A ne pas confondre avec le magnifique film (plus hollywoodien) "La Charge de la Brigade Légère" (1936) de Michael Curtiz avec Errol Flynn et O livia De Havilland qui traitre du même sujet de façon plus romancée. Le sujet étant "La solitude du coureur de fond" (1962) et la charge catastrophique de la brigade légère britannique pendant la guerre de Crimée en 1854 et dont toutes les causes et conséquences sont encore étudiées en école militaire aujourd'hui, et qui donnera un des poèmes les plus célèbres de la langue anglaise signé Alfred Tennyson. A contrario de Michael Curtiz le réalisateur britannique Tony Richardson, qui s'est fait connaitre avec les films "Tom Jones" (1963), choisit d'être le plus réaliste possible tout en optant pour un pamphlet violemment anti-militariste. Le générique annonce la couleur en usant d'animation reproduisant les estampes de propagande stylées époque victorienne. Ces petits intermèdes animés reviendront de temps à autre pour se moquer et montrer le paradoxe entre la propagande militariste et les faits sur le terrain. Pour ce film au budget conséquent le réalisateur réunit un casting peu starisé au grand public mais au combien prestigieux composé des plus grands acteurs britanniques.
Citons le grand John Gielgud (grand spécialiste de Shakespeare), Trevor Howard ( grand acteur dont la longue carrière sera marquée par David Hemmings avec lequel elle a joué dans les films David Lean réalisateur de "Brève Rencontre" en 1945 et "La Fille de Ryan" en 1970), les frère et soeur Colin et Vanessa Redgrave (alors épouses du réalisateur et qui font jouer dans le film leurs filles Joely et Natasha Richardson - morte en 2009). Vanessa Redgrave qui retrouve pour l'occasion son partenaire "Blow-up" (1966) de Michelangelo Antonioni et "Camelot" (1967) de Joshua Logan. Tony Richardson a de l'ambition sur le fond et de l'audace dans la forme. Outre les séquences animées, le réalisateur utilise exactement 670 cavaliers soit le nombre exact qui compose la brigade légère, il pousse la précision jusqu'à interdire le maquillage pour les hommes et pour les femmes juste du maquillage employé à l'époque victorienne ! On pense effectivement de temps à autre à un certain Stanley Kubrick et son "Barry Lyndon" (1975). Mais le plus intéressant est le fond du propos tenu par Tony Richardson qui pousse à l'humour noir et cynique via sa propagande estampillée 19ème siècle mais aussi à l'hyper réalisme saupoudré à la bêtise humaine et narcissique qui parasite les relations hiérarchiques, causes aussi stupides que grotesques pour des conséquences désastreuses à tous points de vue. Même le personnage du capitaine Nolan (Hemmings) présenté comme le héros n'est pas exempt de défaut. En effet il est tout aussi narcissiquue, sûr de lui voir arrogant qui fait montre d'assez peu d'humanité finalement et qu'on devine pouvoir être un futur Lord Cardigan (Trevor Howard) présenté lui comme le monstre idiot et guerrier. Pour montrer toutes ses tares militaires Tony Richardson le film se découpe en deux parties distinctes. La première où on découvre l'apprentissage à la caserne et les coulisses inter-hiérarchie, la seconde où on se prépare "stratégiquement" à la bataille avant la charge fatidique. Tony Richardson signe un grand film dont l'intelligence de fond comme de forme donne un film historique de première importance qui manque sans doute d'un soupçon de romanesque pour en faire un réel chef d'oeuvre. Néanmoins ce film est un monument à voir et à conseiller.
Critiques De Films
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