Aujourd'hui, lorsque l'on évoque les super-héros, le grand public pense immédiatement à Marvel. Spiderman, les 4 Fantastiques, les X-Men, Hulk, Thor, Iron Man, Captain America ou encore Daredevil, Ant-Man ou les Gardiens de la Galaxie, autant de figures populaires qui accompagnent les fans du genre depuis près d'un siècle. Et que la majorité du public a redécouvert grâce au cinéma depuis une vingtaine d'années. Mais plus que des films au budget faramineux, Marvel ce sont avant tout des centaines de BD (les fameux " comics "), produites à un rythme industriel, et qui ont enchanté petits et grands depuis la fin des années 30 et une Amérique qui avait besoin de s'évader par l'image d'un quotidien morose, des difficultés économiques de l'avant-guerre et des crises de société. Comment Marvel s'est-il imposé comme la machine à rêve (et à dollars !) que nous connaissons aujourd'hui ? Qui sont ses bâtisseurs, ceux qui ont participé à la création d'un catalogue de plusieurs milliers de personnages ? Comment l'entreprise Marvel a-t-elle failli disparaître dans la deuxième moitié des années 90, avant de renaître de ses cendres, grâce au 7e Art, et d'être racheté en 2009 pour plus de 4 milliards de dollars par l'Empire Disney ? Récit sur plus de 70 ans, forcément résumé, d'une petite entreprise qui, aujourd'hui, ne connait plus la crise.
La préhistoire de Marvel
La naissance de Marvel Comics
L'année 1961 marque un tournant majeur dans l'histoire des comics aux États-Unis : en juin, la première publication sous le titre Marvel Comics apparait (l'anthologie de science-fiction Journey into mystery #69). Et surtout, en novembre sort le premier tome des aventures des 4 Fantastiques ( Fantastic Four #1). Une équipe de super-héros, dont l'un d'eux à l'apparence d'un monstre ( The Thing), c'est une révolution dans l'univers des comics. Seulement quelques mois plus tard, Stan Lee, cette fois-ci en collaboration avec Steve Ditko, lance le premier tome des aventures de Spider-Man. Le succès dépasse toutes les espérances : les aventures d'un jeune adolescent tourmenté et mal dans sa peau qui se retrouve en lutte avec ses pouvoirs surnaturels touche le public. Le tour de force de Marvel ? Parler plus des personnages, de leurs tourments et de leur vie quotidienne que de l'action. Marvel prend également les devants sur DC Comics en intégrant à ses histoires les sujets politiques chauds du moment : le communisme, la guerre du Viet-Nam ( Iron Man), la lutte pour le droit des minorités ( X-Men).. Avec ces nouvelles lignes directrices, Marvel parvient à toucher un public beaucoup plus adulte, car concerné par les thèmes évoquées. Tant qu'en 1965, Spider-Man et Hulk sont cité comme 2 des 28 héros des pourtant très engagés campus américains, aux côtés de John Kennedy et Bob Dylan !
La faillite et le retour de Marvel par le 7e ArtUne bataille financière s'engage alors entre Ronald Perleman et Carl Icahn, magnat de Wall Street sans scrupules (et qui a inspiré le personnage de Gordon Gekko dans le Wall Street d' Oliver Stone, vous dire le capital sympathie du bonhomme), et qui parvient à se faire élire président du directoire en 1997. Icahn, qui pèse plusieurs milliards, a bâti sa fortune en rachetant des entreprises, et en les revendant morceau par morceau, faisant ainsi monter la valeur totale du groupe. Autant dire que le destin de Marvel était mal engagé.. Pourtant le salut viendra de là où personne ne l'attendait.
Mais le renouveau de Marvel passe surtout par le cinéma. En effet, dès 1997, une première franchise issue de ses catalogues rencontre un succès international : Men In Black rapporte presque 600 millions de dollars dans le monde, et connaitra deux suites. De même pour la trilogie Blade, dont le premier film sort en 1998. Il ne faudra pas longtemps pour que l'entreprise comprenne l'énorme potentiel de son catalogue de plus de 5 000 personnages, dont certains font partie intégrante de la culture populaire mondiale. La technologie des effets spéciaux permettant désormais de rendre justice aux pouvoirs de ses héros, Marvel sort le premier épisode des X-Men en 2000, suivi en 2002 par le Spider-Man de Sam Raimi, dont le succès phénoménal (plus de 800 millions de dollars au box-office monde), ouvre la voie aux autres personnages Marvel sur grand écran. Consécration finale, en 2009, le groupe Disney pose plus de 4 milliards de dollars sur la table pour racheter Marvel Entertainment. Et met sur pied une stratégie inédite pour exploiter les nombreuses licences de la société au cinéma. mais ceci est une autre histoire.