Le coup de coeur du 69ème Festival de Cannes primé de la Caméra d'Or par le jury de Catherine Corsini ce film est comparé au culte (mais surestimé !) "La Haine" (1995) de Mathieu Kassovitz, à chacun sa génération... Réalisé par Houda Benyamina au parcours aussi atypique que courageux ce film est avant tout un cri du coeur mais qui n'est jamais franchement manichéen ni (surtout) politisé. Emmené par un trio d'actrice exceptionnelles (Ouleya Amamra, Deborah Lukumuena et Jisca Kalvanda) qui prouve s'il en est que la réalisatrice est aussi incroyable dans la direction d'acteur que dans son idée de mise en scène. Ouley Amamra (qui est la soeur de la réalisatrice !) et Deborah Lukumuena forme le duo d'amies qui veulent faire "money money money" pour sortir de leur cité. La réalisatrice affirme s'être inspiré de Laurel et Hardy, soit créer "dans le paradoxe des corps, avec la petite gringalette qui rêve de puissance et la plus "imposante" qui n'est que douceur." Leur mentor pour le deale est l'autre excellente idée. Pour une fois le caïd de cité n'est pas un reubeu mais une jeune femme black interprétée avec panache et charisme par Jisca Kalvanda. L
a réalisatrice impose son film comme féministe en plaçant des racailles masculins comme des pions dans le sillage de la dealeuse et en plaçant le personnage le plus "féminin" avec un danseur qui est du monde hors cité. Houda Benyamina a mis 3 ans pour écrire son scénario et on ressent le besoin viscéral de raconter un maximum de choses au risque de se perdre dans des méandres inextricables. Car la réalisatrice-scénariste intègre des paramètres à multiples niveaux allant d'une réflexion sur la foi (Maïmouna est croyante mais semble ne pas tout comprendre) au pur thriller (Dounia devient prête à tout) en passant par une déclaration d'amour à l'art (via danse et cinéma) avec évidemment cette idylle pas comme les autres (pouvoir des sexes inversées !). Le film offre des moments de fulgurances et de grâces (antagonisme entre amour et danse avec le monde de la cité) parfois inouïes pour un récit audacieux qui frôle parfois la maladresse (une jeune femme aussi puissante en cité ?! cette fin où décidément les racailles de cité ne comprennent rien à rien, pousser le bouchon jusqu'à faire vivre la famille de Dounia dans un bidonville,... etc...). Mais une chose est sûre, "Divines" mérite bel et bien son prix de Caméra d'Or. Houda Benyamina signe un film fort et intelligent, audacieux sur bien des points. "La Haine" se retrouve bien loin derrière pour ces "Divines" qui ont du clitoris !
Note :
Critiques De Films
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