Réalisé par David Mackenzie.
Avec Chris Pine, Ben Foster, Jeff Bridges, Gil Birmingham ...
★★★★☆
p>Sortie le 14 septembre 2016.
Il faut bien l'avouer, Comancheria accumule les bons points. C'est d'abord le nouveau film d'un réalisateur britannique, David Mackenzie, que l'on suit avec attention depuis son remarquable Perfect Sense (2011). Son sens du rythme, l'utilisation de la musique et la finesse du scénario nous avait épatés.
Loin de Glasgow, Mackensie nous emmène cette fois-ci dans un road movie texan, aux basques de deux frères, Toby ( Chris Pine) et Tanner ( Ben Foster), improvisés braqueurs de banque pour une (bonne ?) cause inconnue. L'itinéraire bancaire se déroule sans accroc, jusqu'au jour où l'intuitif ranger Marcus Hamilton ( Jeff Bridges) et son collègue Alberto Parker ( Gil Birmingham), d'origine comanche, se lancent à leur trousse.
Traversant le Texas profond, entre paysages urbains laissés à l'abandon, témoins d'une société perdue et pauvre, et champs à perte de vue, la caméra suit la vie chaotique des deux frères. Extrêmement mobile, elle introduit une violence de chaque instant, imprégnée du manque de repère de Toby et Tanner. La réalisation réduit l'espace ou au contraire utilise la profondeur de champ, créant ainsi une tension constante, tantôt proche, tantôt au second plan. On assiste alors à un braquage, flou à l'écran, dont la netteté est pourtant évidente pour le spectateur. Excellente séquence, qui montre bien que David Mackenzie tente d'explorer des terres inconnues, visuelles ou dramatique, souvent sensorielles.
La photographie saisit avec beaucoup de naturel une pauvreté quotidienne effrayante, dans un Etat où le cheval côtoie la voiture de sport, où les deux frangins, vaguement SDF, courent après un but probablement funeste. Le faux rythme dans lequel s'installe Comancheria le classe indubitablement dans la catégorie des road movie. Mais le parcours des deux " bandits ", ponctué d'un violon triste et nostalgique, se heurte violemment aux deux rangers, expérimentés, et projette finalement le film dans le monde impitoyable du western moderne et sociale.
Dans ce genre, Jeff Bridges est passé maître. Massif et bourruil (comme toujours ?), il est associé ici à Gil Birmingham, acteur d'origine comanche, avec qui il incarne l'âme de ce peuple indien originaire du Texas, les " ennemis pour toujours ". Ils forment un duo opiniâtre mais improbable, qui les rend pourtant parfaitement humains. En face d'eux, l'incontrôlable Ben Foster, débutant dans Six Feet Under il y a quinze ans, impressionne par sa folie et son intensité. Mais la vraie surprise provient de Chris Pine, qui casse son image lisse de beau gosse hollywoodien. Beau gosse il reste, pour notre plus grand plaisir, mais dans un registre plus taiseux et surtout dans un rôle épais, voire rude. Sa collaboration avec Ben Foster est excellente et la fratrie convaincante.
Au pays des flingues, tout est possible, et David Mackenzie signe un film intense, dont l'issue reste, jusqu'à la fin, incertaine.
Pauline R.
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