A propos de l’arc dramatique

Joachim et Ciné7 ont soulevé un débat dans les commentaires après la publication de
VOYAGE INTERIEUR OU ARC DRAMATIQUE : LA REDEMPTION

Nous aimerions ajouter ce qui suit.
Lorsqu’on cherche à définir ce qu’est un arc dramatique, on pense souvent que cela à voir avec l’évolution du personnage dans le cours de l’histoire.

Cela est tout à fait correct. Mais cela ne signifie pas pour autant que les personnages principaux doivent obligatoirement entreprendre une telle transformation dans leur personnalité.

Subtile différence entre l’évolution et le changement

Une certitude : le personnage principal est appelé à évoluer. Une histoire ne peut se développer organiquement (c’est-à-dire que tous les éléments devront s’articuler) si le personnage principal est incapable d’évoluer et de s’adapter aux mouvements changeants du flux et reflux dramatiques.

Une histoire progresse. Chaque acte est une exploration, en fin de compte. Et comme l’histoire progresse, il est facile de comprendre que le personnage doit progresser aussi.

Son évolution est donc inhérente aux mécanismes qui permettent à une histoire de fonctionner.
Mais lorsque l’on parle de changement et comment le protagoniste doit changer, nous présupposons certaines notions sur la nature de cette évolution.

Toutes les évolutions ne sont pas transformationnelles. C’est-à-dire qu’elles ne suivent pas nécessairement un arc.
Parfois, un personnage peut évoluer ou grandir en maintenant sa position, en renforçant sa détermination face à toutes les épreuves qu’il est amené à vivre.

Et ce n’est pas moins significatif de quelqu’un qui change qui il est ou sa façon de voir le monde.

L’ultime questionnement

Arrivé au climax (articulation majeure d’une histoire), le personnage principal est face à une question cruciale pour son devenir.

Est-il sur la bonne voie ou fait-il mauvaise route depuis le début ?
Certaines histoires sont à propos de personnages qui réalisent qu’ils ont fait les choses mal depuis le début. Ces personnages changent et adoptent un nouveau point de vue sur le monde.

D’autres histoires mettent en avant des personnages qui réalisent que leur façon d’aborder leurs problèmes est en fait la bonne approche. Ces personnages restent fermes dans leur détermination.

Dans les deux cas, cette prise de conscience à laquelle ils parviennent est le résultat d’une évolution.

Maintenant, que leur réponse à ce dilemme soit ou non la bonne décision à prendre est une toute autre question.
Ce qu’il faut retenir est que l’on ne peut pas accepter comme vrai qu’un personnage principal a l’obligation de changer, de devenir quelqu’un d’autre ou de devenir meilleur.

Amadeus, Le silence des Agneaux ou Chinatown sont effectivement des histoires où une transformation ou une transfiguration de la personnalité du personnage n’est pas recherchée.
Un personnage qui ne suit pas un arc dramatique peut être alors un bon moyen d’exprimer aussi le point de vue d’un auteur.

Et tout aussi puissant que peut l’être un arc dramatique.
Toutes les évolutions n’exigent pas un état d’esprit différent à la fin de l’histoire. Rester ferme sur ses positions peut apporter autant de sens qu’une transformation nécessaire d’une personnalité.

C’est de la responsabilité de l’auteur.