Un grand merci à Carlotta pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Basket case 2 » de Frank Henenlotter, dans le cadre de la « Midnight Collection ».
« Maintenant que vous êtes séparés, tu es une personne à part entière »
Suite à leur accident, les frères Bradley sont reconnus coupables de leurs crimes. Malgré la surveillance accrue de la police, ils parviennent à s’échapper de l’hôpital avec l’aide de « mamie Ruth » et de sa petite-fille Susan.
Ces dernières tiennent une maison de repos bien particulière puisque leurs habitants sont tous des créatures difformes comme Belial…
« Je veux ma liberté, recommencer ma vie à zéro »
En dépit du succès de « Basket case » (1982, plus connu chez nous sous le titre « Frères de sang », sommet du cinéma d’exploitation underground et fauché, Frank Henenlotter connait toutes les peines du monde pour réunir les financements nécessaires à la réalisation de ses projets suivants. Il doit ainsi attendre près de six ans pour pouvoir réaliser son deuxième film, « Elmer le remue-méninges ». Afin de ne pas connaitre les mêmes soucis matériels et de pouvoir réaliser son nouveau projet rapidement, il accepte l’offre de Jack Glickenhaus, figure du cinéma d’exploitation des 80’s, qui lui propose de produire son nouveau projet à condition qu’il écrive et mette en scène deux suites à « Basket case ». C’est ainsi que naitre ce deuxième opus des aventures de Duane et Belial, sorti en 1990 soit quelques mois avant la sortie de « Frankenhooker », le projet qui tenait tant à cœur au cinéaste. Une troisième et ultime épisode sortira lui en 1992. L’expérience laissera cependant un goût amer à Henenlotter qui aura l’impression d’avoir été privé de sa liberté. Il mettra d’ailleurs plus de quinze ans avant de revenir à la réalisation.
« Ce ne sera pas facile de les approcher... La maman veille sur ses petits ! »
Près d’une décennie sépare « Basket case 2 » de son illustre modèle. Huit années durant lesquelles beaucoup de choses ont changé. A commencer par Henenlotter lui-même, qui, las de se battre pour monter ses films comme il le souhaite, à délaisser l’urgence des tournages fauchés pour le confort des films de commande aux budgets plus conséquents. Et cela se sent. Visuellement d’abord, l’image de cette suite est plus proprette et plus lumineuse que celle, cradingue du premier opus. Les décors aussi ont changé : exit les hôtels de passes des bas-fonds de la 42ème rue. Cette suite prend ses quartiers dans les maisons cossues de Staten Island. Même les effets spéciaux semblent plus propres. Pour le reste, Henenlotter reprend son histoire là où il l’avait laissé. A une différence de taille près : Duane et Belial ont survécu à leur chute. Et après une évasion de l’hôpital aussi improbable que burlesque, ils trouvent refuge chez Mamie Ruth, la vénérable tenancière d’une pension pour monstres. Qu’on se le dise, en apparence, ce « Basket case 2 » ne réinvente pas le genre, se contentant de poursuivre l’épopée vengeresse et meurtrière des deux frères Bradley contre une société qui rejette leurs différences et les réduits au statut de monstres. D’ailleurs, la violence ici n’est plus un exutoire mais est devenue un moyen pour se défendre contre une société qui refuse les êtres différents. Ainsi, après avoir tapé sur les médecins et la société bienpensante, Henenlotter tape cette fois sur les journalistes, coupables selon lui de « fabriquer » les monstres de par leur quête obsessionnelle et malsaine de sensationnel. Mais force est de constater que le cinéaste a un peu perdu de son mordant. Et si le récit traduit d’un goût resté intact pour le bizarre et l’univers des freaks, il a perdu sa dimension dérangeante et glauque qui faisait le charme du premier volet. Cette fois-ci, le second degré a littéralement fait main basse sur un récit clairement tourné vers la comédie (hallucinante séance de psy pour Bellial) jusque dans son bestiaire (le monstre qui chante de l’opéra, la scène d’accouplement de Belial…) au détriment de toute tension dramatique. Et ce jusqu’à un final aussi amusant que dramatique, qui nous rappelle que le mal est (plus que jamais) indissociable du bien, faisait ainsi écho au premier film. Une suite en mode mineur donc, mais qui se révèle tout de même amusante et par moment jouissive.
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