Présenté cette année aux festivals de Cannes et d'Annecy , La Tortue Rouge de Michael Dudok De Wit raconte la vie d'un naufragé. Et voici ma critique.
J'avais brièvement évoqué La Tortue Rouge dans un précédent article au sujet du Festival du Film d'Animation d'Annecy. Sa sortie sur grand écran était l'occasion de le revoir dans un autre contexte et surtout, de donner un avis plus détaillé sur ce film où les paroles s'effacent devant les mélodies. C'est le premier long métrage du réalisateur Néerlandais qui s'est entouré ici de Pascale Ferran - qui a co-écrit le scénario - et d' Isao Takahata, des Studio Ghibli. Une belle équipe au service d'un drame plein de poésie.
Pas si seul au monde
Dans La Tortue Rouge, le postulat de départ est très simple. Au milieu d'un océan en colère, un naufragé lutte pour sa survie. Après un combat contre les vagues, il finit par échouer sur une plage où naissent de petites tortues. La nature est hostile. Tout n'est que sable, roches et bambous. La compagnie est réduite à quelques crabes joueurs. L'homme se fabrique un radeau pour s'échapper mais une mystérieuse créature détruit l'embarcation. Le scénario se reproduit plusieurs fois et l'homme découvre que la créature en question est une grande tortue rouge.
Comme elle l'empêche de fuir, il la laisse mourir dès que l'occasion se présente (un moment très douloureux du film). Elle renaît bientôt sous la forme d'une jeune femme aux cheveux de feu. Dans cette proximité de l'homme avec la nature, on reconnaît bien le style de Takahata, réalisateur de La Princesse Kaguya, où une petite nymphe trouvée dans un bambou se transforme en petite fille avant de retourner à la lune, son véritable élément. Cette ode à la nature trouve son accomplissement dans la naissance de L'Enfant du couple, un être à la fois humain et animal, qui nage aussi bien qu'il court.
D'amour et d'eau salée
Parlons de la plus grande particularité de La Tortue Rouge : l'absence de dialogue (non, on ne compte pas L'Enfant qui crie " héééééé "). Ce n'est pas pour autant un film silencieux. Les bruits de la nature sont omniprésents, ainsi que la musique, composée par Laurent Perez Del Mar (à qui l'on doit, entre autres, les bandes originales de Zarafa ou encore Tout Pour Etre Heureux) dont le rythme remplace largement les mots que pourraient prononcer les personnages. Les expressions des visages sont ténues et pourtant, elles suffisent à faire passer beaucoup d'émotions.
Dans La Tortue Rouge, tout est à la fois minimaliste et d'une grande précision. La scène d'ouverture, qui rappelle les célèbres Vagues d'Hokusai, est impressionnante : l'océan gronde et le personnage est perdu dans cette immensité tourbillonnante. Lorsque le temps est clair, la mer est un miroir, une douce aquarelle qui n'enlève rien pour autant à la toute puissance de la nature. Les humains sont dépendants d'elle et sont logés à la même enseigne que les autres créatures de l'île : ils ne sont pas là pour des vacances de rêves. Ils doivent s'adapter et survivre. Au milieu de cette nature luxuriante, destructrice et indifférente, la petite famille va traverser toutes les grandes étapes de la vie et construire un foyer .
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Critique - La Tortue Rouge
- Les graphismes
- L'incroyable sens du rythme
- Un film poétique et spirituel
- Le style "sans paroles" pourra en dérouter certains
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- Titre : La Tortue Rouge
- Année de sortie : 2016
- Style : Animation, drame
- Réalisateur : Michael Dudok De Wit
- Synopsis : À travers l'histoire d'un naufragé sur une île déserte tropicale peuplée de tortues, de crabes et d'oiseaux, La Tortue rouge raconte les grandes étapes de la vie d'un être humain.