Un grand merci à TF1 Vidéo ainsi qu’à l’Agence Cartel pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Triple 9 » de John Hillcoat.
« Tu n’es plus à l’école, tu es dans la rue là. L’entrave ça n’existe pas ici. »
Ex-agent des Forces Spéciales, Michael Atwood et son équipe de flics corrompus attaquent une banque en plein jour. Alors qu'il enquête sur ce hold-up spectaculaire, l'inspecteur Jeffrey Allen ignore encore que son propre neveu Chris, policier intègre, est désormais le coéquipier de l'un des malfrats. À la tête de la mafia russo-israélienne, la redoutable Irina Vlaslov ordonne à l'équipe d'effectuer un dernier braquage extrêmement risqué. Michael ne voit qu'une seule issue : détourner l'attention de l'ensemble des forces de police en déclenchant un code "999" – signifiant "Un policier est à terre". Mais rien ne se passe comme prévu…
« Tu n’as qu’un seul boulot : être plus monstrueux que le monstre et rentrer chez toi en un seul morceau »
L’australien John Hillcoat se destinait initialement à la peinture. Ses œuvres avaient même fait l’objet de plusieurs expositions. Mais finalement, il préfère changer de route au milieu des 80’s et se réorienter vers le cinéma. Après un documentaire consacré au groupe INXS (1985), il réalise son premier film, le drame carcéral « Ghosts… of the civil dead » (1988) qui fait le tour des grands festivals internationaux. Pourtant, en dépit de ce succès, le cinéaste va disparaitre des écrans pendant près de vingt ans, se consacrant à la réalisation de clips musicaux (entre autres pour Placebo, Muse ou Depeche Mode). Un moyen pour lui de concilier son métier avec sa passion pour le rock. En dehors d’un come-back sans suite en 1996 (« To have and to hold »), il faut attendre 2005 pour le voir revenir pour de bon sur grand écran. Le réalisateur enchaine alors plusieurs grands films, tel l’excellent « The proposition » (2005), « La route » (2009) ou encore « Des hommes sans loi » (2012). Son nouveau projet, le polar « Triple 9 » bénéficie d’un casting particulièrement prestigieux. A noter que toutefois que Cate Blanchett, Shia LaBoeuf ou encore Jeff Bridges furent un temps liés au projet avant de devoir jeter l’éponge pour des questions d’incompatibilité d’emploi du temps.
« C’est la kasher nostra !!! »
Spécialiste des univers âpres et violents, John Hillcoat nous revient avec « Triple 9 », un polar urbain. Pour tous les non-initiés curieux de ce drôle de titre, le « Triple 9 » est un code des forces de l’ordre américaines pour signaler que l’un des leurs est à terre, blessé ou mort. Une sorte de signal pour appeler les renforts et sonner la charge au tueur de flic. Pour la bande de gangsters au centre du film, composée qui plus est de policiers véreux et d’anciens militaires devenus barbouzes, le « Triple 9 » est avant tout un moyen de diversion : tuer des un policier pour attirer massivement les forces de l’ordre en un point de la ville et se dégager ainsi de toute surveillance en un point opposé. On l’aura compris, ce « Triple 9 » est un polar chorale au scénario particulièrement tortueux qui nous entraine à la marge de la société dite « civilisée », dans ces zones d’ombres où se côtoient mafias, crime organisé et forces de police. Une zone d’ultra violence où la loi du plus fort prime et où la frontière entre le Bien et le Mal est d’autant plus ténue que les policiers se comportent eux-mêmes comme des gangsters. Certains se retrouvant même policiers le jour et barbouze (et donc hors-la-loi) la nuit. Un monde guidé par l’appât du gain et par la corruption et au sein duquel la confiance en son prochain n’existe pas. Seul défaut du film : son scénario un peu trop foisonnant, qui démultiplie à l’envi les sous-intrigues secondaires au point de nous faire perdre par moment le film. Un peu dommage donc, car si Hillcoat signe là un polar plutôt inspiré (le braquage d’ouverture fait largement penser à Michael Mann), nerveux et sombre comme la nuit, ce « Triple 9 » pèche un peu par son aspect décousu.
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