieu à quelques trouvailles intéressantes. Sur le plan visuel, notons l’idée du chronomètre qui s’affiche à l’écran lorsque Nancy rentre dans l’eau. Ce simple minutage sollicite une double attention du spectateur, qui partage son regard entre l’action filmée et le compte-à-rebours, et crée ainsi une tension supplémentaire dans l’appréhension de l’espace. C’est aussi sur le plan narratif que le film se démarque par endroits, notamment avec cette scène où Nancy doit son salut à un banc de méduses. De quoi tenir en haleine sans reproduire les mêmes effets éculés. Certains pourront reprocher le schéma vaguement mécanique, inhérent au dispositif scénique, mais la gestion imparable des apparitions et disparitions du requin génère sans cesse de l’imprévu. Parlons-en du squale, plus vrai que nature, terrifiant et impressionnant dans le climax final qui le révèle sous toutes les coutures.

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Néanmoins, outre des qualités évidentes, Instinct de survie reste l’exemple même du divertissement tout-public, efficace mais lisse. L’introduction, qui s’éternise inutilement, souffre d’une esthétisation clinquante (on ne compte plus les ralentis ainsi que les plans valorisant la plastique de Lively), à l’opposé de l’aridité formelle qui caractérise la suite du film. Peut-être que le réalisateur avait lui aussi envie de surfer sur la vague « bling-bling » des télé-réalités et autres clips à la mode, ou alors l’a-t-il fait pour mieux nous leurrer ensuite ? Gageons que ce soit la seconde option. Toujours est-il que le film réussit le plus souvent là où il s’économise, quand bien même sa propension au spectaculaire a des raisons valables de nous enthousiasmer, au moins dans son dernier acte, ludique et généreux. Voilà pourquoi nous aurions tort de bouder notre plaisir devant cette modeste entreprise, inégale mais emballée avec un certain savoir-faire.

Réalisé par Jaume Collet-Serra, avec Blake Lively, Angelo Lozano Corso, Jose Manuel Trujillo Salas

Sortie le 17 Août 2016.