De François Ozon
Avec Pierre Niney, Paula Beer, Ernst Stötzner
Chronique : François Ozon ne fait jamais deux fois le même film. Il est en quête permanente d’un nouvel angle, d’un nouveau genre à explorer. C’est souvent réussi, même s’il peut parfois s’égarer. Frantz ne fait pas exception, le réalisateur surprend encore en s’attaquant à ce qui s’apparente à un drame historique en costume, filmé en noir et blanc et narré en deux langues, le français et l’allemand. Un chouilla austère à priori, et on ne peut plus éloigné de son dernier film, Une nouvelle amie.
Mais comme à son habitude, le réalisateur nous emmène pas forcément où l’on pensait aller. Alors que les motivations d’Adrien semblent être au cœur de l’intrigue, elles sont finalement assez vite dévoilées, et Ozon de donner à son film une toute autre orientation, un temps déroutante, avant qu’elles ne s’imposent naturellement à nous. Pierre Niney est au centre de la première partie du film. S’il excelle lorsque le mystère plane autour de lui, jouant habilement de son ambiguë timidité, il n’est pas forcément très à son aise lorsque son personnage se livre, son jeu apparaissant presque anachronique au regard du classicisme de la mise en scène. Mais c’est la révélation Paula Beer qui porte le film, en particulier la seconde moitié, qu’elle parcoure avec délicatesse, talent et détermination. Son interprétation tout en subtilité se marie parfaitement avec la réalisation de Ozon, qui use d’un classieux noir et blanc qu’il ne délaisse que sporadiquement comme autant de notes d’espoir. Une mise en scène délicate rendant justice à un sujet complexe, les ressentiments de l’après-guerre, et lui conférant une très forte dimension humaine. Elégant.
Synopsis : Au lendemain de la guerre 14-18, dans une petite ville allemande, Anna se rend tous les jours sur la tombe de son fiancé, Frantz, mort sur le front en France. Mais ce jour-là, un jeune Français, Adrien, est venu se recueillir sur la tombe de son ami allemand. Cette présence à la suite de la défaite allemande va provoquer des réactions passionnelles dans la ville.