Second long métrage en langue étrangère pour François Ozon après "Broken Lullaby" (1932) de"Angel" (2007) dans lequel, rappelons-le, il faisait jouer Michael Fassbender avant qu'il ne devienne une star. Cette dois il s'attaque à l'allemand (langue que le réalisateur parle un peu) pour un remake avoué de Ernst Lubitsh lui-même adapté de la pièce de théâtre "L'homme que j'ai tué" (1930) de Maurice Rostand (fils de Edmond auteur de "Cyrano de Bergerac"). A la différence du happy end et du point de vue français de chez Lubitsh (réalisateur allemand avant de deveir américain) François Ozon a la très bonne idée de se démarquer en choisissant le point de vue allemand tout en offrant un face à face culturel particulièrement judicieux. N'oublions pas que l'histoire se déroule dans l'exact après guerre en 1918-1919, le film est en cela un parfait écho au chef d'oeuvre "Le Ruban B lanc" (2009) de Michael Haneke qui se déroule dans l'Allemagne à la veille de 14-18 et dont le noir et blanc accentue la parenté. Néanmoins François Ozon n'est pas dans le même genre et signe là un mélo historique dépourvu de ce qui habite ses films précédents. En effet ni humour noir, ni cynisme, ni satire mais juste un drame post-Première Guerre Mondiale où l'humain reste au centre des considérations.
Note :Premièrement il ne s'agit pas vraiment d'un film en noir et blanc puisqu'il y a plusieurs passages en couleur. Petit bémol pour ce choix, outer que le Noir et Blanc est un peu moins beau que "The Artist" ou justement "Le Ruban Blanc", mais surtout on reste pensif sur le choix de la couleur. Pourquoi avoir choisi la couleur pour certains passages qui ne semblent pas avoir de lien thématique ?! De courtes séquences où on ne décèle pas de justification entre NB et couleur (bonheur/malheur, France/Allemagne, vérité/mensonge... ?!). A priori le noir et blanc fut choisi d'abord par soucis économiques (ce dont on doute fortement) mais encore faut-il user d'une raison intéressante pour passer du NB à la couleur... Traumatisé par la guerre le français Adrien décide d'aller demandé pardon à une famille allemande dont il a tué le fils et fiancé Franz (le T de Frantz du titre étant une erreur originelle gardée par la suite pour le lien franco-allemand), cependant sur place la famille croit qu'il était un ami du défunt et Adrien se laisse prendre dans le mensonge tandis que l'animosité des habitants envers le français traduit le douloureux après-guerre... Adrien est interprété par l'omniprésent Pierre Niney qui a appris l'allemand et le violon pour les besoins du film. Les parents de Franz sont joués par le couple Ernst Stötzer et Marie Gruber, acteurs allemands connus essentiellement outre-Rhin et surtout la France connait maintenant la jolie Paula Beer (ressemblance frappante avec l'actrice française Astrid Bergès-Frisbey) qu'on a pas vu dans rôle coupé au montage) mais qui a joué aussi dans le western allemand "Sous le sable" (2000), "Le temps qui reste" (2005) ou "Le refuge" (2010). "Frantz" est un mélo dense et émouvant bien que dramatique, il manque sans doute juste une pincée de cohérence NB ou couleur) et surtout d'un peu plus de passion (parents endormis, rythme monotone en toute situation). Néanmoins François Ozon signe encore un film riche dans la forme et surtout dans le fond avec une histoire dans l'Histoire qui travaille toujours nos subconscients. "Diplomatie" (2014) de Völker Schlöndorff ( "The Dark Valley" (2015) de Andreas Prochaska. Ozon signe un mélo touchant sur les conséquences de la guerre (traumatismes divers, destructions, haine de l'autre, gueules cassées...) grâce à un scénario intelligent et prenant qui n'est jamais manichéen. En effet après l'Allemagne la belle épleurée Anna part en France pour une comparaison convaincante tandis que Adrien sera la conclusion finale que n'attendait pas forcément la jeune allemande. Bien que Ozon change de registre plus ouvertement qu'à son habitude il y est pourtant encore question du deuil, comme dans les films
Critiques De Films
" Article précédentArticle suivant "