Mardi 25 Octobre, 20h30, au cinéma Le ZOLA, Villeurbanne, Ciné-club découverte proposé par le collectif Météorites !
Projection de LA MORT DU DIEU SERPENT EN PRÉSENCE DU RÉALISATEUR !
Météorites est un nouveau collectif de programmation de soirées CINÉMA À LYON (documentaires & cinéma expérimental). Le 25 octobre est la soirée de lancement du collectif !
LA MORT DU DIEU SERPENT, un documentaire de Damien Froidevaux (Documentaire, France/Sénégal, 91 min)
Suite à une bagarre qui tourne mal, Koumba, 20 ans, est expulsée au Sénégal. Arrivée en France à l’âge de 2 ans, elle avait négligé de demander la nationalité française à sa majorité. La jeune parisienne agitée se retrouve en 48h dans un village sénégalais perdu dans la brousse, loin de sa famille et de sa vie à Paris. Récit de cinq ans d’exil : du fait divers à l’épopée tragique.
prix unique : 5,80 €
Toutes les informations pratiques sur http://www.lezola.com/
Note du réalisateur
C’est une amie avocate qui m’a raconté l’histoire de Koumba. Je lui téléphone pour la première fois un soir de décembre 2007. Son accent de jeune fille des quartiers se perd dans la nuit. Elle me parle du village où elle habite depuis son expulsion, aux confins du fleuve Sénégal. Ce soir-là, l’Afrique me semble étrangement loin.
« Y’a rien ici, y’a rien. Y’a que du riz. Pas de hamburgers, pas de pizzas. C’est eux-mêmes qui font pousser leurs légumes. »
Lorsque j’arrive au Sénégal pour commencer le film avec elle, Koumba enrage et se révolte. L’injustice de l’expulsion a laissé une blessure ouverte. Elle ne cherche pas à comprendre les Sénégalais, elle les rejette. La première chose qu’elle fait avec moi, c’est de remettre à plus tard le début du tournage. Elle me dit qu’elle entend, partout derrière elle, le cruel sobriquet Toubab Bougnoule : Koumba la blanche nègre. Elle me rabroue, me demande ce que je fais là, qui je suis, et pourquoi je la filme.
Face à l’agitation de Koumba, la mise en scène est mise à nue. La question du filmeur qui modifie subtilement ce qu’il filme éclate dans une pagaille haute en couleurs. Dès le départ, elle me fait basculer dans le film avec elle, de l’autre côté du monde.
« C’est comme si on envoyait ta fille… au Tchad ! »
Elle m’interpelle et, à travers le film, bouscule chacun de nous : Français, Européens, Occidentaux mais aussi Sénégalais, Africains, immigrés… Koumba interroge avec force les contradictions du monde contemporain.
Elle n’est pas l’héroïne attendue : c’est ce qui me plaît chez elle. Elle n’est pas une première de la classe. Elle est velléitaire, colérique, de mauvaise foi, bagarreuse. Mais elle se révèle aussi généreuse, sensible, douce, comique. Le tournage a duré plus de cinq ans. L’archétype social est tombé. Koumba est devenue, à mon sens, l’héroïne d’une épopée tragique à la mesure de son exil.
Damien Froidevaux
Damien Froidevaux est réalisateur, producteur et chef opérateur français, principalement de films documentaires. Après des études de cinéma, il cofonde en 2000 la société de production entre2prises basée en région parisienne, avec laquelle il collabore régulièrement. En 2003, il réalise un premier long métrage documentaire « Printemps ». En 2007, il signe « D’ici », un court métrage qui constitue la genèse de « La Mort du dieu serpent », dont il débute le tournage en 2008. Ce dernier est présenté en première mondiale au Festival de Locarno en août 2014 où il remporte les deux prix de la Semaine de la Critique.