[critique série] OLIVE KITTERIDGE

Série créée par Elizabeth Strout.

Avec Frances McDormand, Richard Jenkins, Zoe Kazan, Bill Murray, Peter Mullan...

★★★★★

Diffusée depuis le 2 novembre 2014 sur la chaîne américaine HBO, à partir du 13 juin 2016 sur Canal +.

Professeure de mathématiques dans une petite ville de l'état du Maine, aux Etats-Unis, Olive Kitteridge ( Frances McDormand) mène une vie bien monotone avec son mari Henry ( Richard Jenkins) et son fils Christopher ( John Gallager Jr/Deven Druid). Olive Kitteridge n'est pas séduisante. Elle n'est pas complaisante. Elle n'est pas sympathique. On pourrait même dire, si l'on s'arrêtait aux apparences, qu'elle est aigrie. Pourtant, l'actrice Frances McDormand, habituée au farfelu (Fargo) ou au burlesque (Burn After Reading) des frères Coen, parvient à faire de cette femme une personne profondément attachante.

[critique série] OLIVE KITTERIDGE

Olive Kitteridge, mini-série de quatre épisodes d'une heure, concentre toutes les qualités de production d'HBO (chaîne créatrice de Six Feet Under et Game of Thrones), avec, cerise sur le gâteau, une remarquable et appréciable concision. Peu d'action dans cette série américaine, mais une intensité de chaque scène qui captive dès les premiers plans. Olive Kitteridge se compose de quatre chapitres, correspondant à quatre moments clés de la vie d'" Olly ", à quatre âges différents. Les longues ellipses entre chaque partie ne gênent en aucun cas le spectateur, tant les évènements relatés sonnent justes et résonnent intensément, qu'on soit homme, femme, jeune ou vieux. A chaque épisode, la série pousse à l'introspection et interrogera chacun d'entre nous de différentes manières. Elle apportera, de toute façon et si on l'accepte, un questionnement profond sur la vie, son but, ses difficultés.

[critique série] OLIVE KITTERIDGE

Comme on le disait précédemment, la qualité de production d'Olive Kitteridge bénéficie techniquement et artistiquement de toute l'expérience d'HBO. La photographie, très posée, utilise une palette naturelle afin de montrer le magnifique bord de mer du Maine, qui participe alors à l'ambiance tamisée, en apparence, de cette série contemplative. Visuellement, le show n'a donc rien à envier à un excellent film de cinéma. Le grand écran " fournit " également la plupart des membres du casting. Frances McDormand trouve ici le rôle le plus complet mais également le plus intense de sa carrière. Le personnage d'Olive Kitteridge demande en effet une grande maestria, une intensité intérieure souvent périlleuse à transmettre à l'écran. L'actrice américaine arrive à nous faire aimer cette enseignante apparemment froide et acariâtre. Chaque détail, chaque mouvement de la comédienne apporte en nuance et en précision. Elle est épaulée dans son œuvre par le formidable Richard Jenkins, qu'on a tant aimé dans Six Feet Under ou encore The Visitor ( Thomas McCarthy, 2008). D'une justesse constante, forte et douce à la fois, il incarne avec brio le mari d'Olive, qui crée un équilibre nécessaire avec le personnage principal féminin, par sa gentillesse et son étonnante bienveillance envers Olive.

[critique série] OLIVE KITTERIDGE

Zoe Kazan, aperçue dans Elle s'appelait Ruby, est impeccable en assistante d'Henry. L'innocence de son personnage et l'interprétation de la jeune actrice rafraîchissent et émeuvent en même temps. Enfin Peter Mullan (My Name Is Joe, Ken Loach) complète l'éventail de ce casting de cinéma, en apportant avec lui l'espoir d'un avenir plus joyeux pour Olive. On notera la présence sporadique d'un Bill Murray totalement libéré qui fera jubiler plus d'un spectateur !

Olive Kitteridge est donc une perle, alliant intelligence, profondeur et une excellente production, à tous les niveaux. Bardée de récompenses, elle a notamment remporté sept prix aux Emmy Awards en 2015, dont certaines pour l'interprétation de Frances McDormand et Richard Jenkins. Elle se dévore en une ou deux " séance ", ce qui ne gâte rien ! A voir sur Canal + Séries durant tout le mois d'août ou en DVD aux éditions Warner Home Video.

Pauline R.

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