[Venise 2016] Jour 2 : Eloge du phare

L’intrigue du nouveau film de Derek Cianfrance, Une vie entre deux océans, présenté en compétition à la 73ème Mostra de Venise, se déroule en grande partie dans un phare, sur une petite île des Antipodes.
Un phare, c’est très pratique. Cela permet aux bateaux de se repérer pendant les tempêtes et d’éviter de s’échouer sur les rivages. C’est un peu comme les festivals de cinéma, qui permettent aux cinéphiles du monde entier de naviguer sur les flots tumultueux du septième art, en mettant dans la lumière les films qui le méritent.

Premier contact - 2

Ainsi, en ce 1er septembre, les festivaliers vénitiens ont pu voguer en toute confiance vers Arrival (Premier contact), le nouveau film de Denis Villeneuve, une fable de science-fiction riche et complexe, doublée d’une oeuvre intimiste subtile, qui ringardise tous les blockbusters formatés façon Independance days. Ils n’ont pas été déçus par la traversée, qui impose un peu plus le cinéaste canadien comme un auteur majeur. Si le jury a été aussi séduit que les spectateurs, on devrait le retrouver au palmarès, au moins pour récompenser la performance d’Amy Adams, remarquable en professeure hantée par la mort de sa fille.
(Lire notre critique)

THE LIGHT BETWEEN OCEANS

Pour éviter les écueils du pathos et des romances sirupeuses qui caractérisent trop de mélodrames hollywoodiens, le public de la Mostra a également pu naviguer avec Derek Cianfrance et les personnages tourmentés d’Une vie entre deux océans, incarnés avec grande justesse par Alicia Vikander, Rachel Weisz et Michael Fassbender. On déplore toutefois la perte des cinéphiles totalement allergiques au genre, qui ont préféré se saborder plutôt que d’aller voir ça… (Lire notre critique)

[Venise 2016] Jour 2 : Eloge du phare

Les cinéphiles courageux et les vieux loups de mer habitués aux eaux cinématographiques les plus extrêmes ont mené leurs barques jusqu’à Prevenge, une comédie noire déjantée signée par Alice Lowe, l’actrice de Touristes, et présentée en ouverture de la Semaine de la Critique, ou vers Hounds of love, de Ben Young, présenté dans le cadre de Venice Days.
Nous avons opté pour ce dernier, qui nous a emmené jusqu’à Perth, charmante petite banlieue australienne, si l’on oublie les deux protagonistes du récit, un couple de quadragénaires qui a pris la fâcheuse habitude d’enlever des jeunes filles pour les violer, les torturer et les tuer. Le film, inspiré des Moorhouse Murders qui ont défrayé la chronique dans les années 1970, s’attarde sur leur dernière proie, une adolescente rebelle qui a compris que, pour avoir une chance de s’en sortir, elle doit tenter de manipuler ses geôliers et les monter l’un contre l’autre. Inutile de préciser que le récit n’est pas une partie de plaisir. C’est une oeuvre brutale, malsaine, parcourue par une tension constante, qui nous fait découvrir le talent singulier d’un jeune cinéaste prometteur.

Les beaux jours d'Aranjuez - 2

Parfois, hélas, il arrive que les gardiens de phare n’aient pas pensé à changer les ampoules… En navigant confiants vers le nouveau long-métrage de Wim Wenders, Les Beaux jours d’Aranjuez, les cinéphiles se sont échoués contre une oeuvre prétentieuse et ennuyeuse, ont été entraînés dans des tourbillons d’images, ont essayé en vain de s’accrocher à un relief inexistant et  se sont noyés dans un océan verbeux insupportable (Lire notre critique). On peut parler de naufrage, alors que le film faisait partie des oeuvres les plus attendues de la quinzaine vénitienne.

Allez, on nage vers d’autres rivages, on se met au sec et on repart pleins d’espoir pour une troisième journée de projections qui s’annonce pleine de promesses!

A demain pour la suite de ces chroniques vénitiennes.

[Venise 2016] Jour 2 : Eloge du phare