Voyage interieur ou arc dramatique : la redemption

Par William Potillion @scenarmag

Inner Journey chez les anglo-saxons, l’arc dramatique est un élément dramatique incontournable. Votre personnage principal doit changer au cours de son histoire.

Nous avons vu précédemment :

Abordons dans cet article l’arc dramatique du péché à la rédemption.

Du péché à la redemption

Prenons comme exemple La tragique histoire du Docteur Faust de Christopher Marlowe écrite en 1592.

Le personnage principal est le Docteur Faust. Un homme cultivé et affamé de savoir. Il vit au seizième siècle à Wittenberg en Allemagne.

Ayant atteint ce qu’il estime être les limites de la connaissance, il décide de vendre son âme au diable en échange de vingt-quatre années de connaissances et de pouvoir illimités.

Une ambition tragique

Etre faustien, c’est être ambitieux au-delà de toute prudence. Le Faust de Christopher Marlowe voyage effectivement autour du monde et acquiert toutes sortes de connaissances

Mais il utilise aussi les services  que lui offre Méphistophélès pour des tâches moins glorieuses.

Faust comprend assez vite son erreur, cependant. Et sa certitude envers le marché qu’il a conclu avec Lucifer vacille assez rapidement dans l’histoire mais ce n’est que lors de la scène finale qu’il réalise enfin son funeste destin.

Lorsqu’il cherche à se repentir, il tente de négocier entre autres avec le Christ pour son salut.
Notez que le Faust de Goethe diffère de celui de Marlowe.
Ambiguë, ce repentir ne sera cependant qu’un échec. A la fin de l’histoire, Faust sombre dans les Enfers.

Tentation, péché et rédemption

Profondément enracinée dans le christianisme, l’histoire de Marlowe explore la tentation du péché, de ses conséquences et de la possibilité d’une rédemption pour un pécheur tel que le docteur Faust.

L’arc dramatique du docteur pourrait être vu comme une trajectoire de la tentation au péché et du péché à la rédemption.
La tentation est celle de l’omniscience et de l’omnipotence. C’est ce désir inaccessible qui est la cause du péché de Faust.

Mais n’est-ce pas aussi cette tentation qui condamne Faust à la damnation, c’est-à-dire sans possible salut pour son âme ?
Cela ne signifie pas pour autant que choisir un tel arc dramatique pour son personnage n’aboutit à aucun salut. C’est un choix d’auteur.

Le souci avec Faust est que son désir de puissance est si fort qu’il néglige les conséquences de son marché avec Lucifer. S’abandonnant à ses tentations, il rejette Dieu en faveur de Lucifer. Et son blasphème attire alors Méphistophélès
Et c’est là que se situe son péché.

Des ambitions contrariées

Mais alors qu’initialement, les ambitions du Docteur Faust sont élevées, Christopher Marlowe dépeint les conséquences néfastes de la décision de Faust.
Parce que celui-ci se détourne de son but original en faisant des tours de salon et en invoquant Hélène de Troie.

Après son accord avec le diable, Faust n’est plus que l’ombre de ce qu’il fut autrefois.

Pourtant, tout au long de l’histoire, la rédemption semble possible. Comme l’ange le lui apprend, il n’est jamais trop tard pour se repentir et d’obtenir la grâce de Dieu.

Mais l’ange diabolique parvient à convaincre Faust de ne pas se repentir.
Parce qu’il est déjà si damné qu’il ne pourra jamais retourné vers Dieu.

Une métaphore

Il faut comprendre que ces deux anges sont des métaphores.
L’une représente la possible rédemption et l’autre la tentation à pécher davantage.

Faust écoute Méphistophélès la plupart du temps. Cependant, à la fin de l’histoire, il semble vouloir se repentir.
Chez Marlowe, la question de savoir si Faust se repent vraiment à la fin de cette tragédie reste ouverte au débat.

Et relance le thème si à un certain moment, il n’est pas trop tard pour un pécheur comme Faust de se repentir et d’être racheté.
Quoi qu’il en soit, chez Marlowe, Faust rejette sa possible rédemption et est damné pour ses péchés.

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