La capacite a changer du personnage

Par William Potillion @scenarmag

Les personnages devraient posséder la possibilité de changer. Nous en avons déjà parlé chaque fois que nous avons abordé le concept d’arc dramatique.

Suite à un débat dans les commentaires, nous avions même rajouté cet article :
A PROPOS DE L’ARC DRAMATIQUE

Continuons l’approche de l’arc dramatique.

Un potentiel à changer

Même s’il ne change pas fondamentalement ou manifestement, le personnage principal d’une histoire devrait avoir la capacité à changer.
Et le lecteur devrait voir cette virtualité.

Une virtualité. Ce qui signifie que la transformation d’un personnage reste en fin de compte une question de choix. Il décide ou non de changer.

Ce changement, cette aspiration à devenir meilleur, est important. Aussi crucial que le désir qui pousse ce personnage à accomplir un but, sa transformation en un être meilleur est souvent le point culminant d’une histoire.

Qu’il réalise quelque chose sur lui-même ne signifie cependant pas qu’il doit nécessairement changer ou bien que ce changement soit total.
Ce qui importe est que le lecteur comprenne que le personnage a la possibilité de changer, qu’il est capable de le faire si telle est sa volonté.

Une question de choix

Le libre-arbitre d’un personnage de fiction est ce qui le rend intéressant. Si l’auteur ne crée pas dans la construction de son personnage un potentiel pour un changement, alors celui-ci semblera trop prévisible.

Considérons un héros misogyne. Son attitude envers les femmes est méprisable.
A propos des héros à priori antipathiques, nous vous conseillons la lecture de
UN PROTAGONISTE QUI MERITE SON SORT

Puis il rencontre une femme. Ce qui commence cependant comme tant d’autres rencontres dans la vie de cet homme va progressivement monter en intensité.
D’ici la fin de l’histoire, ce personnage va découvrir pour la première fois de sa vie ce qu’est l’amour véritable.

Et cette femme lui sera absolument nécessaire. Ainsi, l’arc dramatique de votre héros est passé de la misogynie au respect des femmes.
Un changement radical s’il en est. Cet exemple se fonde sur La dame au petit chien de Anton chekhov.

Humbert Humbert

Quant à Humbert Humbert de Lolita, le lecteur sait qu’il est parfaitement capable de résister à sa tentation des très jeunes filles.
Bien que cela ne serait pas facile ou qu’il le veuille vraiment.

Il est cependant capable de se retenir et de résister quand il le faut. Il regrette d’ailleurs de ne pas résister plus souvent.

A la fin, il revient vers Lolita alors âgée de 17 ans et enceinte. Elle n’est plus dorénavant la nymphette, la tentation de Humbert Humbert mais il s’aperçoit qu’il l’aime encore.

Pourtant, il ne fait aucun doute que s’il rencontrait une autre nymphette, il tenterait d’étancher son désir.
Ainsi, on peut admettre que Humbert Humbert ait changé à la fin de l’histoire mais pas de manière irréversible.

Concrètement

Essayez d’inventer quelques situations où le personnage est effectivement montré poursuivant son but.
Mais faites en sorte de produire quelque chose qui permette à votre personnage de faire ressortir les traits contrastés de sa personnalité.

Par exemple, chez Humbert Humbert, ce désir pour les très jeunes filles et une valeur morale qui catégorise décidément ce désir dans les choses mal.
Parallèlement à cela, essayez d’inclure dans la situation des indices qui montrent que le personnage est capable de changer même si ce n’est pas votre intention de le faire changer.

La transfiguration de votre héros doit rester une possibilité. Changera-t-il ou non devient une des questions dramatiques et permet d’échapper à la prévisibilité du personnage.