[CRITIQUE] – Miss Peregrine et les Enfants Particuliers (2016)

Par Pulpmovies @Pulpmovies

Réalisé par : Tim Burton

Avec : Eva Green, Asa Butterfield et Ella Purnell

Sortie : 05 octobre 2016

Durée : 2h07min

Distributeur : 20th Century Fox France

3D : Oui – Non

Synopsis :

À la mort de son grand-père, Jacob découvre les indices et l’existence d’un monde mystérieux qui le mène dans un lieu magique : la Maison de Miss Peregrine pour Enfants Particuliers. Mais le mystère et le danger s’amplifient quand il apprend à connaître les résidents, leurs étranges pouvoirs… et leurs puissants ennemis. Finalement, Jacob découvre que seule sa propre « particularité » peut sauver ses nouveaux amis. »

4,5/5

Tim, cela faisait longtemps que tes réalisations divisaient. Frankenweenie n’a pas eu grand succès, Dark Shadows t’a beaucoup été reproché et nous nous étions quittés sur Big Eyes, que nous avions aimé mais que nombre de nos collègues ne portaient pas dans leur cœur. Bref, Tim, nous t’attendions et te voici !

Miss Peregrine et les Enfants Particuliers est clairement un bon film burtonnien. L’univers tant apprécié du réalisateur aux cheveux fous est bel et bien de retour. Mais après avoir été beaucoup critiqué pour ses dernières œuvres, une question se pose : est-ce que Tim Burton ne s’est pas tout simplement contenté de faire un film avec les ingrédients « commandés » par les spectateurs ? Miss Peregrine est-il un bon film, même si vous avez peu d’attraits pour la patte très spéciale de l’homme dernière la caméra ? Rassurez-vous tout de suite, cette réalisation vaut le coup.

Ce nouveau film est tiré d’un roman du même nom écrit par Ransom Riggs et publié pour la première fois en 2011 (petite précision, l’équipe de Pulp n’a pas lu cette œuvre – shame). Tim Burton a, évidemment, remanié le roman et les suites de celui-ci, pour une meilleure adaptation cinématographique. Mais les monstres (les vrais monstres. Pas les enfants…) étaient donc déjà présents dans l’histoire de base. Il n’a fait que les rendre vivants sur grand écran, au plus grand plaisir du public. S’il n’avait pas donné cet aspect physique aux différentes créatures malfaisantes, Miss Peregrine et les Enfants Particuliers aurait, évidemment, perdu de son charme. Les bêtes desséchées aux dents aiguisées laissant passer une longue langue pointue, avouez que ça vous avait manqué !

DE PARFAITS MÉLANGES

Le spectateur retombe dans cet univers très particulier des premiers Burton… un mix de Vincent (le premier court métrage du réalisateur) et de Beetlejuice, dans un cadre spatial proche de Big Fish. Tout ce qu’on aime. Et non, Miss Peregrine et les Enfants Particuliers n’est pas une pâle copie de ces prédécesseurs. Comme Tim Burton sait toujours le faire, il nous offre ici une toute nouvelle expérience, autant visuelle qu’émotionnelle. Un tout nouveau conte qu’il sait si bien rendre très doux et unique.

La particularité de chaque enfant est merveilleusement bien mise en vitrine. La lumière permanente sur chacun de leur visage alors que le reste de l’environnement est très sombre, leur donne une allure angélique, presque divine. La singularité fantastique de ces rejetons vient toujours créer un effet de surprise chez le spectateur puisqu’elle rompt abruptement avec leur côté innocent et fragile. Que la particularité apparaisse comme drôle (force surhumaine chez la plus frêle des petites), ou effrayante (dents acérées derrière la tête d’une des plus mignonnes filles), elle est toujours dévoilée au bon moment, dans le bon contexte et de manière à susciter une réaction positive chez le public. De plus, leur particularité n’est jamais exposée comme s’il s’agissait de pouvoirs magiques. C’est une sensation de fardeau qui se pose sur les épaules de ces jeunes enfants, comme s’ils aspiraient à ressembler à n’importe quel autre marmot de leur âge. Pour le public, c’est une émotion de plus, un lien supplémentaire entre lui et ces joyeuses frimousses.

UNE INTRIGUE DYNAMIQUE

S’oppose à cela le monde adulte : très carré, très ordonné, trop parallèle. Un monde où la magie, qu’elle soit physique ou dans l’imaginaire, n’a pas sa place. Cette rigidité du « monde des grands » prend son sens dans le personnage du père du personnage principal, Jake (brillamment interprété par Asa Butterfield). Ce papa n’est pourtant pas un tyran, mais sa lucidité trop terre-à-terre contraste avec Miss Peregrine (Eva Green, toujours aussi talentueuse), une adulte pas comme les autres et qui comprend mieux que quiconque la psychologie des enfants. Le message est clair, le rendu est beau. Burton n’oublie jamais de ravir ses spectateurs comme s’il était à leur place. Il se fait plaisir comme il le faisait dans ses premières œuvres et cette réjouissance est directement transmise aux spectateurs. Pile comme sait le faire le réalisateur depuis toujours, malgré les quelques faux pas ces dernières années.

En plus de cela, l’intrigue du film est tenue en longueur grâce à la création très régulière de nouveaux enjeux pour Jake et ses amis. La dynamique du film n’a donc jamais de période de creux. Seul bémol notable, le temps de mise en place de l’histoire globale au début du film. Mais peut-on vraiment reprocher à Tim Burton de vouloir créer une atmosphère originale dans un cadre structuré ? Il est quand même possible de trouver quelques petites incohérences et des facilités scénaristiques assez considérables, mais impossible de vous en dire plus sans trop vous en dévoiler…

À noter absolument : si vous avez la possibilité de voir Miss Peregrine et les Enfants Particuliers en 3D, foncez ! Ici, cette technique de projection est vraiment percutante. Pour certaines scènes, c’est une véritable valeur ajoutée au film.

Miss Peregrine et les Enfants Particuliers comblera tout le monde. Doux, magique et éducatif, ce nouveau Burton est simplement beau. On retrouve notre Tim !