Un grand merci à Elephant Films pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Xanadu » de Robert Greenwald.
« Les types comme moi ne devraient pas rêver »
Kira est une muse grecque, incarnée sur terre sous les traits d’une belle jeune fille pour inspirer les humains. Elle rencontre Sonny Malone, un peintre qui désespère d’atteindre la notoriété, et qui tombe amoureux d’elle. Kira donne un nouveau souffle à son inspiration, et le pousse à ouvrir la boîte de nuit Xanadu, avec l’aide du clarinettiste Danny McGuire.
« Tourne le dos à l’art et peint ce que la compagnie te demander de peindre. C’est la clé de la réussite. »
D’abord producteur pour la télévision, Robert Greenvald fait ses premiers pas derrière la caméra à la fin des années 70 en réalisant plusieurs téléfilms et épisodes de séries. En 1980, il se voit proposer la réalisation de « Xanadu », film musical au budget conséquent qui devait marquer les retrouvailles à l’écran d’Olivia Newton-John et de John Travolta deux années après le phénoménal succès de « Grease ». Mais rien ne se passe véritablement comme prévu : Travolta quitte rapidement le projet, remplacé par le quasi inconnu Michael Beck (tout juste auréolé du succès des « Guerriers de la nuit »), et le scénario du film demeure inachevé alors même que débute le tournage. Connu pour avoir été un bide retentissant au box-office (le film obtient ainsi un des fameux Razzie Award qui sont créés pour l’occasion), le film marque quasiment la fin de la carrière au cinéma de Robert Greenvald (qui retournera à la télévision et se fera par la suite un nom dans le documentaire) alors même que sa bande musicale cartonne en tête des charts de l’époque. Retour sur cet étrange film.
« Croyez-vous vraiment que votre imagination vous a faussez compagnie ? »
Le genre du film musical connait des belles années à Hollywood durant les années 40 et 50. Grâce à quelques acteurs/danseurs d’exception (Fred Astair, Gene Kelly, Ginger Rogers), des films comme « Le chant du Missouri », « Un jour à New-York », « Un américain à Paris » ou encore « Chantons sous la pluie » rencontrent un immense succès populaire et deviennent instantanément des classiques du septième art. Cependant, les modes changent et le genre semble décliner tout au long des années 60. Il faut attendre l’avènement du disco et la fin des 70’s pour que celui-ci revienne en vogue, grâce notamment aux succès de « La fièvre du samedi soir » et de « Grease ». C’est dans cette veine assez opportuniste que s’inscrit ce « Xanadu » qui voulait profiter de ce retour à la mode des comédies musicales. Mais force est de constater que faute de scénario véritablement abouti, le film manque clairement de cohérence. Si on passera volontiers l’éponge sur la trame scénaristique (un peintre tombe amoureux d’une muse, fille de Zeus venue sur Terre pour le stimuler et le libérer), gentiment niaiseuse, c’est surtout par sa forme que le film (d)étonne : tourné à grand renfort de surimpressions d’images, de flashs, de split-screens, de néons phosphorescents et autres réjouissances tape-à-l’œil qui viennent « illuminer » les numéro de danse en patins à roulettes, le film apparait comme un sommet du kitsch. A l’image de cette improbable scène dans laquelle le héros (Michael Beck, franchement falot et pas véritablement séduisant) entre dans l’Olympe (par le biais d’une fresque murale !) pour défier Zeus. Restent les musiques, disco à souhait et pas foncièrement déplaisantes, et quelques scènes plus réussies avec un Gene Kelly particulièrement cabotin (notamment ce numéro musical où le cabaret 40’s et la scène rock fusionnent) qui contribuent à rendre ce film sympathique en dépit de ses nombreux défauts. Pas impérissable pour autant…
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