À trente-trois ans, Mathieu ne sait pas qui est son père. Un matin, un appel téléphonique lui apprend que celui-ci était canadien et qu’il vient de mourir. Découvrant aussi qu’il a deux frères, Mathieu décide d’aller à l’enterrement pour les rencontrer. Mais, à Montréal, personne n’a connaissance de son existence ni ne semble vouloir la connaître…
« La famille, c’est d’abord le lieu du secret, le monde du silence » explique Philippe Lioret, qui, avec Le Fils de Jean, met en scène un voyage particulier empreint de mystère, de non-dits, et de rencontres solaires inespérées.
On retrouve ici la même délicatesse et la sobriété que Lioret avait employées pour conter Je vais bien ne t’en fais pas, un autre drame familial construit autour d’énigme et de révélation finale. Le cinéaste séduit à nouveau par la douceur avec laquelle il filme ses personnages sans jamais les juger, des personnages que l’on aime jusque dans leurs fêlures et dans leurs quêtes improbables.
Par son écriture ciselée, ses interprètes formidablement inspirés (Pierre Deladonchamps tout en retenue, Gabriel Arcand généreux bourru au coeur tendre), sa réalisation sans fioriture et pourtant si maîtrisée, Lioret parvient à rendre ses personnages familiers au regard des spectateurs qui partagent leur intimité avec une bien jolie pudeur.
Il faudrait aussi parler des paysages canadiens infinis propices au silence, du lac meurtier, des engueulades fraternelles, de l’absence paternelle, de la figure maternelle bienveillante et lucide, des dialogues rompus, des regards lourds de sens… Mais le plus convaincant reste encore de partir à la rencontre du Fils de Jean, subtil et bouleversant.
Sortie le 31 août 2016.