Westworld, pamphlet révolutionnaire ou divertissement mainstream ?

Précision : la critique qui suit est basée sur le matériel presse qui nous a été mis à disposition, à savoir les 4 premiers épisodes non terminés de la série.

ORIGIN STORY

Il y a de ces projets, au cinéma comme à la télévision, qui sont tout simplement maudis. Issu d’une production houleuse, Westworld voit finalement le jour le 2 octobre sur HBO, et dès le 3 octobre en US+24 sur OCS. À l’origine du projet, le film au titre éponyme de 1973 qui, déjà, suivait des humains évoluant dans un parc d’attraction reconstituant l’époque de leur choix. Ode puissante sur le danger de l’intelligence artificielle (entre autres), Westworld était aussi l’un des premiers films utilisant autant le numérique. Les décennies passent, et si le créateur du film d’origine préfère à l’IA les dinosaures (il est l’auteur du roman dont Spielberg s’inspirera pour Jurassic Park), le monde du cinéma continue de se passionner pour cette histoire.

Tant est si bien qu’en 2013, le scénariste Jonathan Nolan réalise le pilote de la série pour HBO… dont la diffusion commencera 3 ans et demi plus tard ! Une production chaotique pour, finalement, un résultat impressionnant et passionnant.

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UPSIDE DOWN

Là où le film s’axait sur la découverte parcellaire de ce monde par les humains, la série – elle – choisit de faire l’inverse : suivre les androïdes qui comprennent doucement la raison de leur existence – avez-vous déjà questionné la nature de votre réalité ? Dès le postulat de base, la série se voit plus comme une relecture astucieuse, souhaitant apporter un regard différent sur l’oeuvre, qu’un basique remake. Le format sériel vient servir avec une logique évidente ce monde froid et dur où l’on suit le quotidien répétitif de ces êtres « robotiques ».

Le couple Nolan/Joy réussit donc à exploiter ce qui faisait la force du film, à savoir une fable juste et pourtant terrible sur l’intelligence artificielle. Pourtant, loin d’être un pamphlet ronflant, Westworld est surtout un divertissement efficace et jouissif qui n’oublie pas, par un procédé méta assez astucieux, de divertir son public tout autant que les visiteurs du parc.

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UN GRAND DIVERTISSEMENT

Pour ce faire, Westworld a à ses côtés une équipe de choc, qui passe d’Abrams à la production à Djawadi à la musique. Un cocktail réussi qui vient nous surprendre dans certaines scènes. Quid de la musique et de ses envolées lyriques grandioses qui nous rappellent l’âge d’or du Western, ou de son implacable mise en scène truffée de symboles et métaphores sur le temps qui passe et s’écoule durement.

Mais l’une des forces de Westworld est son casting détonnant. Anthony Hopkins prête ses traits au créateur du parc, un John Hammond plus sournois que jamais. Héroïne de l’histoire, Evan Rachel Wood vient magnifier un personnage complexe et innocent, tandis que le reste du casting n’est pas en reste. De Jeffrey Wright (Casino Royal, Hunger Games) en chercheur tourmenté à Ed Harris (doit-on le présenter ?!) dans un personnage fou et furieux, jusqu’au génial Jimmi Simpson (Zodiac, House of Cards). Un casting très varié qui vient souligner des personnages très bien écrits au service d’une histoire riche.

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UN MESSAGE FORT

Car si Westworld est un grand divertissement, d’ores et déjà comparé à Game of Thrones (si ce n’est le diffuseur, on ignore encore ce que les deux séries ont en commun), il s’agit aussi et surtout d’une oeuvre au message fort. Alliée à des références bien connues, cinématographiques – Un jour sans fin,  Westworld, The Truman Show, Tron ou bien Jurassic Park – et littéraires – on pense à Jules Verne ou Asimov –  la série porte haut et fort un message sur notre société et les dérives de la technologie. Un message qui résonne d’autant plus fort à l’heure des IA testées par les grosses entreprises technologiques aujourd’hui. Jusqu’où sera t-on prêt à aller pour assouvir nos besoins ?

La série laisse le doute, mais présente très clairement les limites de la technologie. Ici, pour le plaisir et l’amusement de l’humain, des androïdes sont considérés comme du bétail, manipulés et pourtant… sont dotés d’âme (?), d’esprit. Géographiquement comme moralement, Westworld est une série sur la frontière, les limites, à respecter où à franchir.

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Westworld est donc bien une série passionnante ! Elle fait la part belle au divertissement – aidée par une musique et une mise en scène exceptionnelle ou par un casting « mainstream » imposant – mais n’en oublie pas de respecter l’oeuvre originelle tout en prolongeant et ajustant à notre époque, avec justesse, son propos sur la technologie. À double tranchant.