[CRITIQUE] – L’Histoire de l’Amour (2016)

Par Pulpmovies @Pulpmovies

Réalisé par : Radu Mihaileanu

Avec : Derek Jacobi et Sophie Nélisse

Sortie : 09 novembre 2016

Durée : 2h14min

Distributeur : Wild Bunch Distribution

3D : Oui – Non

Synopsis :

« New York, de nos jours : Léo, un vieux juif polonais immigré, espiègle et drôle, vit dans le souvenir de « la femme la plus aimée au monde », le grand amour de sa vie. À l’autre bout de la ville, Alma, dans la fougue d’une adolescence pleine de passion, découvre l’amour pour la première fois. Rien ne semble lier Léo à Alma. Et pourtant… De la Pologne des années 30 à Central Park aujourd’hui, le manuscrit d’un livre, « L’Histoire de l’Amour », va voyager à travers le temps et les continents pour unir leurs destinées. »

4,5/5

On se laisse embarquer dans L’histoire de l’Amour dès les premières secondes grâce à la narration qui débute par le fameux « Il était une fois, un garçon qui aimait une fille ». Entre cela et le titre de cette nouvelle réalisation de Radu Mihaileanu, le public sait qu’il va devoir se laisser transporter dans un doux conte d’amour. Tout le film repose d’ailleurs là-dessus. Les personnages eux-mêmes se concentrent sur un roman écrit par un jeune homme, dédié à une femme. Cette muse a réellement existé, elle n’est pas qu’une protagoniste de fiction. Les destins des différentes personnes vont s’entremêler tout au long de L’Histoire de l’Amour. Le cadre temporel est également décousu, à la manière de 500 jours ensemble. Mais les personnages sont plus nombreux que dans l’œuvre de Marc Webb. Et la temporalité remonte jusque dans les années 30, alors que la guerre frappe les populations.

LE CHARME DE LA TEMPORALITÉ

Il peut sembler hasardeux de vouloir s’infliger 2h15 de film avec flash-back et innombrables protagonistes, tous liés par quelque chose et par rien à la fois. Pourtant, c’est promis, L’Histoire de l’Amour est époustouflant. Radu Mihaileanu a l’ingéniosité suffisante pour inclure de nouveaux éléments dans son histoire, petit à petit, sans faire perdre le fil au spectateur. Et chaque nouveau twist ou composant apporté à cette belle fable vient soulager le public qui y voit de plus en plus clair au fur et à mesure que les minutes défilent. C’est un véritable plaisir de toujours se placer entre le suspense d’une intrigue bien menée et la découverte de celle-ci à un rythme léger et régulier.

UN CASTING ET DES PERSONNAGES PARFAITS

Seconde promesse : vous ne serez pas en face de personnages niais et mielleux. Même si l’amour est le thème central, certains personnages n’y croient pas du tout. C’est par exemple le cas de la toute jeune Alma, jouée par Sophie Nélisse (une des nouvelles actrices phares. Retenez bien son nom. Elle s’est faite remarquer à Cannes, mais elle est également la révélation du dernier Festival de Deauville). Elle, fera tout pour se convaincre que « l’amour n’existe que dans les livres ». Être une godiche face à un garçon ? Très peu pour elle. Elle a du caractère, elle est moderne et dynamique. Elle est l’adolescente, la jeune adulte, typique des sociétés occidentales actuelles. Mais pourtant, comme chez n’importe qui, elle laisse entrevoir une faille chez elle, une faille qui laisse assez de place pour l’amour. Elle se convainc de pas y croire, et pourtant…

Et puis, s’oppose à elle sa famille : sa mère (Torri Higginson) est complètement délurée, un peu trop bohème. Son petit frère est l’un des éléments les plus drôles du film. En quête d’identité, il se prend pour une entité divine juive, et les stéréotypes sur cette communauté religieuse sont toujours placés de manière extrêmement comique et sous forme de running-gags. Bref, vous l’aurez compris, chacun des personnages a sa personnalité, sans qu’aucune d’entre elle ne soit outrancière. Tous les individus de L’Histoire de l’Amour restent crédibles et attachants. Léo, dans les flash-backs comme à l’instant T (interprété respectivement par Mark Rendall et Derek Jacobi), est un protagoniste à la fois doux et pinçant. Lorsqu’il est âgé, il est le parfait modèle du petit vieux rabougris, mais qui nous attendrit vraiment malgré tout.

L’Histoire de l’Amour est un magnifique conte sur l’amour, l’identité, sur le travail de mémoire, de deuil, mais aussi sur l’amitié ou encore sur la découverte de l’autre. Les histoires de famille ne sont pas mises de côté et les révélations faites dans un cercle familial sont divinement mises en scène par Radu Mihaileanu pour que ces instants transpirent la sincérité et la vraisemblance. Le tout forme un film presque parfait. Il manque juste un peu plus d’émotion ainsi qu’une goutte de dynamisme pour que L’Histoire de l’Amour soit irréprochable. Vous regarderez ce film comme on lit un beau roman dont on n’arrive plus à stopper la lecture.

L’Histoire de l’Amour est tout simplement sublime. Il est extrêmement bien construit et possède un casting sincère, doux et drôle. À voir !