Back door to hell

Par Platinoch @Platinoch

Un grand merci à ESC Conseils pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le DVD du film « Back door to hell » de Monte Hellman.

« J’aimerai bien savoir si on est leurs amis ou leurs prisonniers »

Décembre 1944. Trois soldats débarquent en éclaireurs aux Philippines afin de préparer le débarquement des troupes américaines.

Leur mission : évaluer l’importance des effectifs japonais. Ils entrent rapidement en contact avec la guérilla locale, dirigée par un maître d’école.

Mais les japonais apprennent leur présence sur l’île et prennent en otages les enfants de l’école.

« Il ne fait confiance à personne. C’est comme ça qu’ils ont survécu pendant trois ans. »

Disciple de Roger Corman, roi de la série B bon marché, Monte Hellman commence sa carrière de réalisateur dès la fin des années 50. Auteur d’une petite dizaine de films en cinquante ans de carrière, il est essentiellement connu pour ses westerns crépusculaires des années 60, « L’ouragan de la vengeance » (1965) et de « The shooting » (1967), ainsi que pour « Macadam à deux voies » (1971). En ce début de décennie des 60’s, il démarche en compagnie de son ami Jack Nicholson, alors acteur débutant, le producteur Robert Lippert, un propriétaire d’une chaine de salles de cinéma qui s’est lancé dans la production pour faire baisser le coût de location des films. Ce dernier accepte de financer deux films de guerre qui seront tournés successivement aux Philippines. Partant à l’aventure, Hellman et Nicholson écriront ainsi les scénarios de « Flight to fury » et « Back door to hell » durant la longue traversée en bateau de 28 jours qui les mènera aux Philippines depuis la Californie. Pour ce deuxième film, ils seront accompagnés du chanteur Jimmie Rodgers qui, en plus de jouer l’un des rôles principaux du film, participera à son financement.

« Interroger un prisonnier c’est comme faire cuire une oie. Il faut savoir quand la sortir du four. »

On ne le sais pas toujours en Europe, mais les Philippines furent le théâtre d’une bataille parmi les plus sanglantes et les plus importantes de la seconde guerre mondiale. Une bataille âpre, menée en grande partie dans la jungle et au cours de laquelle l’armée japonaise se livra à de nombreuses exactions. De cette bataille, on retient surtout le très beau film de John Ford, « Les sacrifiés » (1945) ou encore le film de Dmytryk, « Retour aux Philippines » (1945). Mais plus encore, on retiendra surtout le film « Feux dans la plaine », récit profondément désespéré de la débâcle japonaise signé Kon Ichikawa (1959). Avec « Back door to hell », Monte Hellman s’intéresse à la préparation de la reconquête de l’archipel par les américains, en suivant un petit groupe d’éclaireurs venus préparer le débarquement. Tourné à l’évidence avec une grande économie de moyens, le film ainsi privilégie une approche presque documentaire plutôt que le grand spectacle, en se focalisant sur les rapports tendus entre le groupe d’éclaireur américains et le groupe de guérilleros philippins qui les accueille. Offrant une résistance acharnée à l’occupant japonais, ces partisans philippins se montrent en effet tout aussi méfiants envers les américains qu’ils jugent eux-aussi comme des colonisateurs potentiels d’un autre genre. Une tension palpable symbolisée par l’inquiétant commandant du groupe de guérilleros, pas franchement amical et sans pitié (à l’image du traitement infligé à ses prisonniers). Le film prend également un soin particulier à filmer le quotidien de cette vie clandestine (la rencontre avec des contrebandiers de grand-chemin). Mais au-delà de la simple confrontation psychologique, « Back door to hell » comporte aussi quelques jolies scènes d’action, plutôt efficaces et bien fichues, comme celle visant à libérer une école retenue en otage par l’armée japonaise. Avec ceci d’original que le film fait la part belle au courage et au sacrifice des résistants autochtones, ainsi qu’aux souffrances infligées aux populations de ce pays. En cela, il offre un contrepoint intéressant à l’excellent « Feux dans la plaine » de Kon Ichikawa.

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Le DVD : le film est présenté dans un nouveau master restauré en haute-définition. Le film est proposé en version originale américaine (2.0) avec des sous-titres français. Côté bonus, le film est accompagné par « Back Door to Hell, jungle western », un entretient avec  Olivier Père, directeur du cinéma d’Arte France (20’).

Edité par ESC Conseils, « Back door to hell » est disponible en DVD depuis le 7 septembre 2016.

La nouvelle vague de sorties de la collection « Hollywood legends » par ESC Conseils comprend également les titres « Le carrefour de la mort » et « Allez coucher ailleurs ».

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Le DVD de « Back door to hell » est disponible ici.