- Sortie : 17 août 2016
- Titre original : Pete's Dragon
- Réalisateur : David Lowery
- Scénaristes : David Lowery et Toby Halbrooks
- Acteurs : Oakes Fegley, Brice Dallas Howard, Karl Urban...
- Compositeur : Daniel Hart
- Genre : Tarzan et Grognon le bouffon
- Pays : Amérique
- Durée : 2h
Déjà ça commence mal. Le petit Peter et ses parents sont en voiture et roulent tranquillement dans la forêt. Et soudain, c'est l'accident. Pof ! Kaputt papa et maman ! Voilà petit Peter seul et éploré dans la grande forêt noire, avec le cadavre de ses parents encore fumant dans la bagnole en miettes. Ça fait pas cinq minutes que le film a démarré et on est déjà dans le pathos jusqu'à la trogne.
Heureusement pour notre gamin, il y a un être magique qui vit dans cette forêt et qui aime donner le sein aux petits orphelins. C'est un gigantesque dragon vert aux bons yeux de saint-bernard que Peter décide de baptiser Elliott. Là-dessus, six années se passent. Nos deux camarades vivent ensemble dans les bois, tout en pagne et tignasse pour l'un, tout en poils verts et crachats de feu pour l'autre. Jusqu'au jour où Grace, la garde forestière du coin, découvre l'existence du mioche...
Ce film est un remake du Peter et Elliott le dragon des studios Disney de 1977. Dans la version 77, Peter était un jeune orphelin échappé de sa famille d'accueil (une bande de dégénérés limite consanguins qui le maltraitait). Après s'être lié d'amitié avec un gentil dragon vert, le jeune garçon débarquait dans la pittoresque ville de Passamaquoddy. Il y rencontrait Nora et son père Lampie, les gardiens du phare local. Après moult péripéties, Nora adoptait Peter et Elliott s'en retournait à sa vie de dragon volant. Sans être un chef-d'œuvre, cette version, qui plaçait son action au début du XXe siècle, était gaie, colorée, rythmée, ultra-kitsch et parfois pataude mais sympathique et efficace. Rien à voir avec celle d'aujourd'hui qui, par comparaison, se traîne et s'échine comme un vieux dragon arthritique.
Dès le départ, il y a de graves problèmes de crédibilité de l'histoire. Premièrement, on se demande comment Peter, qui doit avoir 4-5 ans au moment de l'accident mortel de ses parents, peut continuer, après 6 années passées à ne converser qu'avec un dragon - lequel, hormis quelques " brumpf " ou " mowow " ou " ahahch ", a a priori un vocabulaire assez limité - de parler un aussi pur anglais. Deuxièmement, comment ce gamin, seulement vêtu d'une espèce de sarong rapiécé, a-t-il bien pu faire pour survivre aux hivers qu'on imagine rudes vu la région montagneuse et enneigée qui est présentée ? Il s'est enseveli dans la terre ? Il a hiberné entre les fesses du dragon ? C'est quoi l'idée ?
Ensuite, il y a des maladresses au niveau du scénar. Dans le Peter et Elliott le dragon de 77, le gamin répondait à l'archétype de l'orphelin façon Oliver Twist/Huckleberry Finn ce qui était fort pertinent ; le récit insistait sur le lien qu'il nouait avec Nora ; l'idée du phare - la lumière dans la nuit - s'avérait judicieuse pour symboliser le sauvetage du gosse. Le Peter du film de 2016 incarne, lui, l'archétype du petit sauvage, qu'on s'est déjà tapé plusieurs fois cette année (avec Le Livre de la Jungle et Tarzan notamment). Il commence à devenir lassant ce trip de l'enfant-loup ou de l'enfant-singe ou de l'enfant-phacochère qui s'élève tout seul dans la nature. Surtout que ça entraîne obligatoirement tout un tas de scènes chiantes d'apprentissage et de re-civilisation du sauvageon à qui on enseigne comment manger, se laver les dents, faire popo, etc.
En outre, au lieu de développer ce qui se passe entre Peter et la garde forestière - sa figure de substitution maternelle - on nous fout une affreuse gamine entre les pattes avec laquelle Peter joue à pigeon-vole et à cache-tampon. Cette môme, qui ressemble à celles de Shining, est si horripilante qu'on a envie de lui dévisser la tête à coups de taloches. Quant aux autres personnages, ils sont tous tellement glands qu'on se prend à souhaiter que Peter reste plutôt avec sa grande bébête verdâtre.
Par ailleurs, toujours au niveau scénar, on sent que David Lowery ( Les amants du Texas), à l'instar de Peter Jackson pour son King Kong de 2005 dont on parlait récemment, a voulu ratisser large et qu'il a pioché des idées un peu partout : E.T. pour le lien privilégié qui unit un enfant et un être supraterrestre, L'Histoire Sans Fin pour le côté gentil dragon protecteur, Bigfoot et les Henderson pour l'aspect vaguement écolo et années 80, King Kong pour la capture mélodramatique de la grande bestiole, L'Enfant Sauvage pour la réadaptation difficile du gamin au monde civilisé... On est donc dans du déjà-vu, et ça rend l'ensemble tarte et laborieux. On a l'impression que c'est un sous-assistant stagiaire qui a réalisé ce navet.
Enfin, il y a un sérieux problème de rythme et de jeu. Hormis Robert Redford - mais qu'est-il venu dans cette galère ? - tous les acteurs jouent comme des râpes à fromage. Et puis c'est lent, c'est lent, c'est lent. Les scènes sans intérêt s'enchaînent à vitesse d'escargot. Tout du long, on se dit que le film va bien finir par démarrer. Eh ben non, il ne démarre pas. Et au moment où on songe à aller s'ouvrir les veines dans les toilettes du cinéma arrive enfin la scène finale. Et là, c'est du lourd ! On ne vous dira pas ce qui se passe pour ne pas vous la spoiler, mais sachez que c'est tellement ridicule que ça confine au grand art. Là, il s'est surpassé le Lowery, il a tout donné !
Pour conclure, on peut donc dire qu'il n'y a rien à sauver dans ce film. Il est d'une telle nullitude qu'à côté, un épisode des Télétubbies, c'est Citizen Kane. Même la bande-son est à se couper les lobes de gnangnantisme.
Note pour Disney : franchement, les gars, si c'est pour pondre de telles fientes, arrêtez de nous faire des remakes !
Bande-annonce de Peter et Elliott le dragon :