Pedro Almododvar, 2005
Un dimanche morose ? Une gueule de bois insoignée ? De la vaisselle dans l'évier ? Un programme télé pas très youpi-oupla-boum ? La brèche est ouverte et les idées noires viennent envahir votre pauvre tête.
Pourtant, vous le savez désormais, Bizard Bizard ne vous laissera jamais tomber. En ce premier week-end d'automne - période classifiée catastrophe émotiono-naturelle - nous avons trouvé le grand remède au grand mal qu'est le deuil de l'été : Volver.
Orphelines depuis de nombreuses années, Raimunda (Penelope Cruz) et Soledad (Lola Duenas) ont quitté leur village natal et vivent humblement à Madrid. Mais cette existence plus ou moins tranquille va se voir chamboulée lorsque la fille de Raimunda (Yohana Cobo) assassine son père accidentellement pile quand leur tata gaga meurt. Ces deux incidents vont faire ressurgirent les fantômes du passé et c'est entre pseudo-fantôme, frigo et talons compensés que leur présent sera modifié et les comptes peu à peu réglés...
Avec Volver notre querido Pedro nous offre l'un des films les plus important de sa filmographie. Cette œuvre, dans notre top 5 du réalisateur, n'est peut-être pas son meilleur mais il est sûrement LE long-métrage pivot de sa carrière.
Après la grande période almodovarienne pleine de folies, d'excès, de génialitude, de drames et de couleurs, Volver ressemble à une sorte de catalyseur et de passerelle entre la déglingue olé-olé de ces années et le côté définitivement plus sombre vers lequel le réalisateur va se tourner. Le film se positionne ainsi comme un chef d'œuvre d'équilibre, reprenant toutes les thématiques chères à Pedro, notamment les femmes et la relation mère-fille, tout en incluant un aspect terriblement dramatique habilement allégé par un ton drôle et décalé. Contrairement à Étreintes Brisées, La Piel que habito ou encore Julieta, Volver sait prendre aux tripes sans s'abîmer dans les méandres du malheur. Le film est une véritable ode au présent et à la vie, dévoilant des personnages forts et touchants, ne cessant d'aller de l'avant malgré la lourde chaîne qui les attache au passé.
Aussi amusantes qu'émouvantes, ces deux heures passées en compagnie du fleuron des actrices espagnoles savent mêler tradition et nouveautés, tant au niveau du scénario que de l'évolution du réalisateur. Les (dernières) retrouvailles, après quinze ans de séparation, avec Carmen Maura et la première collaboration avec Penelope Cruz, viennent, comme un témoin supplémentaire, souligner cet aspect de transition présent tout au long du film (il faudra quand même attendre Étreintes Brisées - et toutes ses références à Femmes au bord de la crise de nerfs - pour que Pedro arrive à faire le deuil de son premier amour Carmen). Comme une preuve qu'il est possible de se libérer du passé, Volver renvoie un message positif, et révélateur quant à l'évolution du réalisateur.
Car c'est sûrement la dernière fois que Pedro nous offrira Son ça si caractéristique : une patte espagnole reconnaissable entre mille. La seule capable de sublimer le drame par l'humour, le vulgaire par la beauté, les couleurs par les couleurs et les femmes par l'amour. Volver n'est ni plus ni moins qu'une affirmation du génie qu'est Pedro Almodovar, un homme qui sait tout faire, un artiste complet, qui malheureusement nous a un peu délaissé ces dernières années (après ces quelques paragraphes vous pouvez imaginer la douleur que nous avons éprouvé après Julieta).
Est-il vraiment nécessaire de conclure par un autre conseil que BRANCHEZ VOUS SUR ARTE ?
Nous ne pensons pas ! Alors branchez vous sur Arte et laissez les feuilles mortes de côté pour vous faire irradier par le soleil almodovarien.
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