Cézanne et moi (2016) de Danièle Thompson

Sans doute le film le plus ambitieux de Danièle Thompson, laquelle n'avait, jusqu'ici, réalisée que des comédies et des films choraux. C ette fois-ci elle se lance dans un film historique sur deux génies dans leur domaine, l'écrivain Emile Zola et le peintre impressionniste Paul Cézanne en focalisant le récit sur leur amitié depuis l'enfance. Ce qui interpella la réalisatrice-scénariste (sans son fils Christopher cette fois) c'est que ces deux amis d'enfance (tous nés respectivement en 1840 et 1839) se soient brouillés sévèrement après la parution du roman "L'Oeuvre" (1886). En effet il semble que Zola se soit inspiré fortement de son ami, ou du moins Cézanne le pensait-il... De "La Bûche" (1999) à "Des gens qui s'embrassent" (2013) en passant par "Fauteuils d'orchestre" (2005) cette fois Danièle Thompson change de genre et ose en nous offrant donc un double biopic en un. Une amitié de près de 40 ans sur ces deux monstres artistiques n'est évidemment pas une mince affaire.

Cézanne et moi (2016) de Danièle ThompsonCézanne et moi (2016) de Danièle Thompson Note : Cézanne (2016) Danièle ThompsonCézanne (2016) Danièle Thompson

Et si l'entreprise est sincère le film est beaucoup trop bancal pour devenir une référence du genre, genre déjà pourvu de films tels que "La vie passionnée de Vincent Van Gogh" (1956) de Vincente Minnelli, "Frida" (2003) de Julie Taymor, "Modigliani" (2004) de Mick Davis, "Mr Turner" (2014) de Mike Leigh. Le premier soucis reste l'interprétation. Si le duo Gallienne-Canet (le premier déjà chez Thompson dans "Fauteuils d'Orchestre", les deux ayant joués ensemble dans "Narco" en 2003 de gilles Lelouche) est idéal physiquement parlant au Cézanne-Zola il est dommage que leur jeu soit si engoncé dans une caricature semblable à du manichéïsme. Cézanne est très et trop colérique, Zola est très et trop intraverti. Gallienne en profite pour user d'un accent provençal qu'il perd de temps à autres ! Dommage, un peu de mesure aurait été plus judicieux. D'autant plus que le reste du casting est impeccable, malgré des personnages seconds par des acteurs de talents on remarque surtout une Alice Pol impressionnante de présence et de justesse. Sinon, historiquement la cinéaste prend des libertés et oublie que Cézanne et Zola cesse (à priori) tout contact en 1886. Mais le réel problème de Danièle Thompson comme souvent, c'est la mise en scène sans relief et académique. Si ce n'est pas rebutant c'est pourtant décevant quand le sujet du film est deux artistes qui n'étaient certainement pas académique. Lumières et couleurs restent trop classiques, aucun prise de risque dans l'esthétique à contrario des films sus-cités sur d'autres grands artistes. Si le sujet est audacieux pour la réalisatrice comparé à sa filmo son film lui en manque totalement. Heureusement il y a certains passages particulièrement réussis, des dialogues joliment écrits, des instants de grâce souvent avec les femmes et muses des deux artistes. En conclusion Danièle Thompson n'a pas les épaules pour un tel film, se qui confirme aussi qu'elle n'a jamais été une grande cinéaste même si elle reste une scénariste qui a su apprendre correctement auprès de son père (Gérard Oury). Bref, un tel sujet méritait un film plus passionné, avec plus de naturel où on aurait senti la liberté plutôt que le répété et le par coeur, un peu plus de chair dans ce film trop propre et délimité. Dommage... "Renoir" (2012) de Gilles Bourdos et