L’economie du couple – 14,5/20

Par Taibbo

De Joachim Lafosse
Avec Bérénice Bejo, Cédric Kahn, Marthe Keller

Chronique : Avec ce titre qui ressemble à un intitulé de thèse universitaire, Joachim Lafosse annonce la couleur. Son Economie du Couple est âpre, intime, sec et brutal. La radiographie frontale d’un couple en phase terminale. En disséquant le quotidien de Marie et Boris, obligés de cohabiter pour des raisons financières et pris au piège d’un mariage qui n’est plus qu’agacements et détestation, le réalisateur ne se contente pas de dépeindre la déliquescence d’une relations, mais il confère à son récit une dimension sociale, sans forcer le trait. Même se séparer est plus simple quand on a de l’argent…
Cela pourrait être plombant, caricatural, ça ne l’est absolument pas. Tout sonne juste, tout fait vrai.
« Pourtant je l’aimais », dira Marie à ses amis dans un sanglot. Sans rien en dire, Lafosse suggère la passé du couple, on devine les étapes franchies et les épreuves traversées pour en arriver là, cette situation inextricable où tout devient compliqué, garder ses nerfs, faire bonne figure devant les enfants. Ce qui se passe sous nos yeux est à la fois terriblement banal et infiniment douloureux.
On pourra reprocher au film quelques longueurs, il a sans doute vingt minutes de trop, mais il est formidablement porté par un duo d’acteur d’une remarquable authenticité, au service de personnages à la fois complexes, entiers et ordinaires. Bérénice Béjo se construit au passage une carrière étonnante. Délaissant depuis quelques années la comédie, genre qui l’a fait connaître (Meilleur Espoir, OSS, The Artist…), elle se révèle en grande actrice dramatique, précise et émouvante. Après le Passé, L’Economie du Couple renforce sa légitimité et justifie cette émancipation radicale qui force le respect.

Synopsis : Après 15 ans de vie commune, Marie et Boris se séparent. Or, c’est elle qui a acheté la maison dans laquelle ils vivent avec leurs deux enfants, mais c’est lui qui l’a entièrement rénovée. A présent, ils sont obligés d’y cohabiter, Boris n’ayant pas les moyens de se reloger. A l’heure des comptes, aucun des deux ne veut lâcher sur ce qu’il juge avoir apporté.