The assassin

Par Platinoch @Platinoch

Un grand merci à Ad Vitam ainsi qu’à l’Agence Cartel pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le DVD du film « The assassin » de Hou Hsiao-Hsien.

« Tue-le pour moi »

Chine, IXème siècle. Alors que la province de Weibo tente de se soustraire à l’autorité impériale, Nie Yinniang revient dans sa famille après de longues années d’exil. Son éducation a été confiée à une nonne qui l’a initiée, dans le plus grand secret, aux arts martiaux. Devenue justicière, elle a pour mission de tuer Tian Ji’an, son cousin, ancien amour, et nouveau gouverneur de Weibo. Nie Yinniang va devoir choisir : sacrifier l’homme qu’elle aime ou rompre pour toujours avec « l’ordre des Assassins ».

« Je l’ai croisée cette nuit. Elle voulait se dévoiler avant de prendre ma vie. »

Issu d’une famille ayant fui à Taïwan le pouvoir maoïste, Hou Hsiao-Hsien se passionne dès l’adolescence pour les arts, et plus particulièrement pour le cinéma et la littérature. Cependant, ce n’est qu’après son service militaire et après avoir expérimenté plusieurs petits boulots qu’il entreprend des études de cinéma à la fin des années 60. Tour à tour scénariste puis assistant de plusieurs réalisateurs taïwanais au cours de la décennie suivante, il faut attendre le début des années 80 pour le voir réaliser ses premiers films. Il participe ainsi, au côté d’Edward Yang, à ce qu’on appellera alors « la nouvelle vague taïwanaise », marquée par des films volontiers réalistes, peignant le quotidien de la société taïwanaise. Le cinéaste enchainera alors les films et les sélections dans les grands festivals internationaux. Remarqué pour « Les garçons de Fengkuei » (1983), « Un été chez grand-père » (1984) ou encore « Un temps pour vivre, un temps pour mourir » (1985), il obtient le Lion d’or à la Mostra de Venise pour « La cité des douleurs » (1989) et le Prix du Jury du Festival de Cannes pour « Le maître de marionnettes » (1993). Après huit années d’absence, il nous revient avec « The assassin » pour lequel le cinéaste a obtenu le Prix de la mise en scène au dernier Festival de Cannes.

« Ta technique est irréprochable mais ton âme est prisonnière de tes sentiments. »

Habitué des récits prenant pour décor l’époque contemporaine, Hou Hsiao-Hsien s’offre avec « The assassin » sa première incursion dans l’univers du film de sabre en costume. Véritable plongée au cœur de la Chine du 9ème siècle, le film nous conte le conflit entre un gouverneur de province, bien décidé à asseoir son pouvoir, et l’empereur qui envoie une de ses tueuses pour l’éliminer. Admirable par sa reconstitution historique (des décors, des gestes du quotidien, des intrigues de cour…), le film est avant tout construit comme une véritable tragédie classique dans laquelle il est question de famille, d’honneur, de devoir et de trahison. A l’image de son héroïne, tiraillée entre son devoir de loyauté et son amour pour celui qu’elle doit éliminer. Sur le fond, soyons honnêtes, la narration du film n’est pas toujours d’une fluidité absolue ou d’un abord facile. Le récit serait même plutôt assez complexe, pour ne pas dire, par moments du moins, abscons. D’autant que le réalisateur est adepte d’un cinéma assez contemplatif (jusque dans les scènes de combat, au demeurant chorégraphiées avec grâce) et plutôt avare de dialogues. Sur la forme en revanche, Hou Hsiao-Hsien laisse parler tout son génie et toute sa créativité pour nous rendre une copie de toute beauté : plans séquences léchés, paysages naturels grandioses, costumes, couleurs, mouvement… Rien ne semble avoir été laissé au hasard. Le cinéaste parvient même encore à nous surprendre en jouant, le temps de quelques scènes, avec les voiles colorés qui ornent les pièces, cachent les personnages et sur-impressionnent la caméra de leur couleur et de leur mouvement. Un très bel objet cinématographique donc, à réserver cependant à un public connaisseur et amateur tant il n’est pas facile d’accès.

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Le DVD : Le film est proposée en version originale chinoise (Mandarin – 5.1 et 2.0). Des sous-titres français sont également proposés. Côté bonus, le film est accompagné d’une préface de Jacques Mandelbaum (18’), d’un module documentaire sur les coulisses du film (13’ - VOST), d’un entretien avec Hou Hsiao-Hsien (10’ - VOST) et de bande-annonce (1’35” - VOST). De plus, le DVD est accompagné d’un livret contenant l’histoire de Nie Yinniang par Pei Xing (IXe siècle), nouvelle ayant inspiré le scénario du film (12 pages).

Edité par Ad Vitam, « The assassin » est disponible en DVD ainsi qu’en blu-ray depuis le 23 août 2016.

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