Structure & personnage

Par William Potillion @scenarmag

Robert McKee sur les fonctions de la structure et des personnages.

La fonction de la structure

Pour Robert McKee, la structure a essentiellement une fonction organique. Elle fournit le cadre entre les limites duquel des forces à l’intensité progressive forceront les personnages dans des dilemmes de plus en plus difficiles.

Ils devront faire des choix, prendre des risques. Graduellement, leur vraie nature sera révélée. Au-delà de leur persona, la structure permettra aux personnages de mettre au jour leur inconscient.

La fonction du personnage

La fonction du personnage consiste à exposer ses caractéristiques de façon à représenter de manière crédible ses choix. Des qualités aussi diverses que dans la vie réelle doivent offrir une combinaison équilibrée pour permettre à un lecteur de croire que le personnage est légitime dans ce qu’il fait.
Par exemple, on ne s’attend pas à ce qu’un homme d’une soixantaine d’années prenne les mêmes décisions qu’un jeune homme d’une vingtaine d’année. L’expérience influe énormément sur les choix à faire selon les situations.

Structure & personnages sont liés

Les événements qui articulent l’histoire sont créés à partir des choix que les personnages font lorsqu’ils sont sous pression.
De ces choix dépendent leurs actions.

L’arc dramatique d’un personnage consiste à le voir évoluer, changer au cours de l’histoire. Ce changement, cette révélation intime de leur vraie personnalité, se manifeste à travers les décisions qu’ils prennent lorsqu’ils sont en situation de stress.

Lorsque vous modifiez les événements, ces nouveaux événements ne correspondent plus au personnage.
Et lorsque vous changez profondément la personnalité d’un personnage, les événements dont il est à l’origine sont également modifiés.

En d’autres mots, lorsqu’un personnage est radicalement modifié au cours d’une réécriture, vous devrez réinventer la structure pour exprimer concrètement ce changement de nature.

Robert McKee prend l’exemple d’un personnage qui lors d’une scène choisit de dire la vérité.
Lors d’une réécriture, l’auteur décide cependant que son personnage mentira au cours de cette scène.
La plupart des caractéristiques qui décrivent le personnage seront identiques d’une version à l’autre. Mais, cependant, l’une d’entre elles sera profondément changée.

En effet, alors que le personnage apparaissait foncièrement honnête lors de la première version, la réécriture fait de lui un être capable de mentir.
Cette immoralité fait du bien à la définition du personnage.

Cependant, en inversant l’événement, l’auteur crée un tout nouveau personnage.

Retravailler un personnage, c’est réinventer l’histoire

Si l’auteur s’aperçoit que son personnage ne s’accorde pas avec l’histoire qu’il raconte, il peut être inspiré par le redéfinir, lui fournir un nouveau profil psychologique.

Dans ce cas, il s’avérera en fin de compte que changer un personnage, c’est aussi réinventer son histoire.
Parce que le personnage fera d’autres choix. Ses actions ne seront plus les mêmes.  En fait, le personnage va vivre une toute nouvelle histoire.

La construction des événements (c’est-à-dire la structure) et la construction du personnage se font écho. Pour Robert McKee, un personnage ne peut être exprimé en profondeur qu’à travers l’histoire.

Le genre de l’histoire influe sur la définition du personnage

La relative complexité d’un personnage est lié au genre. Dans les histoires où l’action prédomine, par exemple, une analyse en profondeur du personnage peut détourner l’attention du lecteur.

Si votre thème porte sur la rédemption, par exemple, c’est l’inverse qui est nécessaire. En effet, un personnage trop simple ne permet pas de pénétrer la nature humaine qu’exige un tel thème.

Certes, l’exploration de la nature humaine est autrement plus difficile mais ô combien passionnante…