Après une flopée de films intéressants et un exceptionnel coup de coeur, retour à Deauville ce weekend pour une conclusion avec quelques stars et un palmarès attendu et logique.
Si Captain Fantastic nous avait donné le ton le weekend dernier, ce samedi c’est avec Brooklyn Village que nous attaquions notre retour à Deauville. Le film d’Ira Sachs sur une famille récupérant l’appartement d’un parent la boutique se trouvant en dessous. Et pendant que les enfants des uns et des autres commencent à se lier d’amitié les parents doivent imposer une hausse de loyer à la tenancière de la boutique, remettant alors en danger cette amitié naissante. Objet délicat réalisé presque comme un premier film mais parlant avec sincérité d’amitié, de l’adolescence et d’un contexte économique pas si facile mais aussi du deuil et des choix difficiles de la vie, ce nouveau film du réalisateur habitué de Deauville est véritablement touchant et digne d’intérêt.
Passé ce film qui vaut le coup d’oeil et qui fera parler de lui plus tard dans la soirée, ce sont les stars qui ont attiré notre attention. D’abord Daniel Radcliffe qui était venu la veille présenter Imperium et confirmant en conférence qu’il allait s’orienter de plus en plus vers les films indépendant qui allait chercher les risques. Puis l’équipe de War Dogs, le réalisateur Todd Phillips et les acteurs Miles Teller et Jonah Hill, sont venus parler de leurs personnage et de l’aspect politique de leur film présenté en clôture avant que nous ne rencontrions au cours d’une trop courte table ronde le réalisateur de l’excellent Kubo, fantastique film d’animation en stop motion des studio Laika dont on vous reparle très vite. La vidéo de cette rencontre sera disponible très bientôt.
Le temps de la clôture avec le palmarès sur lequel régneront le Teckel, Brooklyn Village et surtout notre gros coup de coeur Captain Fantastic est vite venu et la présentation de War Dogs de même. Cette fois le réalisateur de Very Bad Trip s’empare donc d’un sujet plus politique sur le trafic d’arme et l’économie de la guerre. Entre Lord of War et le Loup de Wall Street mais sans en avoir la folie totale ou la gravité, le film se regarde bien mais souffre d’un creux dans son rythme, d’une certaine lourdeur et d’un air de déjà vu qui passe grâce à l’attachement que développe le personnage de Miles Teller et à la BO bien calibrée. On oubliera donc vite le message poil à gratter derrière le divertissement et c’est dommage, le film méritait un traitement plus incorrect.
Et parce qu’on aime bien faire les choses à l’envers, le dernier jour, nous a permis de rattraper le film d’ouverture, Infiltrator avec Bryan Cranston en agent infiltré impliqué dans les manigances de Pablo Escobar. L’acteur est comme à son habitude impeccable et l’histoire intéressante mais là encore, il souffre d’un air de déjà vu, surtout quand Narcos se permet de traiter le même genre de thème de manière beaucoup plus percutante sur Netflix. Toutefois, malgré la figuration transparente de Diane Kruger, le film se permet enfin d’évoquer un peu les répercussions sur la vie privée de l’agence infiltré et nous permettent ainsi de nous accrocher particulièrement au film.
Voilà donc un festival de Deauville qui, malgré sa fréquentation apparemment plus faible que les années passées, nous aura permis de faire de belles découvertes et rencontres cinématographiques et c’est tout ce qu’on demande au festival. Rendez-vous l’année prochaine en espérant un coup de coeur aussi énorme que Captain Fantastic !
Le palmarès de Deauville 2016 :
- Grand Prix : Brooklyn Village (Little Men) de Ira Sachs
- Prix du Jury (ex-aequo) : Captain Fantastic de Matt Ross
- Prix du Jury ex-aequo) : Le Teckel (Weiner-Dog) de Todd Solondz
- Prix Kiehl’s de la Révélation : Le Teckel (Weiner-Dog) de Todd Solondz
- Prix de la Critique : the Fits de Anna Rose Holmer
- Prix du Public de la Ville de Deauville : Captain Fantastic de Matt Ross
- Prix Littéraire Lucien Barrière : Stewart O’Nan pour son roman Derniers feux sur Sunset
- Prix d’Ornano-Valenti : Willy 1er de Ludovic Boukherma, Zoran Boukherma, Marielle Gautier & Hugo P. Thomas