Fabriquer un personnage

Par William Potillion @scenarmag

Tous les personnages possèdent les mêmes attributs importants. Mais il faut comprendre que le lecteur n’a pas à connaître toutes les informations qui pourraient définir un personnage.

On entend souvent qu’il faut montrer plutôt que de dire. Il est souvent difficile de comprendre ce que cela signifie précisément.
Le brainstorming c’est-à-dire se poser et répondre à une série de questions est habituellement un bon moyen de faire la différence entre montrer et dire.
Il existe des questions de toutes sortes sur les aspects physique, émotionnel et biographique d’un personnage.
Les réponses serviront de guide fort utile lorsque vous en serez à écrire votre histoire.

Le sexe du personnage

Les lecteurs ont tendance à s’identifier aux personnages du même sexe qu’eux. Mais ce n’est heureusement pas une règle. Les lecteurs sont aussi très satisfaits avec des personnages aux sexes opposés.

Ce qui importe est qu’un lecteur s’identifie avec les problèmes et les objectifs des personnages.
Lorsqu’une empathie est créée, que le personnage soit masculin n’empêchera pas une lectrice de participer à l’histoire par personnage interposé.
Et réciproquement.

Ce qui est intéressant à faire est d’inclure dans la fiction des personnages masculins et féminins. Ainsi, un lecteur ou une lectrice pourront devenir l’un ou l’autre des personnages.

L’âge du personnage

C’est aussi une caractéristique importante. Certains genres tels que les histoires pour enfants exigent que l’âge corresponde à celui du public visé.

Mais rien n’interdit qu’un lecteur plus âgé que le protagoniste ne puisse comprendre les tourments qui l’assaillent.
Car nous pouvons toujours nous identifier en regard de nos expériences vécues.

Evidemment, l’inverse est plus délicat. En tant qu’auteur, on ne peut espérer qu’un jeune lecteur ou une jeune lectrice puisse percevoir une expérience qu’ils n’ont pas encore éprouvée.

Mais, selon votre histoire, un vieux héros peut se souvenir de sa jeunesse dans des flashbacks. Un lien pourrait alors se créer.

L’objectif du personnage

C’est en quelque sorte sa mission dans l’histoire. Pourquoi est-il motivé envers cet objectif est une question que l’on doit se poser. En effet, l’objectif et la motivation sont deux éléments différents.
Voir à ce sujet :
DRAMATICA : LA THEORIE EXPLIQUEE (16)

Que peut être cet objectif ?
Gloire, fortune, amour… ou simplement décrochez un job.

Habituellement, toute l’histoire est tournée vers le but du protagoniste. Mais, bien souvent, celui-ci n’est qu’une condition sous-jacente d’un thème.

L’idée, ici, est que le but affecte le comportement du héros. Mais, bien que nous soyons impatients de savoir s’il réussira ou non cet objectif, le véritable objet de l’histoire n’est pas l’objectif.

Car ce qui intéresse le lecteur concerne le défaut dans la personnalité de ce héros. Une faille, une faiblesse qui rend le personnage bien plus intéressant à suivre.
A voir à ce sujet :
JOHN TRUBY SUR LA FAIBLESSE DU PERSONNAGE

La faille du  personnage

L’objectif fait avancer le héros. C’est quelque chose qu’il veut absolument accomplir quelles que soient les raisons qui l’animent.
Il existe cependant dans sa personnalité un défaut.

Et ce défaut limite l’efficacité du personnage tant qu’il ne parvient pas à aller au-delà. A intégrer en lui ce qui représente à ce jour sa plus grande faiblesse. En d’autres termes, son talon d’Achille est d’ordre psychologique ou du moins émotionnel.

Cette faille crée un conflit interne qui interfère entre ce qu’il veut faire et ce qu’il est capable de faire. Il vous reste alors à trouver un défaut qui va correspondre à votre histoire.

Il en existe plusieurs. Par exemple,

  • Un manque de confiance en soi. Le personnage doute de ses capacités.
  • Un manque d’estime de soi. Le personnage doute de sa valeur.
  • Un sentiment d’insécurité. Quelle que soit la situation, il est toujours soucieux, inquiet.
  • De la naïveté. Ainsi, le cheminement d’un personnage naïf vers une maturité peut s’accomplir à travers son arc dramatique.
  • Une incapacité à faire fi de son passé ou à lui faire face.
  • Une incapacité à faire confiance ce qui renforce d’ailleurs le sentiment d’insécurité.
  • Une impossibilité de s’engager. Il ne peut faire face à ses responsabilités. De là, on peut peut-être dénoter chez lui une hâte, une certaine impatience à vouloir obtenir les choses.
  • Un entêtement. Il se peut que cet entêtement qui l’empêche de vraiment s’accomplir s’ancre dans la prime enfance du personnage.
  • Des préjugés. Le héros si c’est lui qui est la victime des préjugés devra alors apprendre à ouvrir les yeux au cours de son aventure.
  • L’égoïsme. Ou par exemple, le machisme. Michael Dorsey dans Tootsie ou bien  Nick Marshall dans Ce que veulent les femmes représentent cet attribut lorsque nous les découvrons.
  • L’envie ou la jalousie. Bien que cette qualité sied mieux à un antagoniste, rien n’empêche d’en affubler aussi le héros.
  • L’arrogance, la suffisance, l’orgueil, la fierté.
  • La cupidité…

Gardez simplement à l’esprit lorsque vous tenterez de définir la faiblesse de votre personnage que celle-ci doit être en opposition de votre thème.

Une faille n’est pas le fruit du hasard

Vous devriez d’ailleurs bannir le plus possible le hasard (sauf peut-être pour l’incident déclencher) dans votre histoire.
Il vous faut expliquer les raisons de ce défaut. Avant de vous lancer dans le processus d’écriture, créez une biographie crédible.

Vous constaterez souvent que le but du protagoniste est directement lié à sa faille.

Par exemple, s’il est têtu à en être aveugle, son objectif dans l’histoire serait d’accomplir quelque chose qu’une personne moins entêtée ne tenterait même pas.
Nous avons des exemples avec Erin Brockovich et Rencontre du troisième type.

Si c’est avec son passé que votre personnage a des problèmes, vous pourriez créer une tension dramatique qui le force à faire face à ce passé qu’il tente depuis toujours d’oublier.
Seule solution pour lui afin d’accomplir son objectif.
C’est le cas dans Le fugitif, Citizen Kane, Casablanca.

Si votre protagoniste manque de confiance en soi, il peut passer une bonne partie de l’histoire à lutter pour éviter de faire ce que le lecteur sait pertinemment qu’il doit faire.
Star Wars, Retour vers le futur, Toy Story en sont de bons exemples.

Si votre protagoniste a des difficultés à prendre ses responsabilités, à s’engager vis-à-vis des autres, placez-le dans des situations qui vont l’inciter à surmonter cette faille afin qu’il réussisse son objectif.
Notting Hill, La liste de Schindler, Blade Runner entrent dans ce cas.

En conclusion

Il est important de prendre conscience que tous les aspects de la personnalité d’un personnage sont liés. Ils interagissent entre eux pour définir ce qu’il est au début de votre histoire.
Si toutes ses caractéristiques fonctionnent ensemble selon l’idée que vous vous faites de votre personnage, c’est ok. Dans le cas contraire, réajustez-les.