Alors qu’un nouveau remake serait en préparation, revenons sur le film culte Scarface version De Palma qui a définitivement consacré Al Pacino, au point d’avoir son image placardée dans les chambres des ados !
Dans les années 70, Brian De Palma a explosé dans le cinéma de genre avec Carrie et entame les années 80 de belle manière avec Pulsions et Blow Out. Alors qu’il allait attaquer le tournage de Flashdance, il abandonne le projet après avoir reçu le scénario de Scarface par Oliver Stone que venait de laisser tomber Sidney Lumet à cause d’une violence trop prononcée. Il faut dire que le futur réalisateur de Platoon en pleine addiction à la drogue n’y va pas avec le dos de la cuillère dans cette histoire de réussite phénoménale d’un gangster de Miami, remake déguisé du film d’Howard Hawks et de l’ascension d’Al Capone.
Après avoir un temps considéré John Travolta, c’est finalement Al Pacino qui obtient le rôle titre alors que le premier rôle féminin fait l’objet de toutes les attentions mais est régulièrement refusé en raison de la violence du film. Il sera finalement offert à la débutante Michelle Pfeiffer qui sort tout juste de la suite sans grand intérêt de Grease. C’est alors parti pour un tournage en Floride avec une équipe inspirée par un script prenant.
Scarface débute donc avec l’arrivée de Tony Montana et de son meilleur ami Manny sur le sol de Miami. Petits malfrats, ils vont grimper petit à petit les échelons, en particulier Tony qui va alors devenir le maître de la pègre de Miami, se faisant autant d’ennemis parmi ses proches (sa sœur envers qui il se montre beaucoup trop protecteur tombe dans les bras de son meilleur ami) comme parmi ses concurrents, tout en profitant des filles (il tombe amoureux d’Elvira qu’il va entraîner dans sa chute), s’enfonçant peu à peu dans la drogue et s’isolant du reste du monde jusqu’au point de non retour.
Bref, c’est une histoire de gangster assez traditionnelle finalement mais qui, de par son contexte (Miami), sa violence (une scène de tronçonneuse particulièrement violente), sa musique (Gorgio Moroder) et son interprétation (Al Pacino impérial), se révèle particulièrement marquante, d’une efficacité redoutable. Car il est en effet simple pour n’importe qui et en particulier ceux qui rêve de gloire facile dans un contexte difficile, de s’identifier à ce caïd alors que ceux qui recherchent un peu plus de tragédie grecque (cette relation presque incestueuse à sens unique entre Tony et sa sœur qui entraînera sa chute) en auront aussi pour leur argent.
Finalement, c’est surtout la patte de De Palma qui va manquer à Scarface. Car si le réalisateur se montre comme toujours efficace, il efface ici presque complètement son style et ses obsessions pour livrer une mise en scène toute au service du script et de la violence choquante d’Oliver Stone (alors qu’on le connait habituellement plus onirique et sensuel dans la violence) et de l’interprétation d’Al Pacino qui imprègne vraiment tout le film. Il faudra donc attendre les Incorruptibles pour trouver une touche plus personnelle de De Palma dans un film de gangster ou encore l’Impasse où il retrouvera Al Pacino pour interpréter à nouveau un gangster en fin de vie dans ce qui aurait pu être une suite non officielle et plus réussie de Scarface.
A sa sortie, le film est généralement conspué par la critique pour sa violence graphique trop présente et a faillit lui valoir une classification « X» aux Etats-Unis. Mais cela ne va pas empêcher Scarface de cartonner au box office ! Devenant alors le film emblématique des années 80 de De Palma qui enchaînera ensuite avec Body Double, il devient même un phénomène de société, le poster de Tony Montana trônant dans de nombreuses chambres d’ados qui se reconnaissent dans le personnage et rêvent d’une ascension aussi fulgurante, ayant même le droit, plus de 20 ans plus tard, à une adaptation en jeu vidéo. Il est depuis, l’un des films classés régulièrement dans les top des meilleurs films et clairement l’un des remake ayant largement supplanté l’original. Devant ce succès populaire et cette présence toujours aussi importante dans la culture urbaine, il n’est donc pas étonnant qu’Hollywood y voit maintenant à nouveau l’opportunité d’un remake.