Un grand merci à ESC Conseils pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le DVD du film « Larry le dingue, Mary la garce » de John Hough.
« Changer de voiture ? Tout dépend de ce que tu veux. La vitesse ça coûte cher ! »
Larry, pilote de course, et Deke, son mécanicien, volent la recette d’un supermarché. 150 000 dollars qui devraient leur permettre de s’inscrire à un circuit international de course automobile.
Les deux complices emmènent avec eux Mary Coombs, rencontre d’un soir et témoin du vol. A bord du bolide de Larry, le trio fonce droit sur la route sans se soucier du danger et des barrages policiers.
« Si tu te figures que tu peux traiter une honnête fille comme une pute alors il faut la payer comme une pute »
Réalisateur anglais, John Hough fait d’abord ses armes à la télévision britanique durant les années 60. Il officie ainsi notamment sur la série « Chapeau melon et bottes de cuir ». Franchissant le cap du grand écran à la fin des 60’s, il se spécialise alors dans la réalisation de films fantastiques à tendance horrifiques. Il est ainsi remarqué en 1971 pour « Les sévices de Dracula » qui reste l’un des derniers succès de la mythique Hammer, ou encore en 1973 pour « La maison des damnés ». Des succès qui lui ouvrent les portent d’Hollywood. L’année suivante, il se voit donc proposer de réaliser en Amérique « Larry le dingue, Mary la garce », un polar en forme de road-movie adapté du roman « The chase » de Richard Unekis publié en 1963. Un roman que Howard Hawks, qui en avait acheté les droits, rêvait d’adapter à son propre compte avec Steve McQueen dans le rôle principal, sans que cela n’aboutisse. Un temps attachés au projet, les débutants Sam Elliott et David Soul seront finalement doublés par Peter Fonda.
« Tu sais ce qui se passe quand un type comme moi débute par un échec ? Il continue malgré tout ! »
Avec l’arrivée des 70’s et le déclin progressif et annoncé du western, genre éminemment américain s’il en est, Hollywood se découvre une passion soudaine pour le film de poursuite automobile. Comme si, en l’absence de front pionner, d’ouest sauvage et de vilains outlaws, la route et le bitume restaient le dernier repère des rebelles et des hors-la-loi en quête d’aventures et de transgression. En cela, « Larry le dingue, Mary la garce » s’inscrit dans une longue lignée de films, comprenant notamment « Easy rider » (Hopper, 1969), « Point Limite zero » (Sarafian, 1971), « Macadam à deux voies » (Hellman, 1971), « Duel » et « Sugarland Express » (Spielberg, 1971 et 1974) ou encore à « Le convoi » (Peckinpah, 1978). Comme dans beaucoup de ces films, le film de Hough tient de la confrontation de l’insouciance enfantine avec le cadre rigide des lois et de la société. Avec leur attitude rebelle et arrogante, Larry et Mary, aussi peu attachants soient-ils (ils commettent un braquage dans le but de s’acheter une voiture à même de concourir dans les circuits), ne sont que des sales gosses immatures. D’ailleurs, ces « Bonny and Clyde » des temps modernes n’utiliseront jamais la moindre arme pour commettre leurs méfaits. A défaut de vouloir se plier aux règles, ils se lanceront donc dans une folle course-poursuite à travers un conté rural de Californie. Un jeu de chat et de la souris exaltant, qui sera prétexte pour Larry à faire montre de ses talents de pilote de course et de cascadeur. Mais cela réveillera aussi l’instinct de chasseur d’un vieux shérif en prise à une routine morose. Le film mange ainsi le bitume pied au plancher, avec une fausse insouciance qui masque la profonde mélancolie du récit, symbolisé par un final déséspéré où la jeunesse perd face au monde des hommes. Malgré quelques baisses de rythme, on en retiendra de belles scènes de poursuites et quelques belles cascades. Ainsi que l’originalité de son personnage féminin (interprété avec fraicheur par Susan George, révélée trois ans plus tôt par « Les chiens de paille » de Peckinpah), gouailleuse et déterminée, qui compose un tandem assez novateur avec le héros masculin, donnant lieu à de savoureuses parties de joute verbale. Hough signe donc là un film rebelle un peu daté mais très plaisant.
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